À l’ombre des patinoires de hockey à travers la nation, une révolution sportive canadienne d’un autre genre prend discrètement forme. En son centre se trouve Shai Gilgeous-Alexander, la star du Thunder d’Oklahoma City originaire de Hamilton, dont l’ascension fulgurante au statut d’élite de la NBA ne change pas seulement sa trajectoire personnelle, mais redéfinit potentiellement l’avenir du basketball canadien.
Lorsque Gilgeous-Alexander a été nommé dans la première équipe All-NBA la semaine dernière, devenant seulement le deuxième Canadien à obtenir cet honneur (après Steve Nash), ce n’était pas simplement une distinction personnelle. Cela représentait le sommet d’une ascension régulière du basketball canadien qui se construit depuis des années, mais qui donne pourtant l’impression de n’être qu’à ses débuts.
“Ce que Shai a accompli transcende la réussite individuelle,” explique Michael Meeks, ancien joueur de l’équipe nationale canadienne et maintenant entraîneur de développement. “Quand les jeunes Canadiens voient quelqu’un qui a grandi dans leurs quartiers atteindre ces sommets, cela crée un système de croyance qui n’existait pas auparavant.”
Le moment ne pourrait être plus significatif. L’équipe nationale masculine du Canada se prépare pour les Jeux olympiques de Paris avec des attentes sans précédent, soutenue par un effectif qui pourrait présenter plus de talents NBA que n’importe quelle nation en dehors des États-Unis. Gilgeous-Alexander n’est pas simplement part de cette vague—il en devient le visage.
Les racines du basketball au Canada ont toujours été profondes—le jeu a été, après tout, inventé par le Canadien James Naismith. Mais le chemin de la curiosité culturelle à la passion grand public a été tout sauf direct. Le championnat des Raptors en 2019 représentait un moment décisif. L’émergence de Gilgeous-Alexander en représente un autre.
Les chiffres racontent une partie de l’histoire: les inscriptions au basketball chez les jeunes Canadiens ont augmenté de près de 15% depuis 2019, selon Basketball Canada. Dans des régions comme le Grand Toronto et de plus en plus à Hamilton, où Gilgeous-Alexander a développé son art, les terrains autrefois relativement vides accueillent maintenant des files d’attente de jeunes joueurs, beaucoup portant des maillots du Thunder arborant le numéro 2.
“Nous observons des modèles de participation qui suggèrent que le basketball n’est plus simplement un sport alternatif au Canada,” note Dre Janelle Joseph, qui étudie la sociologie du sport à l’Université de Toronto. “Pour de nombreuses communautés, particulièrement dans les centres urbains et parmi les nouveaux Canadiens, il devient le sport de choix principal.”
Ce qui rend l’impact de Gilgeous-Alexander particulièrement puissant, c’est à la fois son style et son histoire. Contrairement à certaines stars dont l’athlétisme surnaturel semble inatteignable, son jeu est construit sur le jeu de pieds, la technique et l’intelligence basketball—des éléments qui semblent enseignables et réalisables. Son parcours à travers Hamilton, son école préparatoire au Tennessee, une année à Kentucky, puis son succès professionnel offre un modèle qui semble reproductible.
L’humilité et l’approche laborieuse du meneur de 25 ans résonnent profondément dans la culture canadienne. Il y a quelque chose de typiquement canadien dans son ascension: discrète mais indéniable, respectueuse mais inflexible.
“Il représente la combinaison parfaite des valeurs canadiennes et de l’excellence mondiale,” observe Rowan Barrett, directeur général de Basketball Canada et père de la star des New York Knicks, RJ Barrett. “C’est pourquoi son impact s’étend au-delà de l’inspiration de la prochaine génération de joueurs—il aide à façonner leur approche du jeu.”
Les responsables de Basketball Canada exploitent stratégiquement ce moment. Les programmes de développement présentent maintenant un curriculum qui intègre des éléments du régime d’entraînement de Gilgeous-Alexander. Les camps à travers le pays mettent en avant ses compétences techniques comme points d’enseignement. Son image orne les matériels de recrutement ciblant à la fois les joueurs et les potentiels sponsors corporatifs.
Les Jeux olympiques de cet été se profilent comme un potentiel accélérateur de ce que beaucoup appellent déjà l’âge d’or du basketball canadien. Une médaille à Paris—avec Gilgeous-Alexander menant la charge—pourrait déclencher le genre d’éveil national du basketball que l’équipe de rêve de 1992 a suscité mondialement.
“Nous sommes positionnés à un moment unique,” explique Michael Bartlett, PDG de Basketball Canada. “La combinaison de l’excellence individuelle de Shai, notre profondeur de talents NBA, et la participation croissante à la base crée un potentiel point d’inflexion pour le sport dans ce pays.”
Les implications s’étendent au-delà du simple développement des joueurs. À mesure que l’empreinte culturelle du basketball s’élargit au Canada, l’écosystème économique qui l’entoure se développe également. Des installations d’entraînement spécialisées à la couverture médiatique en passant par les commandites d’entreprises, le business du basketball au Canada connaît une croissance sans précédent.
Pour Gilgeous-Alexander lui-même, la responsabilité de mener ce mouvement semble reposer confortablement sur ses épaules élancées. “J’essaie simplement d’être la meilleure version de moi-même chaque jour,” a-t-il récemment déclaré aux journalistes. “Si cela inspire des enfants chez nous à prendre un ballon de basketball ou à poursuivre leurs rêves, cela signifie tout pour moi.”
Alors que l’hiver cède la place à l’été à travers le Canada, le rebond des ballons de basketball sur les terrains extérieurs devient plus fréquent. Dans les centres communautaires de Vancouver à Halifax, les jeunes joueurs étudient les mouvements d’hésitation trompeurs de Gilgeous-Alexander et ses finitions habiles. Son impact est à la fois immédiat et potentiellement générationnel.
Ce qui se passera ensuite dépend de nombreux facteurs: la performance olympique, le succès continu en NBA, le soutien institutionnel. Mais une chose semble de plus en plus claire—les effets d’entraînement de l’excellence de Gilgeous-Alexander se feront sentir dans le basketball canadien pour les décennies à venir.
La question n’est pas de savoir si le basketball canadien est en hausse—c’est de savoir jusqu’où cette vague pourrait monter, et combien de futures étoiles la chevaucheront vers leurs propres rêves.
Apprenez-en plus sur la culture émergente du basketball au Canada sur CO24 Culture et suivez les dernières tendances sportives sur CO24 Tendances.