Le marché de l’aluminium a été plongé dans la tourmente alors que Rio Tinto Group, l’un des plus grands producteurs mondiaux, a révélé un impact financier stupéfiant de 300 millions de dollars dû aux tarifs américains sur les exportations canadiennes d’aluminium. Le géant minier a divulgué cet impact financier lors de sa conférence téléphonique sur les résultats trimestriels, envoyant des ondes de choc à travers les marchés des matières premières et soulevant des inquiétudes quant aux relations commerciales à long terme entre les deux voisins nord-américains.
“Ces tarifs représentent un fardeau de coûts important et inattendu pour nos opérations canadiennes,” a déclaré le PDG de Rio Tinto, Jakob Stausholm, lors de la présentation aux investisseurs. “Bien que nous restions engagés envers nos clients nord-américains, nous explorons activement des stratégies d’atténuation pour compenser ces dépenses supplémentaires.”
Les tarifs, initialement imposés à 10% en 2018 et temporairement levés avant d’être rétablis, ont compliqué la chaîne d’approvisionnement nord-américaine d’aluminium profondément intégrée. Le Canada fournit environ 50% de l’aluminium primaire utilisé par les fabricants américains, les opérations de Rio Tinto au Québec jouant un rôle crucial dans ce réseau d’approvisionnement.
Les analystes de l’industrie notent que l’impact des tarifs s’étend bien au-delà du bilan de Rio Tinto. Mark Thompson, stratège en métaux chez CoreCommodity Research, explique : “Quand vous ajoutez 300 millions de dollars de coûts à un fournisseur majeur comme Rio Tinto, vous créez essentiellement une taxe qui finit par atteindre les consommateurs américains via des prix plus élevés sur tout, des voitures aux canettes de boisson.”
La situation tarifaire a créé un paysage concurrentiel complexe. Alors que les producteurs basés aux États-Unis comme Century Aluminum ont soutenu les mesures protectionnistes, les fabricants en aval qui dépendent de l’aluminium comme matière première ont exprimé une forte opposition, citant l’augmentation des coûts de production qui menace les emplois manufacturiers américains.
Les données de l’Association de l’aluminium indiquent que pour chaque emploi dans la production d’aluminium primaire qui pourrait bénéficier des tarifs, il y a environ 42 emplois dans la fabrication dépendante de l’aluminium potentiellement affectés par des coûts d’intrants plus élevés. Cette réalité économique a intensifié les efforts de lobbying des deux côtés du débat.
Les responsables commerciaux canadiens ont répondu par des pressions diplomatiques, soulignant que les industries de l’aluminium des deux nations sont hautement intégrées et interdépendantes. “Ces tarifs nuisent aux deux économies,” a déclaré la ministre canadienne du Commerce, Mary Ng, lors d’une récente conférence de presse. “Notre secteur de l’aluminium soutient des milliers d’emplois des deux côtés de la frontière.”
Rio Tinto a mis en œuvre diverses stratégies pour gérer l’impact financier, notamment en ajustant les calendriers de production dans ses fonderies canadiennes et en renégociant des contrats avec des clients majeurs. Cependant, les dirigeants de l’entreprise ont reconnu qu’une atténuation complète est impossible sans changements de politique.
La situation met en lumière des questions plus larges sur l’efficacité des tarifs comme outils de politique économique. Les recherches économiques de l’Institut Peterson suggèrent que les tarifs sur les métaux ont coûté environ 75 000 emplois à l’industrie manufacturière américaine, en tenant compte à la fois des secteurs protégés et de ceux affectés par des coûts d’intrants plus élevés.
Alors que les fabricants et les fournisseurs continuent de naviguer dans ce paysage difficile, l’avenir du commerce nord-américain de l’aluminium reste incertain. Des ajustements politiques apporteront-ils un soulagement, ou est-ce la nouvelle norme pour une industrie prise dans le feu croisé des tensions commerciales?
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