Alors que des nuages s’amoncellent sur les relations commerciales mondiales, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a lancé un avertissement sévère concernant l’avenir économique du Canada. Lors d’un récent forum économique à Toronto, Carney a souligné que la conclusion d’un bon accord commercial avec les États-Unis n’est pas seulement souhaitable, mais essentielle à la prospérité à long terme du Canada.
“Cela peut sembler lointain, mais le Canada doit se positionner stratégiquement pour la prochaine phase de négociations commerciales avec notre plus grand partenaire commercial,” a déclaré Carney, mettant en évidence la nature précaire de notre relation économique avec un pays qui représente près de 75 % de nos exportations.
Le moment choisi pour les commentaires de Carney est particulièrement significatif, alors que les deux nations approchent de carrefours politiques critiques. Avec les États-Unis potentiellement confrontés à un changement de philosophie commerciale après la prochaine élection présidentielle et le Canada naviguant dans la reprise économique post-pandémique, les enjeux ne pourraient être plus élevés.
Les analystes économiques de la Banque Royale du Canada ont quantifié ces préoccupations, estimant que même des perturbations mineures du corridor commercial Canada-États-Unis pourraient coûter des milliards annuellement à l’économie canadienne. “Nous parlons de pertes d’emplois potentielles se chiffrant en centaines de milliers si nous ne faisons pas les choses correctement,” a noté Sophia Richardson, économiste en chef à la Banque Toronto Dominion.
L’ancien banquier central, qui a également dirigé la Banque d’Angleterre, a désigné les secteurs émergents comme des composantes essentielles de tout accord futur. “Technologies propres, minéraux critiques, intelligence artificielle—ce ne sont pas juste des mots à la mode, ce sont les fondements du prochain siècle de coopération économique nord-américaine,” a expliqué Carney.
Les leaders de l’industrie à travers le Canada ont fait écho à ces sentiments. “Le secteur automobile à lui seul représente plus de 100 milliards de dollars en commerce transfrontalier,” a déclaré Michael Rodriguez, président de l’Association canadienne des fabricants automobiles. “Tout nouvel accord doit protéger et améliorer ces chaînes d’approvisionnement établies tout en créant de l’espace pour l’innovation.”
La dimension géopolitique ne peut pas non plus être négligée. Avec l’influence économique croissante de la Chine et l’isolement continu de la Russie des marchés occidentaux, la zone économique nord-américaine est devenue de plus en plus importante comme contrepoids aux dynamiques changeantes du pouvoir mondial.
“Ce dont nous parlons réellement, c’est de souveraineté économique,” a ajouté Carney lors d’une entrevue de suivi avec CO24 News. “La capacité du Canada à tracer sa propre voie économique dépend largement de la façon dont nous négocions cette relation avec les États-Unis.”
Les recherches d’opinion publique suggèrent que les Canadiens comprennent les enjeux. Un récent sondage Angus Reid a révélé que 78 % des répondants considèrent la relation commerciale États-Unis-Canada comme “très importante” pour leur bien-être économique personnel, indépendamment de leurs affiliations politiques.
Le gouvernement du premier ministre Trudeau a signalé que des discussions préliminaires sur les cadres commerciaux futurs sont déjà en cours, bien que des négociations formelles commenceraient probablement après la conclusion du cycle électoral américain.
Alors que le compte à rebours vers des pourparlers commerciaux potentiellement transformateurs commence, l’avertissement de Carney sert de rappel de la vulnérabilité économique du Canada et de ses opportunités. La question qui se pose maintenant aux décideurs politiques, aux chefs d’entreprise et aux citoyens est profonde : le Canada peut-il conclure un accord commercial qui protège à la fois nos forces économiques traditionnelles et nous positionne avantageusement pour les industries émergentes qui définiront la prochaine génération de prospérité?