Les restes carbonisés de ce qui était autrefois la maison de la famille Peters témoignent de la rapidité avec laquelle la vie peut changer et des conséquences dévastatrices des décisions financières difficiles. Mardi dernier, un incendie électrique dévastateur a ravagé la maison de deux étages à Belleville, en Ontario, réduisant en cendres trois décennies de souvenirs en quelques heures. Pour les Peters, la tragédie porte un fardeau supplémentaire : quatre mois plus tôt, ils avaient annulé leur police d’assurance habitation pour faire face à l’augmentation des coûts du ménage.
“Nous allons devoir reconstruire notre vie à partir de rien,” déclare Michael Peters, 52 ans, retenant ses larmes en examinant les dégâts. “Quand nous avons pris la décision de supprimer l’assurance, nous pensions être simplement pratiques. Les primes avaient doublé en deux ans. C’était soit ça, soit ne pas payer l’hypothèque.”
Selon les données du Bureau d’assurance du Canada, les primes d’assurance habitation en Ontario ont augmenté en moyenne de 32 % depuis 2023, certains propriétaires signalant des hausses allant jusqu’à 70 %. Cette flambée est attribuée à une combinaison de facteurs, notamment les événements météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques, l’inflation des coûts de construction et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement qui persistent depuis l’économie post-pandémique.
“Nous observons une tendance alarmante chez les propriétaires, particulièrement les aînés et les personnes à revenus fixes, qui abandonnent complètement leur couverture,” explique Samantha Whitfield, analyste en assurance à l’Association de protection des consommateurs de l’Ontario. “Ce qui est arrivé à la famille Peters n’est pas un incident isolé. Nos recherches suggèrent qu’environ 8 % des propriétaires ontariens sont actuellement sans assurance, contre seulement 3 % en 2022.”
L’incendie, que les enquêteurs ont déterminé comme ayant commencé par un défaut électrique dans le système de câblage vieillissant de la maison, s’est rapidement propagé à travers le rez-de-chaussée pendant que la famille dînait. Michael, sa femme Eleanor et leur fils adolescent se sont échappés indemnes, mais le chien de la famille, Max, a péri dans l’incendie.
“Les pompiers nous ont dit que si cela s’était produit la nuit pendant notre sommeil, ça aurait pu être bien pire,” a confié Eleanor Peters à CO24 News. “Nous sommes reconnaissants d’être en vie, mais tout ce que nous possédions a disparu. Nos photos, nos objets familiaux, tout.”
La réponse de la communauté a été rapide. Les voisins ont organisé une campagne GoFundMe qui a recueilli près de 12 000 $ jusqu’à présent. Des entreprises locales ont fait don de vêtements, de nourriture et d’hébergement temporaire dans un hôtel voisin. Mais les perspectives à long terme restent difficiles pour la famille.
Les données provinciales montrent que la famille Peters fait partie d’un schéma préoccupant dans tout le Canada. Une étude récente du Conseil national de recherche sur le logement a révélé qu’environ 195 000 ménages canadiens ont annulé leurs polices d’assurance habitation depuis 2023, citant des préoccupations d’accessibilité financière. La même étude a noté que les ménages non assurés font face à un coût de récupération moyen de 287 000 $ après un incendie majeur.
“C’est une situation terrible qui devient de plus en plus courante,” affirme Daniel Morris, chef des pompiers de Belleville. “Nous intervenons sur plus d’incendies dans des maisons non assurées que jamais auparavant. Les gens font ces choix impossibles entre les nécessités de base et la protection contre une catastrophe.”
Le gouvernement provincial a reconnu la crise de l’accessibilité à l’assurance, mais n’a pas encore mis en œuvre de solutions réglementaires. La ministre du Logement, Carolyn Singh, a indiqué le mois dernier que des consultations avec les parties prenantes sont en cours, avec des mesures potentielles comprenant des plafonds de primes et des subventions pour les propriétaires à faible revenu qui devraient être annoncées avant la fin de l’année.
Pour la famille Peters, ces mesures arriveraient trop tard. Ils séjournent actuellement chez des proches tout en essayant de déterminer leurs prochaines étapes. Michael, qui travaille comme chauffeur-livreur, dit que la famille avait environ 8 000 $ d’économies, loin d’être suffisant pour reconstruire.
“Nous savions qu’abandonner l’assurance était risqué,” admet Eleanor, “mais quand on choisit entre nourrir sa famille aujourd’hui et se protéger contre quelque chose qui pourrait ne jamais arriver… ça ne semblait pas être un choix du tout.”
Alors que les Canadiens font face à des décisions financières de plus en plus difficiles dans l’économie actuelle, l’expérience de la famille Peters soulève une question troublante : combien d’autres familles sont à une catastrophe près de la ruine financière totale parce que notre système a rendu les protections de base inabordables?