Les couloirs des écoles ontariennes, autrefois considérés comme des espaces sécuritaires d’apprentissage et d’épanouissement, sont devenus des environnements de plus en plus hostiles pour les élèves juifs depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre. Un inquiétant rapport fédéral publié cette semaine documente des centaines d’incidents antisémites ciblant des élèves à travers la province, révélant un schéma préoccupant que les éducateurs et les leaders communautaires peinent à résoudre.
“Ce que nous observons ne sont pas simplement des incidents isolés—c’est un modèle systématique de harcèlement qui transforme fondamentalement l’expérience éducative des élèves juifs,” affirme Daniel Koren, directeur exécutif de Hasbara Fellowships Canada, qui suit ces signalements depuis l’automne dernier. “Des élèves sont coincés dans les couloirs, agressés verbalement, et dans certains cas physiquement intimidés simplement en raison de leur identité juive.”
Le rapport détaillé, compilé à partir d’entretiens avec des élèves, des parents et des administrateurs scolaires à travers l’Ontario, décrit des incidents allant de blagues sur l’Holocauste et de symbolisme nazi à des menaces plus directes. Dans un cas particulièrement alarmant, des élèves juifs d’une école secondaire de la région de Toronto ont signalé avoir été suivis jusqu’à leur domicile par des groupes criant des insultes antisémites. Dans une autre école, le casier d’un élève a été vandalisé avec des croix gammées et des messages menaçants.
Les conseils scolaires de la province ont mis en œuvre diverses réponses face à cette vague d’antisémitisme. Le Conseil scolaire du district de Toronto a établi de nouveaux protocoles de signalement et des initiatives éducatives, tandis que les districts plus petits en dehors des grands centres urbains manquent souvent de ressources pour des approches complètes. Cette incohérence a créé ce que le rapport appelle des “lacunes de protection” où les élèves juifs de certaines écoles se sentent particulièrement vulnérables.
Ce qui préoccupe particulièrement les experts, c’est la normalisation de la rhétorique antisémite. “Nous assistons à un langage et à des comportements qui auraient été impensables dans les écoles canadiennes il y a à peine un an,” note Dre Karen Goldstein, chercheuse en politique éducative à l’Université de Toronto. “La ligne entre le discours politique légitime sur le Moyen-Orient et l’antisémitisme flagrant est devenue dangereusement floue dans de nombreux contextes éducatifs.”
Le rapport souligne également comment les médias sociaux ont amplifié ces incidents, avec du contenu antisémite se propageant rapidement via des plateformes populaires parmi les élèves. Des captures d’écran incluses dans la documentation montrent des discussions de groupe où des élèves juifs ont été exclus ou ciblés par des mèmes et messages haineux. Cette dimension numérique rend le harcèlement particulièrement difficile à éviter, car il suit les élèves de l’école jusqu’à la maison.
Les parents d’élèves juifs rapportent prendre des décisions difficiles concernant l’éducation de leurs enfants en réponse à ces développements. “Nous avons vu des familles changer d’école, cacher leur identité juive, ou même envisager l’école à domicile,” explique Rebecca Stern, qui dirige un groupe de soutien pour les parents d’élèves touchés. “Aucun enfant ne devrait avoir à choisir entre sa sécurité et son identité culturelle.”
Les autorités éducatives font face à d’importants défis pour aborder cette montée. De nombreux enseignants se disent mal préparés pour naviguer dans des discussions complexes sur le conflit au Moyen-Orient tout en protégeant les élèves juifs du harcèlement. Le rapport recommande des programmes de formation complets pour les éducateurs et des directives plus claires pour distinguer l’expression politique du comportement antisémite.
Les organismes communautaires interviennent pour combler les lacunes. Plusieurs centres communautaires juifs à travers l’Ontario ont établi des programmes parascolaires spécifiquement conçus pour soutenir les élèves confrontés à l’antisémitisme, offrant à la fois un soutien émotionnel et des stratégies pratiques pour répondre aux incidents.
Alors que la nouvelle année scolaire approche, la question demeure: les institutions éducatives de l’Ontario développeront-elles les cadres nécessaires pour protéger les élèves juifs tout en favorisant un dialogue respectueux sur des questions mondiales complexes? Le bien-être de milliers d’élèves pourrait dépendre de la réponse.
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