L’odeur âcre de la fumée des feux de forêt est devenue une compagne estivale indésirable pour de nombreux Canadiens ces dernières années. Alors que les changements climatiques intensifient les phénomènes météorologiques extrêmes, comprendre l’Indice de la qualité de l’air et de la santé (IQAS) du Canada est passé d’une connaissance facultative à une information essentielle pour la santé publique.
“L’IQAS a été développé spécifiquement pour aider les Canadiens à protéger leur santé lors d’épisodes de mauvaise qualité de l’air,” explique Dre Sarah Cooke, spécialiste en santé environnementale à l’Université de la Colombie-Britannique. “Ce que beaucoup ignorent, c’est qu’il mesure simultanément plusieurs polluants, pas seulement les particules de fumée.”
L’indice, qui va de 1 à 10+, mesure les concentrations d’ozone troposphérique, de particules fines et de dioxyde d’azote—des polluants pouvant causer de graves complications respiratoires et cardiovasculaires. Lorsque les cotes dépassent 7, même les personnes en bonne santé peuvent éprouver des difficultés respiratoires, tandis que les populations vulnérables font face à des risques considérablement plus élevés.
Environnement Canada émet ces cotes accompagnées de recommandations pratiques qui évoluent avec l’augmentation des chiffres. Aux niveaux 1-3 (risque faible), la plupart des Canadiens peuvent poursuivre leurs activités extérieures normales. Entre 4-6 (risque modéré), les groupes sensibles devraient envisager de réduire les efforts physiques intenses à l’extérieur. Une fois que les lectures dépassent 7, les responsables de la santé publique conseillent à tous de limiter l’exposition extérieure.
Pour les populations vulnérables—incluant les enfants, les aînés, les femmes enceintes et les personnes souffrant de problèmes respiratoires ou cardiaques préexistants—ces avertissements revêtent une importance particulière. Des études publiées dans le Journal médical canadien montrent que les hospitalisations pour exacerbations d’asthme et de MPOC augmentent d’environ 12 % lors d’événements à IQAS élevé.
Le Dr Michael Chen, pneumologue à Toronto, note que la surveillance en temps réel de l’IQAS est devenue de plus en plus cruciale. “Nous voyons des patients qui n’ont jamais réalisé qu’ils avaient des sensibilités jusqu’à ce qu’une exposition prolongée à un air de mauvaise qualité déclenche des symptômes,” a-t-il confié à CO24 News. “Connaître la cote IQAS actuelle permet à chacun de prendre des décisions éclairées concernant les activités extérieures.”
Les climatologues qui suivent les tendances de la qualité de l’air au Canada ont documenté une tendance inquiétante: la fréquence des journées à IQAS élevé a augmenté de près de 40 % au cours de la dernière décennie, les provinces de l’Ouest connaissant la hausse la plus marquée en raison de l’intensification des saisons de feux de forêt.
Au-delà des impacts immédiats sur la santé, les économistes de l’Université de Toronto estiment que la baisse de productivité due aux événements de qualité de l’air coûte à l’économie canadienne environ 5,3 milliards de dollars annuellement—un chiffre qui devrait augmenter à mesure que les impacts climatiques s’aggravent.
Les résidents peuvent accéder aux informations IQAS en temps réel via le site web d’Environnement Canada, les applications météo ou les services provinciaux de surveillance de l’air. De nombreuses municipalités ont également mis en place des systèmes d’alerte qui envoient des notifications lorsque la qualité de l’air se détériore significativement.
Les experts en santé recommandent de garder les fenêtres fermées pendant les épisodes de mauvaise qualité de l’air et d’utiliser des purificateurs d’air HEPA lorsque possible. Pour ceux qui doivent s’aventurer à l’extérieur, des masques N95 correctement ajustés peuvent filtrer la plupart des particules nocives, bien qu’ils ne protègent pas contre tous les polluants.
Alors que nous naviguons dans des défis de qualité de l’air de plus en plus fréquents, une question demeure particulièrement pertinente: comment les infrastructures et les systèmes de santé canadiens s’adapteront-ils à la fréquence croissante de ces événements dans les décennies à venir?