Dans ce qui pourrait être l’initiative de réforme éducative la plus importante de l’histoire canadienne récente, People for Education a lancé “La Promesse Éducative”, un ambitieux programme national de cinq ans conçu pour transformer notre définition du succès dans nos systèmes éducatifs. Cette initiative, annoncée jeudi lors d’un symposium sur l’éducation à Toronto, arrive à un moment critique alors que les systèmes éducatifs provinciaux du Canada font face à des défis croissants, de la relance post-pandémique aux nouvelles exigences du marché du travail.
“Les systèmes d’éducation à travers le Canada ont été conçus pour une époque et un objectif différents,” a expliqué Annie Kidder, directrice générale de People for Education. “La Promesse Éducative représente notre engagement à faire évoluer l’éducation pour répondre aux besoins des élèves d’aujourd’hui et de la société de demain.”
L’initiative s’écarte des mesures traditionnelles qui ont dominé l’évaluation éducative pendant des décennies. Plutôt que de se concentrer exclusivement sur les résultats des tests standardisés dans les matières principales, La Promesse Éducative vise à élargir la définition de la réussite des élèves pour englober les compétences cruciales pour la citoyenneté et l’emploi au 21e siècle.
Les recherches menées par l’organisation révèlent un écart important entre les priorités éducatives actuelles et les besoins complexes des apprenants modernes. Selon leur dernier rapport annuel sur les écoles de l’Ontario, 78% des éducateurs estiment que les systèmes d’évaluation actuels ne saisissent pas l’éventail complet du développement et de l’apprentissage des élèves.
Le plan quinquennal se déploiera dans plusieurs provinces, en commençant par l’Ontario, la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse, avant de s’étendre à l’échelle nationale. L’élément central de l’initiative est le développement de nouvelles mesures et de nouveaux cadres qui évalueront les écoles en fonction de leur efficacité à favoriser la créativité, la pensée critique, les compétences en communication et l’intelligence émotionnelle.
Dr. Maria Thompson, experte en politique éducative à l’Université de Toronto, a déclaré à CO24 News, “Cette initiative représente un changement de paradigme dans notre conception de la réussite éducative. Elle reconnaît que la littératie et la numératie restent fondamentales, mais admet qu’elles sont insuffisantes pour s’épanouir dans le monde complexe d’aujourd’hui.”
La Promesse Éducative comprendra de vastes consultations avec les parties prenantes des communautés canadiennes, y compris les éducateurs, les parents, les élèves, les employeurs et les organismes communautaires. Cette approche collaborative vise à garantir que les réformes reflètent des perspectives et des besoins diversifiés.
“Nous ne réimaginons pas l’éducation uniquement du haut vers le bas,” a souligné Kidder. “Nous créons une conversation nationale sur ce qui compte dans l’éducation et comment nous le mesurons.”
Les ministres provinciaux de l’Éducation ont exprimé divers degrés de soutien, certains adoptant l’initiative et d’autres préférant attendre pour voir. Le programme a obtenu un financement initial de plusieurs grandes fondations philanthropiques et partenaires corporatifs, bien que les organisateurs notent qu’une mise en œuvre durable nécessitera un investissement public important et un engagement politique.
Les critiques se demandent si l’élargissement des objectifs éducatifs pourrait diluer la rigueur académique, mais les partisans répondent que l’initiative vise en fait à approfondir l’apprentissage en le rendant plus pertinent et engageant pour les élèves.
Alors que le Canada navigue dans des transitions sociales et économiques complexes dans le paysage post-pandémique, La Promesse Éducative soulève une question profonde : préparons-nous les élèves pour le monde qu’ils hériteront, ou pour celui qui est déjà en train de disparaître?