Dans l’ombre des paysages pittoresques et de l’abondance agricole renommée de l’Île-du-Prince-Édouard se cache une réalité sobre : près d’un foyer insulaire sur six est confronté à l’insécurité alimentaire. Cependant, de récentes initiatives provinciales commencent à renverser la tendance grâce à ce que les responsables décrivent comme une « approche à multiples volets » pour s’assurer qu’aucun Insulaire ne souffre de la faim.
« Nous constatons un élan significatif dans la résolution des défis d’accessibilité alimentaire à travers la province », explique Maria Donovan, directrice générale du Réseau de sécurité alimentaire de l’Î.-P.-É. « La combinaison d’un financement accru, de réformes politiques et de solutions communautaires crée des voies significatives vers une île plus sécuritaire sur le plan alimentaire. »
Le gouvernement provincial a récemment annoncé un financement supplémentaire de 2,3 millions de dollars dédié aux programmes de sécurité alimentaire, représentant une augmentation de 27 % par rapport aux allocations précédentes. Cet investissement arrive alors que les rapports de Canada News montrent que l’utilisation des banques alimentaires à l’Î.-P.-É. a augmenté de 23 % depuis 2019, dépassant la moyenne nationale de 18 %.
Ce qui distingue l’approche de l’Î.-P.-É., c’est sa stratégie globale qui va au-delà de l’aide alimentaire d’urgence. Si les banques alimentaires traditionnelles demeurent des ressources essentielles, la province a élargi son champ d’action pour inclure des initiatives d’agriculture durable, des programmes d’éducation alimentaire et des solutions basées sur les revenus qui s’attaquent aux causes profondes de la faim.
Le programme De la ferme à l’école, qui relie 42 écoles insulaires directement aux producteurs locaux, a doublé sa portée depuis 2021. Cette initiative fournit non seulement des repas frais et nutritifs aux élèves, mais renforce également les systèmes alimentaires locaux et la viabilité agricole – un double avantage souligné dans la récente analyse de CO24 Business sur les modèles économiques durables.
« Lorsque nous augmentons la production alimentaire locale et les canaux de distribution, nous construisons une résilience qui profite à tous », note le ministre de l’Agriculture, Thomas MacPherson. « L’effet multiplicateur économique du maintien des dollars alimentaires au sein de nos communautés crée des emplois tout en améliorant l’accessibilité. »
Le Programme de subventions pour la sécurité alimentaire communautaire est peut-être le plus prometteur, ayant financé 34 projets communautaires à travers l’île. Ces initiatives locales vont des jardins de quartier et des ateliers de cuisine aux programmes innovants de récupération alimentaire qui redirigent les surplus des restaurants et des épiceries vers ceux qui en ont besoin.
La Cuisine communautaire de Charlottetown, l’un des bénéficiaires de ces subventions, est passée de la distribution de repas hebdomadaires à un centre communautaire offrant de l’éducation nutritionnelle, des cours de cuisine et de la formation à l’emploi. « Nous sommes passés du simple fait de nourrir les gens à celui de les autonomiser », explique la coordonnatrice de la cuisine, Emily Williams. « L’impact va bien au-delà du repas immédiat. »
Des changements de politique ont accompagné ces efforts programmatiques. De récentes modifications aux règlements de zonage municipaux ont rendu l’agriculture urbaine plus accessible, tandis que les politiques d’approvisionnement privilégient désormais les achats alimentaires locaux pour les institutions publiques – des changements que les analystes de CO24 Politics identifient comme cruciaux pour l’amélioration systémique de la sécurité alimentaire.
Malgré ces progrès, des défis demeurent. L’abordabilité du logement continue de peser sur les budgets alimentaires des ménages, tandis que les changements climatiques menacent la production agricole – des problèmes qui nécessitent des réponses coordonnées à travers plusieurs secteurs. Le taux d’insécurité alimentaire de la province, bien qu’en amélioration, dépasse toujours la moyenne nationale de 3,2 points de pourcentage.
Pour des familles comme les Robertson de Summerside, ces initiatives représentent plus que des statistiques. « Le programme de jardin communautaire nous a donné non seulement de la nourriture, mais aussi de la dignité », affirme Karen Robertson, qui participe à un programme local de partage de culture. « Nous contribuons selon nos moyens et prenons ce dont nous avons besoin – cela a changé notre façon de penser à l’alimentation et à la communauté. »
Alors que l’Î.-P.-É. continue d’affiner son approche face à l’insécurité alimentaire, le modèle émergent offre des leçons potentielles pour d’autres juridictions confrontées à des défis similaires. L’intégration de l’aide d’urgence avec un changement systémique, couplée à l’appropriation communautaire des solutions, démontre des voies prometteuses vers une sécurité alimentaire durable.
Comme CO24 News l’a documenté à travers les provinces canadiennes, aborder l’insécurité alimentaire nécessite à la fois un soulagement immédiat et une vision à long terme. La question qui se pose maintenant à l’Île-du-Prince-Édouard est de savoir si cette approche holistique peut être maintenue et élargie pour éliminer, plutôt que simplement réduire, le défi persistant de la faim dans l’île alimentaire du Canada. Dans une province célèbre pour nourrir les autres, peut-elle s’assurer que tous ses propres citoyens partagent cette abondance?