Les champs fertiles de la Saskatchewan récolteront bientôt plus que des cultures. Financement agricole Canada (FAC) Capital a annoncé hier un programme d’investissement révolutionnaire de 2 milliards de dollars visant à transformer le paysage technologique agricole du pays au cours des cinq prochaines années.
“Il ne s’agit pas simplement de signer des chèques,” a déclaré Michael Hoffort, président-directeur général de FAC, lors de l’annonce à Innovation Place à Saskatoon. “Nous semons des graines de transformation qui redéfiniront la façon dont les agriculteurs canadiens produisent des aliments tout en relevant des défis critiques comme la résilience climatique et les pénuries de main-d’œuvre.”
Cet investissement, sans précédent dans le financement agricole canadien, cible quatre principaux volets d’innovation : la technologie d’agriculture de précision, les solutions agricoles durables, la biotechnologie agricole et l’automatisation de la transformation alimentaire. Chaque volet recevra environ 500 millions de dollars en financement dédié par le biais d’investissements directs, de partenariats en capital-risque et de programmes de prêts spécialisés.
Le ministre de l’Agriculture de la Saskatchewan, David Marit, a qualifié cette annonce de “moment décisif” pour l’économie agricole de la province. “Avec notre infrastructure de recherche établie et notre expertise agricole, la Saskatchewan est parfaitement positionnée pour devenir la Silicon Valley de l’innovation agricole en Amérique du Nord.”
Le moment ne pourrait être plus crucial. Les agriculteurs canadiens font face à des pressions croissantes dues au changement climatique, à la concurrence internationale et à l’augmentation des coûts de production. Statistique Canada a rapporté au dernier trimestre que les dépenses en intrants agricoles ont augmenté de 18 % depuis 2023, tandis que des événements météorologiques extrêmes ont endommagé près de 1,2 million d’acres de terres cultivées à l’échelle nationale lors de la dernière saison de croissance.
Les analystes du secteur s’attendent à ce que l’investissement génère environ 5 000 emplois directs et 12 000 postes indirects supplémentaires dans l’économie canadienne, avec une concentration particulière dans les provinces des prairies. L’effet multiplicateur économique pourrait dépasser 6 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, selon les évaluations préliminaires d’impact économique.
“Ce qui rend cette initiative vraiment puissante, c’est son approche intégrée,” a expliqué Dre Alanna Koch, présidente de l’Institut mondial pour la sécurité alimentaire. “FAC ne finance pas seulement des technologies individuelles; ils construisent un écosystème où chercheurs, entrepreneurs et producteurs collaborent pour résoudre les défis les plus pressants de l’agriculture.”
L’investissement comprend 350 millions de dollars pour un nouvel accélérateur de technologie agricole basé à Regina qui fournira des ressources spécialisées aux startups travaillant sur tout, des variétés de cultures résistantes à la sécheresse aux équipements agricoles autonomes. Les entreprises en phase de démarrage recevront du mentorat, du soutien technique et un financement potentiel pour commercialiser leurs innovations.
Pour des agriculteurs comme Jason Basaraba, qui exploite une ferme céréalière de 4 500 acres près de Prince Albert, l’investissement représente un espoir pour résoudre des défis persistants. “Nous essayons d’intégrer plus de technologie, mais les coûts initiaux sont prohibitifs,” dit-il. “Avoir un soutien financier spécifiquement conçu pour l’adoption de technologies pourrait être un facteur déterminant pour des exploitations comme la mienne.”
Cette annonce survient dans un contexte de concurrence internationale croissante en matière d’innovation agricole. Les États-Unis ont récemment alloué 4,7 milliards de dollars à la recherche agricole dans le cadre de leur Farm Bill, tandis que l’Union européenne a engagé 9 milliards d’euros pour des initiatives d’agriculture durable dans le cadre de son programme Horizon Europe.
L’investissement du Canada signale un pivot stratégique visant à positionner le pays comme un leader mondial de la technologie agricole à un moment critique. Avec la demande alimentaire mondiale qui devrait augmenter de 50 % d’ici 2050 selon les prévisions de l’ONU, les enjeux ne pourraient être plus importants.
“Il ne s’agit pas simplement de maintenir la compétitivité,” a souligné Dr Stuart Smyth, économiste agricole à l’Université de la Saskatchewan. “Il s’agit de capitaliser sur les avantages uniques du Canada—de vastes terres arables, des institutions de recherche établies et des producteurs avant-gardistes—pour mener la prochaine révolution agricole.”
Le programme d’investissement sera officiellement lancé le 1er septembre 2025, avec les premières demandes de financement ouvertes le même jour via CO24 Affaires.
Alors que les moissonneuses-batteuses récoltent les cultures de cette année à travers les prairies, les graines d’un autre type de croissance ont été semées—une croissance qui pourrait changer à jamais le paysage de l’agriculture canadienne.