La tendance du jardinage domestique au Canada en 2024 augmente face à la hausse du coût des courses

Daniel Moreau
7 Min Read
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La terre s’émiette entre les doigts tandis que les semences se nichent dans des plates-bandes soigneusement préparées à travers les cours arrière canadiennes. Ce qui pourrait sembler être un simple passe-temps de fin de semaine s’est transformé en quelque chose de bien plus important : une réponse nationale à la pression économique. Alors que les factures d’épicerie poursuivent leur montée implacable en 2024, les Canadiens se tournent de plus en plus vers le jardinage domestique, non seulement pour le plaisir, mais par nécessité.

Les chiffres racontent une histoire convaincante. Les jardineries signalent des ventes de semences en hausse de près de 40 % par rapport aux niveaux pré-pandémiques, tandis que les listes d’attente des jardins communautaires dans les centres urbains comme Toronto et Vancouver s’allongent jusqu’à des centaines de noms. Il ne s’agit pas simplement d’une habitude de l’ère pandémique qui a perduré, mais d’un changement de mode de vie délibéré qui s’adapte à notre réalité économique.

“J’ai commencé avec juste des tomates et des herbes il y a trois ans,” explique la Montréalaise Sophie Tremblay, qui cultive maintenant suffisamment de produits pour compenser environ 30 % des dépenses estivales de légumes de sa famille. “Maintenant, j’ai un potager complet. Quand je vois des courgettes à 4,99 $ chacune à l’épicerie, je me sens plutôt bien avec mes douze plants qui produisent assez pour partager avec les voisins.”

L’aspect économique est de plus en plus difficile à ignorer. Les prix alimentaires au Canada ont dépassé l’inflation générale pendant 18 mois consécutifs, les produits frais étant souvent en tête de ces augmentations. Une famille de quatre personnes dépense maintenant environ 1 400 $ de plus par an en épicerie qu’en 2021. Dans ce contexte, un investissement de 50 à 100 $ en semences et fournitures de base peut générer des économies de plusieurs centaines de dollars pendant l’été et l’automne.

Ce qui distingue la vague actuelle de jardinage des tendances précédentes, c’est son attrait trans-démographique. Autrefois domaine exclusif des retraités ou des résidents ruraux, le mouvement de jardinage d’aujourd’hui transcende les clivages générationnels et urbains-ruraux. Les milléniaux représentent le segment à la croissance la plus rapide parmi les nouveaux jardiniers, beaucoup cultivant d’impressionnantes récoltes dans des espaces limités de balcons d’appartements.

Les communautés numériques ont accéléré cette croissance, avec des groupes de jardinage canadiens sur des plateformes comme TikTok et Instagram qui comptent des centaines de milliers d’abonnés. Le mot-clic #JardinageCanadien a accumulé plus de 12 millions de vues, les jardiniers partageant tout, des techniques de démarrage de semences aux résultats des récoltes et aux méthodes de conservation.

Ce partage de connaissances s’attaque à l’un des obstacles traditionnels du jardinage domestique : notre climat nordique exigeant. “Les Canadiens ont toujours dû être des jardiniers innovants,” note Marcus Wong, horticulteur et défenseur de l’agriculture urbaine à Vancouver. “Nous constatons une créativité incroyable maintenant—des techniques de prolongation de saison aux plantations compagnes intelligentes qui maximisent le rendement dans les petits espaces.”

Certains critiques pourraient rejeter le jardinage domestique comme une réponse insignifiante aux défis économiques sérieux. Après tout, la plupart des cours arrière ne remplaceront pas l’épicerie entièrement. Cependant, cette perspective passe à côté de la signification plus profonde du mouvement, à la fois comme action pratique et comme contrepoids psychologique aux sentiments d’impuissance économique.

Au-delà des motivations financières, la tendance actuelle du jardinage reflète des changements culturels plus larges. Les préoccupations environnementales, la sensibilisation à la sécurité alimentaire et les désirs post-pandémiques d’autosuffisance convergent tous dans le potager. De nombreux Canadiens signalent que les bienfaits pour la santé mentale sont aussi importants que les avantages économiques, trouvant un soulagement du stress et une satisfaction à cultiver des plantes de la semence à la récolte.

Les municipalités ont commencé à répondre à cette vague avec des programmes élargis de jardins communautaires et des règlements modifiés. Calgary a récemment révisé ses règlements pour permettre les potagers dans les cours avant, tandis que Montréal s’est engagée à ajouter 30 nouveaux jardins communautaires d’ici 2026. Ces changements institutionnels suggèrent que la tendance a des racines plus profondes qu’une simple réponse temporaire à l’inflation.

Les experts en sécurité alimentaire accueillent prudemment le boom du jardinage tout en notant qu’il ne peut pas remplacer les solutions systémiques à l’accessibilité alimentaire. “Les jardins domestiques et communautaires représentent une pièce importante d’un puzzle complexe de sécurité alimentaire,” explique Dr. Amina Khouri du Réseau canadien de sécurité alimentaire. “Ils renforcent la résilience au niveau des ménages tout en créant des connexions importantes avec nos systèmes alimentaires.”

À l’approche de l’été, les sachets de semences et les semis continuent de s’envoler des tablettes à travers le pays. Qu’ils soient motivés principalement par des préoccupations budgétaires, des valeurs environnementales ou le simple plaisir de cultiver des aliments, les Canadiens s’investissent. En ces temps économiques incertains, il y a peut-être quelque chose de profondément rassurant à planter des graines et à les regarder pousser—un petit acte de création et d’autonomie au milieu de forces qui semblent souvent hors de notre contrôle.

Reste à voir si cette renaissance du jardinage se traduira par des changements à plus long terme dans le système alimentaire ou demeurera principalement une réponse personnelle à des temps difficiles. Quoi qu’il en soit, tandis que nous prenons soin de nos tomates et haricots au cours des prochains mois, il est clair que quelque chose de plus que des légumes pousse dans le sol canadien.

Pour en savoir plus sur l’évolution des tendances culturelles canadiennes, visitez CO24 Culture ou explorez des changements sociétaux similaires dans notre section CO24 Tendances.

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