Le paysage économique pour la jeune génération du Canada s’est transformé radicalement au cours de la dernière décennie, créant ce que de nombreux experts décrivent maintenant comme une crise d’abordabilité sans précédent. Des rues pluvieuses de Vancouver au quartier financier animé de Toronto, les milléniaux et les Canadiens de la génération Z font face à des obstacles financiers que leurs parents n’ont jamais rencontrés à des étapes similaires de leur vie.
“Nous sommes témoins de la première génération dans l’histoire canadienne moderne qui pourrait connaître un niveau de vie inférieur à celui de leurs parents,” explique l’économiste Marissa Chen de l’Institut économique canadien. “La combinaison de salaires stagnants, de coûts de logement en hausse et d’endettement étudiant croissant a créé une tempête parfaite d’insécurité financière.”
Des données récentes de Statistique Canada révèlent que les jeunes Canadiens âgés de 25 à 34 ans dépensent en moyenne 43% de leur revenu après impôt pour le logement seul—bien au-dessus du seuil de 30% généralement considéré comme abordable. Cette charge de logement représente une augmentation de 15% par rapport à ce que la même démographie affrontait il y a seulement une décennie.
Les effets d’entraînement de ces contraintes financières redéfinissent les étapes traditionnelles de la vie. Selon un sondage complet de CO24 Business réalisé le mois dernier, 68% des Canadiens de moins de 35 ans déclarent reporter des décisions majeures en raison de préoccupations financières. L’accès à la propriété est en tête de liste des rêves reportés, suivi de près par le mariage, la fondation d’une famille et l’épargne-retraite.
“J’ai une maîtrise et un emploi convenable dans la technologie, mais je vis encore avec trois colocataires à 31 ans,” raconte Jamal Williams, un développeur de logiciels à Ottawa. “Mes parents possédaient leur première maison et avaient deux enfants à mon âge. Cette réalité semble complètement déconnectée de ce qui est possible aujourd’hui.”
La crise de la dette étudiante aggrave ces défis. Le diplômé universitaire canadien moyen entre maintenant sur le marché du travail avec environ 28 000 $ de prêts étudiants—un chiffre qui a augmenté de 24% après ajustement à l’inflation au cours des 15 dernières années. Ce fardeau d’endettement affecte considérablement la capacité des jeunes Canadiens à économiser, investir ou se qualifier pour des hypothèques.
Les réponses provinciales à ces défis varient considérablement à travers le Canada. La Colombie-Britannique a récemment élargi son programme pour les premiers acheteurs de maison, tandis que le Québec a mis en œuvre des mesures de contrôle des loyers plus strictes dans les grands centres urbains. Cependant, les critiques soutiennent que ces approches fragmentaires ne s’attaquent pas à la nature systémique de la crise d’abordabilité.
“Nous avons besoin d’une action coordonnée à tous les niveaux de gouvernement,” affirme la chercheuse en politique sociale Dr. Amina Patel. “L’approche actuelle ressemble à mettre des pansements sur un patient nécessitant une chirurgie majeure.”
Le coût psychologique de ces pressions économiques ne peut être négligé. Les professionnels de la santé mentale signalent des taux croissants d’anxiété et de dépression chez les jeunes adultes spécifiquement liés au stress financier. Une étude publiée dans le Journal canadien de psychiatrie a révélé que l’insécurité financière était la principale cause de détresse psychologique chez les Canadiens âgés de 18 à 35 ans.
Malgré ces défis, des signes de résilience et d’adaptation émergent au sein de cette démographie. Les jeunes Canadiens adoptent de plus en plus des parcours professionnels alternatifs, incluant l’entrepreneuriat, le télétravail et l’économie à la demande. Statistique Canada rapporte une augmentation de 32% du travail autonome chez les Canadiens de moins de 30 ans depuis 2019.
Les solutions communautaires gagnent également du terrain. Les arrangements de cohabitation, les réseaux de partage de compétences et les groupes d’entraide se sont multipliés dans les centres urbains, créant des systèmes de soutien en dehors des cadres économiques traditionnels.
Alors que les leaders politiques se préparent pour les prochains cycles électoraux, les défis économiques auxquels font face les jeunes Canadiens sont devenus un champ de bataille politique central. L’engagement des électeurs parmi les 18-35 ans a considérablement augmenté, les préoccupations économiques se classant systématiquement comme leur priorité absolue.
La question qui reste sans réponse est de savoir si nos systèmes économiques et politiques peuvent s’adapter assez rapidement pour éviter qu’une génération de Canadiens ne soit désavantagée de façon permanente. Assisterons-nous à une restructuration fondamentale de notre approche du logement, de l’éducation et de l’emploi, ou continuerons-nous à attendre des jeunes Canadiens qu’ils naviguent dans un paysage économique de plus en plus impitoyable?