Les échos de l’histoire résonnent dans les couloirs de la justice cette semaine alors qu’un tribunal de la Saskatchewan a rendu un jugement historique qui reconnaît—pour la première fois—que les enfants métis ont été victimes de la tristement célèbre rafle des années 60. Cette victoire partielle représente une étape importante dans le parcours de réconciliation du Canada, même si elle n’offre pas la justice complète que de nombreux survivants réclament depuis des décennies.
Le juge Megaw de la Cour du Banc du Roi de la Saskatchewan a statué jeudi que le gouvernement fédéral a effectivement fait preuve de négligence dans son devoir envers des milliers d’enfants métis qui ont été arrachés de force à leurs familles et à leurs communautés entre les années 1950 et 1980. Cependant, le jugement ne va pas jusqu’à étendre cette conclusion aux gouvernements provinciaux, créant ce que certains observateurs décrivent comme une “reconnaissance incomplète” de la responsabilité institutionnelle.
“Cette décision confirme ce que les Métis ont toujours su—que nos enfants ont été ciblés et nos familles délibérément déchirées par les politiques gouvernementales,” a déclaré Robert Doucette, ancien président de la Nation métisse de la Saskatchewan et demandeur principal du recours collectif. “Mais la justice reste partielle lorsque les autorités provinciales, qui étaient tout aussi responsables de la mise en œuvre de ces politiques, échappent à leur responsabilité.”
La rafle des années 60 représente l’un des chapitres les plus sombres de la politique coloniale du Canada. On estime que 20 000 enfants autochtones, dont des milliers de Métis, ont été systématiquement retirés de leurs foyers et placés dans des familles non autochtones. Beaucoup ont perdu leur lien avec leur culture, leur langue et leur identité—créant un traumatisme intergénérationnel avec lequel les communautés continuent de lutter aujourd’hui.
Contrairement aux survivants des Premières Nations et Inuits qui ont reçu un règlement de 875 millions de dollars du gouvernement fédéral en 2017, les survivants métis ont été exclus des efforts de réconciliation précédents. Ce jugement ouvre potentiellement la voie à une indemnisation financière, bien que les détails restent à déterminer lors de procédures juridiques ultérieures.
Les experts juridiques qui suivent l’affaire soulignent son importance dans la jurisprudence canadienne. “Ce jugement établit que le gouvernement fédéral avait une obligation fiduciaire envers les enfants métis—un principe qui pourrait avoir des implications considérables pour d’autres cas concernant les droits des Métis,” a expliqué Dre Naiomi Metallic, titulaire de la Chaire du Chancelier en droit autochtone à l’Université Dalhousie.
L’aspect provincial du jugement s’est avéré particulièrement controversé. Le juge Megaw a déterminé que même si les provinces ont mis en œuvre des politiques de protection de l’enfance qui ont nui aux familles métisses, elles n’ont pas manqué à leur obligation fiduciaire telle que définie par la loi. Cette distinction a laissé de nombreux survivants se demander si une véritable réconciliation peut être atteinte lorsque la responsabilité est ainsi divisée.
L’impact psychologique de la rafle des années 60 continue de se répercuter dans les communautés métisses à travers le Canada. Les survivants font état de difficultés liées à l’identité, à l’appartenance et à des problèmes de santé mentale découlant de leurs traumatismes d’enfance. Beaucoup ont été placés dans des