Dans un appel pressant aux législateurs provinciaux, l’Alliance de la Colombie-Britannique pour les arts et la culture a exprimé de vives inquiétudes concernant ce qu’elle décrit comme un “sous-financement chronique” du secteur culturel de la Colombie-Britannique à l’approche des consultations budgétaires de 2026. La coalition, représentant plus de 500 organisations artistiques à travers la province, avertit que sans augmentations substantielles des investissements, la C.-B. risque de fragiliser son infrastructure culturelle alors que les provinces voisines renforcent les leurs.
“La Colombie-Britannique est tombée sous la moyenne nationale en matière de financement des arts par habitant, créant un écosystème insoutenable pour nos créateurs et nos institutions culturelles,” a déclaré Brenda Leadlay, directrice générale de l’Alliance de la C.-B. pour les arts et la culture. “Alors que des provinces comme le Québec et l’Ontario ont reconnu les retombées économiques et sociales d’un investissement robuste dans les arts, la C.-B. continue de fonctionner avec un modèle de financement qui n’a pas réellement évolué depuis plus d’une décennie.”
Le mémoire de l’Alliance au Comité permanent des finances et des services gouvernementaux explique comment le budget annuel actuel du conseil des arts de la C.-B. de 29,5 millions de dollars se traduit par environ 5,65 $ par résident—bien en dessous de la moyenne provinciale canadienne de 8,36 $. Cette disparité devient encore plus prononcée comparée à l’investissement du Québec de 13,41 $ par habitant dans les arts et la culture.
L’analyse économique incluse dans le mémoire souligne que le secteur culturel de la C.-B. contribue à plus de 7 milliards de dollars annuellement à l’économie provinciale et emploie plus de 98 000 travailleurs. Malgré cette empreinte économique substantielle, les organisations artistiques rapportent fonctionner avec des bases financières de plus en plus instables, beaucoup luttant pour retenir leur personnel face à l’augmentation des coûts.
“Les mathématiques ne fonctionnent tout simplement plus,” a expliqué Miranda Hodgins, directrice artistique du Collectif des arts de l’Est de Vancouver. “Quand le financement opérationnel de base reste essentiellement stable alors que l’inflation, les loyers et les coûts de production continuent d’augmenter, nous sommes forcés soit de réduire la programmation, soit de risquer l’effondrement organisationnel. De nombreuses petites organisations font déjà ces choix impossibles.”
Les recommandations de la coalition incluent une augmentation immédiate du financement de base du Conseil des arts de la C.-B. de 15 millions de dollars pour l’exercice 2025-2026, suivie d’augmentations graduelles qui porteraient l’investissement artistique de la province à la moyenne nationale d’ici 2028. De plus, ils proposent un financement dédié aux infrastructures pour remédier à la pénurie critique d’espaces de création et de représentation abordables, particulièrement dans les centres urbains où les pressions immobilières ont déplacé de nombreux lieux culturels.
La réponse provinciale à ces préoccupations a été mesurée. La porte-parole du ministère des Finances, Eleanor Chen, a noté que “le gouvernement reconnaît l’importance culturelle et économique de notre secteur artistique,” tout en soulignant que les décisions budgétaires doivent équilibrer de multiples priorités dans les soins de santé, l’éducation et d’autres services essentiels.
Les critiques de la position de la coalition, y compris certains analystes de politique fiscale, suggèrent que l’augmentation du financement public devrait être complétée par des partenariats renforcés avec le secteur privé et des modèles d’affaires plus durables au sein même des organisations artistiques.
Cependant, l’Alliance réplique que les arts optimisent déjà efficacement l’investissement public, chaque dollar de financement gouvernemental générant typiquement entre 7 et 12 dollars d’activité économique grâce aux ventes de billets, au tourisme et au soutien des entreprises adjacentes.
Alors que la Colombie-Britannique se prépare pour son prochain cycle budgétaire dans un contexte d’incertitude économique, la question fondamentale émerge : la province peut-elle se permettre d’augmenter substantiellement le financement des arts, ou—comme le soutiennent les défenseurs de la culture—peut-elle se permettre de ne pas investir dans un secteur qui façonne à la fois ses perspectives économiques et son identité culturelle?
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