Le compte à rebours est lancé alors que les responsables canadiens s’efforcent de conclure un accord commercial avec la prochaine administration Trump avant que des tarifs potentiellement dévastateurs ne frappent les exportations canadiennes. Le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a révélé dimanche que les discussions préliminaires avec l’équipe de transition du président élu Donald Trump ont donné des signaux encourageants, malgré l’échéance imminente du 20 janvier.
“Nous avons de bonnes discussions avec l’équipe de transition de Trump,” a déclaré LeBlanc aux journalistes à Ottawa. “Nous croyons qu’il existe une voie à suivre qui évite ces tarifs qui seraient nuisibles aux deux économies.”
Trump a maintes fois menacé d’imposer des tarifs généralisés de 25 % sur toutes les importations canadiennes et mexicaines, à moins que les deux pays ne prennent des mesures décisives pour endiguer le flux de migrants et de drogues traversant leurs frontières vers les États-Unis. La position ferme du président élu a envoyé des ondes de choc à travers les secteurs d’affaires canadiens qui dépendent fortement du commerce américain.
Les analystes économiques préviennent que de tels tarifs pourraient dévaster l’économie canadienne axée sur l’exportation. Les États-Unis demeurent le plus grand partenaire commercial du Canada, avec environ 75 % des exportations canadiennes—évaluées à plus de 400 milliards de dollars annuellement—traversant la frontière sud. Les industries particulièrement vulnérables comprennent la fabrication automobile, l’agriculture et les ressources naturelles.
“Il ne s’agit pas simplement de chiffres sur un tableau,” a déclaré Dre Elena Ramirez, économiste principale à l’Institut national du commerce. “Nous parlons de centaines de milliers d’emplois canadiens qui pourraient être en danger si ces tarifs se matérialisent sous leur forme proposée.”
Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau a mobilisé une équipe d’intervention interministérielle pour répondre aux exigences de Trump. Des sources au sein du gouvernement canadien indiquent que les propositions envisagées comprennent des mesures renforcées de sécurité frontalière, un partage accru de renseignements sur les organisations criminelles transnationales, et des opérations conjointes d’application de la loi ciblant les réseaux de trafic de fentanyl.
L’équipe de transition de Trump aurait reconnu la position unique du Canada par rapport au Mexique. “Les frontières nord et sud présentent des défis différents,” a déclaré Robert Lighthizer, ancien représentant commercial américain qui reste influent dans le cercle de la politique commerciale de Trump. “Nous reconnaissons la nature intégrée des chaînes d’approvisionnement américano-canadiennes et les avantages mutuels de notre relation commerciale.”
Les enjeux ne pourraient être plus élevés pour l’économie canadienne, qui lutte déjà contre l’inflation et une croissance lente. La Chambre de commerce du Canada estime que les tarifs proposés par Trump augmenteraient les coûts pour les entreprises canadiennes d’environ 28 milliards de dollars annuellement et pourraient déclencher une récession.
“Ce à quoi nous assistons est essentiellement un bras de fer économique,” a déclaré Thomas Wilson, professeur de commerce international à l’Université York. “La question est de savoir si Trump utilise ces menaces comme levier de négociation ou s’il a réellement l’intention de les mettre en œuvre, quelles que soient les concessions du Canada.”
LeBlanc a souligné que, bien que le Canada prenne la sécurité frontalière au sérieux, le gouvernement rejette toute caractérisation du Canada comme une source importante d’immigration illégale vers les États-Unis. “Les faits ne soutiennent tout simplement pas cette narrative,” a-t-il affirmé. “Nous avons été des partenaires constants dans le maintien de l’intégrité de notre frontière commune.”
À l’approche du 20 janvier, les analystes politiques notent que les deux pays ont de fortes incitations à parvenir à un accord. Les chaînes d’approvisionnement nord-américaines profondément intégrées signifient que les tarifs créeraient des difficultés économiques des deux côtés de la frontière, compromettant potentiellement les propres objectifs économiques de Trump pour son deuxième mandat.
“Il y a place au compromis ici,” a déclaré Michael Kergin, ancien ambassadeur canadien aux États-Unis. “Le défi sera de trouver des solutions qui permettent aux deux dirigeants de revendiquer une victoire politique tout en évitant des dommages économiques.”
Alors que les négociations se poursuivent à huis clos, une question reste centrale pour l’avenir économique du Canada : le gouvernement Trudeau peut-il trouver un équilibre entre le maintien de la souveraineté et des concessions suffisantes pour éviter une guerre commerciale potentiellement catastrophique avec notre plus grand partenaire commercial?