La brume âcre qui a recouvert les villes américaines l’été dernier a déclenché des tensions diplomatiques, alors que les législateurs américains font maintenant officiellement pression sur le Canada pour une action plus agressive concernant la prévention et la gestion des feux de forêt. Des représentants des États qui ont souffert sous les denses panaches de fumée canadienne exigent une coopération transfrontalière avant l’arrivée d’une autre saison potentiellement dévastatrice.
“Quand la fumée canadienne rend nos cieux orange et fait grimper notre indice de qualité de l’air à des niveaux dangereux, cela devient plus qu’un simple problème canadien,” a déclaré la représentante Jennifer McClain de New York, dont les électeurs ont enduré des semaines de conditions enfumées l’été dernier. “Nous respirons littéralement les conséquences d’une gestion insuffisante des feux de forêt.”
La délégation du Congrès, composée de représentants des États du nord-est et du Midwest, a envoyé cette semaine une lettre officielle aux responsables canadiens décrivant des préoccupations spécifiques concernant les stratégies de prévention des feux de forêt et les capacités d’intervention précoce. Leur demande principale porte sur l’établissement d’un groupe de travail conjoint américano-canadien dédié à la coordination des ressources de gestion des incendies et au développement de mesures préventives dans les régions forestières à haut risque.
Les climatologues ont averti que l’ampleur sans précédent des feux de forêt canadiens en 2023 – qui ont brûlé plus de 18 millions d’hectares de forêt et envoyé de la fumée à des milliers de kilomètres au sud – pourrait devenir la nouvelle norme sans intervention. Les données d’Environnement Canada indiquent que les températures moyennes dans les régions de la forêt boréale canadienne ont augmenté à un rythme presque deux fois supérieur à la moyenne mondiale, créant des conditions extrêmement inflammables.
“Nous respectons la souveraineté canadienne, mais nous devons également protéger la santé publique américaine,” a déclaré le représentant Thomas Hendricks du Michigan. “L’année dernière, les visites aux urgences pour des problèmes respiratoires ont augmenté de 30% à Détroit pendant les jours de fumée intense. Les écoles ont annulé les activités extérieures, et les populations vulnérables étaient essentiellement confinées à l’intérieur.”
La ministre canadienne des Ressources naturelles, Marie Rousseau, a reconnu ces préoccupations mais a souligné que le Canada consacre déjà des ressources importantes à la gestion des feux de forêt. “Nous avons investi 256 millions de dollars supplémentaires dans notre Stratégie nationale sur les feux de forêt l’année dernière,” a déclaré Rousseau. “Cependant, la réalité est que les changements climatiques transforment nos forêts plus rapidement que nous ne pouvons adapter nos systèmes d’intervention.”
L’impact économique dépasse les préoccupations sanitaires. Le tourisme a chuté d’environ 15% dans les régions américaines touchées pendant les épisodes de fumée, et les entreprises dépendantes des activités extérieures ont signalé des pertes dépassant 400 millions de dollars, selon des études préliminaires du Conseil de recherche économique du Nord-Est.
La lettre du Congrès demande spécifiquement que le Canada améliore les technologies de détection précoce, augmente le nombre de personnel formé à la lutte contre les incendies et mette en œuvre des pratiques de gestion forestière plus agressives, y compris des brûlages dirigés pendant les saisons plus sûres.
Les experts environnementaux notent que les deux pays font face à des défis similaires en matière de gestion des feux de forêt. “Aucun pays ne peut résoudre ce problème indépendamment,” a déclaré Dr. Elena Vasquez, chercheuse en politique environnementale à l’Université Columbia. “Les changements climatiques ne respectent pas les frontières, et la fumée non plus. Cela nécessite une coopération multinationale sur les stratégies d’atténuation et d’adaptation.”
Les responsables canadiens ont invité la délégation américaine à participer aux prochaines réunions de préparation aux feux de forêt prévues pour mai, avant ce que les météorologues prédisent comme une autre saison intense d’incendies. Avec des niveaux de précipitations printanières déjà inférieurs à la moyenne dans une grande partie de l’ouest et du centre du Canada, le terrain pourrait être propice à un autre été enfumé.
Alors que les communautés des deux côtés de la frontière se préparent à d’éventuelles urgences de qualité de l’air, la question demeure: cette pression diplomatique se traduira-t-elle par des actions concrètes, ou sommes-nous destinés à assister à une pollution transfrontalière de plus en plus grave à mesure que les forêts nord-américaines continuent de brûler à des taux historiques?