Le Conseil scolaire du district de Thames Valley a annoncé une vague de licenciements touchant des dizaines de postes alors qu’il fait face à un déficit budgétaire considérable de 4,7 millions de dollars pour la prochaine année scolaire. Cette décision difficile marque une évolution préoccupante dans le secteur de l’éducation en Ontario, où les pressions financières continuent de s’accumuler malgré les affirmations provinciales d’augmentation du financement de l’éducation.
“Ce ne sont pas des décisions que nous prenons à la légère,” a déclaré le directeur de l’éducation de Thames Valley, Mark Fisher, lors de la réunion budgétaire de mardi. “Chaque poste représente un membre précieux de notre équipe qui a contribué à la réussite de nos élèves, mais notre réalité financière exige des choix difficiles.”
Les compressions toucheront 46 postes dans divers départements, dont 19 coordonnateurs d’apprentissage qui fournissent un soutien crucial aux enseignants en matière de programmes d’études. De plus, 16 postes de secrétariat, neuf assistants en éducation et deux orthophonistes seront éliminés, affectant directement les services de soutien aux élèves.
Selon les responsables du conseil, ces réductions ont été rendues nécessaires par plusieurs facteurs, notamment la baisse des inscriptions, les dépenses liées à la pandémie et ce qu’ils décrivent comme des augmentations insuffisantes du financement provincial pour répondre à la hausse des coûts opérationnels. Le conseil a souligné que les enseignants en classe ne seront pas touchés par cette vague de licenciements, bien que la suppression du personnel de soutien aura inévitablement un impact sur l’expérience éducative.
Les parents et les défenseurs de l’éducation ont exprimé leur inquiétude quant aux répercussions de ces compressions sur l’apprentissage des élèves. Jennifer Morris, représentante d’une association de parents locale, a déclaré que “la suppression des coordonnateurs d’apprentissage signifie que les enseignants disposent de moins de ressources pour mettre en œuvre efficacement le programme d’études, tandis que la réduction du nombre d’assistants en éducation signifie moins de soutien pour nos élèves les plus vulnérables.”
La situation de Thames Valley reflète une tendance plus large en Ontario, où plusieurs conseils scolaires sont confrontés à des défis financiers similaires. Le Conseil scolaire du district de Toronto a récemment prévu un déficit de 26,7 millions de dollars pour 2024-2025, tandis que les conseils d’Ottawa, de Peel et de Hamilton ont tous signalé des contraintes budgétaires pouvant entraîner des réductions de services.
Le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, a défendu l’approche de la province, affirmant que l’Ontario a augmenté le financement de l’éducation à des niveaux records. “Nous avons investi 5 milliards de dollars supplémentaires dans l’éducation depuis 2018,” a noté Lecce dans une déclaration fournie aux médias. “Les conseils scolaires doivent prioriser l’éducation de première ligne dans leurs budgets substantiels.”
Cependant, l’analyste en politique éducative, Dr. Samuel Chen, souligne que les augmentations brutes de financement ne racontent pas toute l’histoire. “Lorsque vous tenez compte de l’inflation, des changements dans les inscriptions et des nouveaux programmes mandatés, de nombreux conseils fonctionnent effectivement avec moins de financement par élève qu’il y a cinq ans,” a expliqué Chen dans une entrevue.
La Fédération des enseignantes et des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario a critiqué l’approche du gouvernement provincial, soutenant que le financement de l’éducation n’a pas suivi l’augmentation des coûts et des besoins des élèves. “Ces compressions représentent un échec de la province à financer adéquatement l’éducation publique,” a déclaré Karen Littlewood, présidente de la FEESO. “Les élèves en paieront ultimement le prix par des classes plus nombreuses et des soutiens réduits.”
Les administrateurs du conseil ont voté 7 contre 4 pour approuver ces difficiles mesures budgétaires, ceux qui s’opposaient aux compressions plaidant plutôt pour puiser dans les réserves. Cependant, la présidente du comité des finances, Lori-Ann Pizzolato, a souligné que l’épuisement des réserves ne ferait que reporter des décisions inévitables tout en créant potentiellement des déficits plus importants dans les années à venir.
Alors que le système éducatif de l’Ontario fait face à ces pressions financières, une question fondamentale se pose : sommes-nous témoins d’un ajustement budgétaire temporaire, ou est-ce le début d’une restructuration systémique de la façon dont les services éducatifs sont fournis dans toute la province?