Dans la chaleur écrasante de La Havane, un mystère médical qui hante les relations canado-cubaines depuis près d’une décennie refait surface avec une intensité renouvelée. L’avocat torontois Paul Miller affirme maintenant détenir des “preuves convaincantes” que les diplomates canadiens en poste à Cuba entre 2016 et 2018 ont été délibérément ciblés par un adversaire étranger utilisant des armes sophistiquées à énergie dirigée.
“Je suis très confiant que ce qui est arrivé aux diplomates canadiens à Cuba était une attaque ciblée,” a déclaré Miller à CO24 News lors d’une entrevue exclusive. “Le gouvernement a constamment minimisé ces incidents, mais les dommages neurologiques documentés dans de multiples évaluations médicales racontent une histoire différente.”
Les mystérieux malaises, collectivement connus sous le nom de “syndrome de La Havane“, sont apparus lorsque des diplomates ont signalé des maux de tête soudains, des étourdissements, des difficultés cognitives et des sensations auditives inhabituelles pendant leur service à l’ambassade canadienne. Plusieurs ont décrit avoir entendu des sons perçants avant d’éprouver des symptômes débilitants qui ont persisté longtemps après leur retour au Canada.
Miller représente 15 anciens diplomates et membres de leurs familles dans une poursuite de 28 millions de dollars contre le gouvernement canadien, alléguant qu’Ottawa a failli à son devoir de protéger son personnel et a ensuite tenté de dissimuler la vraie nature des incidents. La poursuite, qui fait son chemin devant les tribunaux depuis 2019, a gagné un nouvel élan suite à des rapports de renseignement récemment déclassifiés.
“Le gouvernement canadien a choisi de maintenir nos diplomates en danger même après avoir pris connaissance des périls,” a affirmé Miller. “Ce n’était pas simplement de la négligence—c’était une décision calculée pour maintenir des relations diplomatiques aux dépens du bien-être des Canadiens.”
La ministre des Affaires étrangères Catherine MacDonald a toujours maintenu qu’aucune preuve définitive n’existe liant ces problèmes de santé à des attaques délibérées. Lors d’une conférence de presse à Ottawa la semaine dernière, MacDonald a réitéré la position du gouvernement : “Nous continuons de suivre la science, qui n’a établi aucune cause concluante pour ces incidents de santé signalés.”
Cependant, les experts neurologiques qui ont examiné les diplomates touchés dressent un tableau plus inquiétant. Le Dr Alon Friedman, spécialiste du cerveau à l’Université Dalhousie qui a mené des tests approfondis sur les patients, a trouvé des preuves de lésions cérébrales compatibles avec une exposition à des armes à énergie dirigée.
“Ces individus présentent des modèles de dommages qui ne peuvent pas être expliqués par une maladie conventionnelle, le stress ou des phénomènes psychogènes de masse,” a expliqué le Dr Friedman dans son rapport au Comité de la Chambre sur les affaires étrangères. “La spécificité et la cohérence de leurs symptômes suggèrent fortement un agent causal externe.”
Les implications diplomatiques ont eu des répercussions tant sur la politique canadienne que sur les relations internationales. Alors que les États-Unis ont officiellement reconnu des incidents similaires affectant leurs diplomates comme des “incidents de santé anormaux” potentiellement causés par des armes à énergie dirigée, le Canada s’est montré plus circonspect dans ses déclarations publiques.
L’ancien ambassadeur à Cuba, Patrick Parisot, a rompu le silence le mois dernier, déclarant à CO24 que les préoccupations de sécurité de l’ambassade ont été “systématiquement rejetées” par Ottawa. “Nous avons sonné l’alarme concernant des violations inhabituelles de sécurité autour des résidences diplomatiques dès 2016, mais ces rapports ont été enterrés dans des processus bureaucratiques,” a affirmé Parisot.
Les enjeux économiques sont importants. Le Canada maintient des intérêts commerciaux substantiels à Cuba, avec des investissements dépassant 1,3 milliard de dollars dans les secteurs du tourisme, des mines et de l’énergie. Certains analystes suggèrent que cette relation économique pourrait avoir influencé la réponse modérée du gouvernement face à cette crise sanitaire.
“Reconnaître une attaque délibérée aurait forcé une confrontation diplomatique qui pourrait compromettre les intérêts commerciaux canadiens,” a expliqué Maria Hernandez, chercheuse principale à l’Institut canadien des affaires mondiales. “C’est un cas classique où les considérations économiques l’emportent potentiellement sur le devoir de protection.”
Alors que la bataille juridique s’intensifie, les diplomates affectés continuent de lutter contre des problèmes de santé persistants. L’ancienne consule Josée Thibault, qui a servi à La Havane de 2016 à 2017, a décrit sa bataille continue contre des migraines chroniques, des troubles cognitifs et une sensibilité au son.
“Ma vie a été fondamentalement transformée,” a confié Thibault. “La partie la plus douloureuse n’est pas seulement les symptômes physiques—c’est le sentiment d’avoir été abandonnée par le gouvernement même que j’ai servi.”
Alors que cette affaire s’oriente vers un procès potentiel au début de 2026, les Canadiens sont confrontés à une question troublante : en équilibrant les relations diplomatiques, les intérêts économiques et la sécurité de ses représentants à l’étranger, notre gouvernement a-t-il compromis son obligation la plus fondamentale de protéger ses propres citoyens?