Dans un acte controversé de désobéissance civile, des manifestants en Nouvelle-Écosse ont délibérément défié les restrictions provinciales mardi soir en allumant un feu de camp à Grand Parade à Halifax pour protester contre ce qu’ils décrivent comme un abus de pouvoir gouvernemental dans les politiques de gestion forestière.
Les manifestants, qui se présentent comme membres de l’Alliance des Protecteurs de la Forêt récemment formée, ont allumé un petit feu de camp malgré l’interdiction de faire des feux en vigueur dans toute la province suite à l’une des saisons de feux de forêt les plus dévastatrices de l’histoire récente de la Nouvelle-Écosse. La manifestation est survenue quelques heures après que les autorités provinciales ont annoncé des sanctions plus sévères pour ceux qui enfreignent les restrictions, avec des amendes atteignant désormais 25 000 $.
“Nous comprenons l’importance de la sécurité incendie, mais l’approche du gouvernement en matière de gestion forestière est devenue de plus en plus autoritaire,” a déclaré Marcus Thornhill, porte-parole du groupe présent lors de la manifestation. “Ces nouvelles sanctions sont disproportionnées et ciblent les communautés rurales qui gèrent de façon responsable les terres forestières depuis des générations.”
La Police régionale d’Halifax est arrivée sur les lieux peu après l’allumage du feu, distribuant des contraventions à trois personnes. Un porte-parole du département a confirmé que des accusations sont en cours en vertu des règlements municipaux et provinciaux. L’identité des personnes accusées n’a pas encore été révélée.
Le ministère provincial des Ressources naturelles et des Énergies renouvelables a défendu le renforcement des restrictions et des sanctions dans un communiqué publié mercredi matin. “Les feux de forêt de l’année dernière ont détruit plus de 23 000 hectares de forêt et forcé des milliers de personnes à quitter leur domicile,” a déclaré la sous-ministre Eleanor Wentworth. “L’augmentation des amendes reflète la gravité du risque posé par les feux non autorisés pendant les périodes de danger élevé.”
Des experts en politique environnementale ont souligné la nature inhabituelle de cette manifestation. La Dr Caroline Hubert, professeure d’études environnementales à l’Université Dalhousie, a déclaré que cette manifestation représente une collision unique entre l’activisme environnemental et la défense des droits de propriété.
“Ce que nous observons est une intersection complexe de préoccupations légitimes,” a expliqué Hubert. “D’un côté, les changements climatiques augmentent considérablement le risque d’incendies de forêt dans tout le Canada atlantique, nécessitant des contrôles plus stricts. De l’autre, il y a des communautés rurales qui estiment que leurs pratiques traditionnelles d’utilisation des terres sont criminalisées sans consultation adéquate.”
La manifestation se déroule dans le contexte du rétablissement de la Nouvelle-Écosse après le dévastatant incendie de Tantallon l’été dernier, qui a détruit 151 maisons et en a endommagé 60 autres dans la région d’Halifax. Les données provinciales indiquent que l’activité humaine a causé environ 87 % de tous les feux de forêt en Nouvelle-Écosse au cours de la dernière décennie.
L’Alliance des Protecteurs de la Forêt a prévu d’autres manifestations dans toute la province dans les semaines à venir, bien que les représentants affirment que les futurs événements n’impliqueront pas de feu. Leurs revendications comprennent une révision communautaire des politiques de gestion forestière de la province et la création d’un conseil consultatif des parties prenantes rurales.
Alors que les tensions s’intensifient entre les autorités réglementaires et les groupes de défense ruraux, de nombreux Néo-Écossais se demandent où tracer la ligne entre les mesures de sécurité nécessaires et le contrôle gouvernemental. Dans une région où la conservation environnementale et l’utilisation traditionnelle des terres revêtent une profonde importance culturelle, comment les décideurs peuvent-ils équilibrer une prévention efficace des incendies de forêt tout en respectant l’autonomie communautaire?