Des manifestants perturbent une conférence sur les otages du Hamas à Windsor
Les cris angoissés des familles attendant leurs proches retenus en captivité par le Hamas se sont heurtés aux manifestants anti-israéliens à Windsor cette semaine, révélant des divisions profondes qui continuent de résonner dans les communautés canadiennes près de huit mois après les attaques du 7 octobre.
Ce qui avait commencé comme une table ronde présentant des proches d’otages israéliens à l’Université de Windsor s’est rapidement transformé en chaos lorsque des manifestants ont envahi les lieux, perturbant l’événement par des slogans et forçant les organisateurs à évacuer les intervenants par les sorties arrière en raison de préoccupations sécuritaires.
“Ils frappaient aux fenêtres et aux portes… on ne pouvait pas entendre les intervenants,” a déclaré Jonathan Goldstein, qui assistait à l’événement. “Les familles sont venues partager leurs histoires, leur douleur. Au lieu de cela, elles ont été confrontées à l’intimidation et ont dû être escortées dehors pour leur sécurité.”
La table ronde, organisée par des groupes communautaires juifs locaux, comptait parmi ses participants Ayelet Samerano, dont le cousin figure toujours parmi les quelque 130 otages encore détenus à Gaza après l’attaque d’octobre du Hamas qui a tué 1 200 Israéliens. Quatre membres des familles d’otages s’étaient spécialement rendus au Canada pour partager leurs expériences et plaider pour la libération de leurs proches.
Les responsables de l’Université de Windsor ont confirmé que la police du campus avait été appelée pour gérer la situation, mais aucune arrestation n’a été effectuée. L’université a ensuite publié un communiqué reconnaissant à la fois le droit à la libre expression et l’importance de maintenir un environnement sécuritaire pour tous les visiteurs du campus.
Cet incident n’est pas isolé. Des perturbations similaires se sont produites lors d’événements organisés par des familles d’otages partout en Amérique du Nord, reflétant la réponse de plus en plus polarisée au conflit israélo-palestinien. À Toronto, Montréal et Vancouver, les manifestations ont souvent dégénéré en confrontations entre groupes pro-palestiniens et organisations communautaires juives.
“Ce qui est particulièrement troublant, c’est le ciblage des familles d’otages,” a déclaré Shimon Koffler Fogel, PDG du Centre pour Israël et les Affaires juives. “Ce ne sont pas des responsables politiques ou des décideurs – ce sont des civils qui vivent un traumatisme inimaginable pendant que leurs proches restent en captivité.”
Les défenseurs des droits de la personne notent l’équilibre complexe entre la protestation légitime et le harcèlement. “Manifester contre les politiques gouvernementales est une expression protégée,” a expliqué l’avocate constitutionnelle Karen Selick. “Mais empêcher les autres de s’exprimer ou créer une atmosphère d’intimidation franchit des limites importantes dans une société démocratique.”
Pour la communauté juive de Windsor, estimée à environ 1 500 personnes, l’incident a accentué les préoccupations concernant la sécurité et le sentiment d’appartenance. Les synagogues locales auraient renforcé leurs mesures de sécurité, tandis que les leaders communautaires ont appelé à un dialogue accru entre les groupes aux points de vue opposés sur le conflit.
Alors que la pression internationale s’intensifie pour un cessez-le-feu et la libération des otages, les communautés canadiennes continuent de lutter pour naviguer ces tensions de manière productive. Le gouvernement fédéral a maintenu son soutien à Israël tout en appelant à la protection humanitaire à Gaza, marchant sur une corde raide diplomatique qui ne satisfait que peu de personnes des deux côtés du débat.
L’événement perturbé à Windsor souligne une question troublante à laquelle font face les Canadiens alors que le conflit au Moyen-Orient continue de résonner mondialement : Comment pouvons-nous préserver à la fois la liberté d’expression et la dignité des personnes directement touchées par la violence lointaine, particulièrement lorsque les victimes ne sont pas des acteurs politiques mais des familles prises dans des circonstances indépendantes de leur volonté?