Marché mobile alimentaire de Montréal lutte contre l’insécurité

Olivia Carter
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Le grondement d’un camion qui approche fait sourire les résidents du quartier Parc-Extension à Montréal, l’un des secteurs les plus densément peuplés et économiquement défavorisés de la ville. Ce n’est pas un véhicule de livraison ordinaire—c’est une bouée de sauvetage pour des centaines de familles confrontées à l’insécurité alimentaire dans une ville où les options d’épicerie sont de plus en plus limitées par la gentrification et la hausse des coûts.

“Avant l’arrivée de ce marché, je devais prendre trois autobus juste pour trouver des légumes abordables,” explique Maria Sanchez, mère de trois enfants qui habite le quartier depuis huit ans. “Maintenant, ils nous apportent tout directement, et les prix sont vraiment accessibles pour nous.”

Le Marché Solidaire Mobile, une initiative communautaire lancée par l’organisme local Collectif Ville en Vert, a transformé l’accès aux produits frais dans cinq arrondissements montréalais mal desservis. Opérant trois jours par semaine, le camion de livraison converti transporte environ 70 fruits et légumes différents, avec des prix en moyenne 30% moins élevés que les supermarchés conventionnels.

Ce qui rend ce marché mobile unique, c’est son approche globale face à l’insécurité alimentaire. Au-delà de simplement fournir des produits abordables, l’initiative intègre des ateliers éducatifs sur la nutrition, des démonstrations culinaires utilisant des ingrédients de saison, et des services multilingues qui reflètent la diversité de la population immigrante qu’elle dessert.

“Nous ne vendons pas simplement de la nourriture—nous développons la littératie alimentaire et la résilience communautaire,” explique Jeanne Lapointe, coordonnatrice du projet. “Beaucoup de nos clients viennent de pays avec de riches traditions agricoles mais peinent à appliquer ces connaissances dans l’environnement urbain et le climat canadien.”

L’impact du marché s’étend au-delà des bénéfices nutritionnels immédiats. Les données locales recueillies depuis le lancement du programme il y a trois ans montrent que les ménages participants rapportent une augmentation de 42% de leur consommation de fruits et légumes et une réduction de 37% de leurs dépenses alimentaires mensuelles. Ces améliorations ont des implications significatives pour la santé publique dans des quartiers où les maladies liées à l’alimentation comme le diabète et l’hypertension se manifestent à des taux nettement supérieurs à la moyenne municipale.

L’initiative a attiré l’attention des élus municipaux en quête de solutions durables aux déserts alimentaires urbains. Le mois dernier, le conseil municipal de Montréal a approuvé 1,2 million de dollars de financement supplémentaire pour étendre le programme à trois autres quartiers d’ici l’été 2024.

“Cela représente un changement fondamental dans notre approche de la sécurité alimentaire,” note Sophie Mauzerolle, conseillère municipale de Montréal. “Plutôt que de traiter la faim comme un simple problème de revenu, nous abordons les inégalités structurelles dans nos systèmes de distribution alimentaire.”

Le modèle du marché mobile s’est révélé particulièrement efficace pendant les hivers canadiens, lorsque les défis de transport isolent davantage les communautés vulnérables. Contrairement aux marchés fermiers saisonniers, le Marché Solidaire fonctionne toute l’année, adaptant son inventaire pour proposer des légumes-racines, des conserves et des produits cultivés en serre pendant les mois plus froids.

L’initiative fait face à des défis, cependant. Les coûts de carburant, l’entretien des véhicules et l’approvisionnement constant en produits à prix abordables requièrent une attention permanente des organisateurs. Le programme s’appuie sur une combinaison de subventions gouvernementales, de partenariats avec des entreprises, et un modèle de paiement à échelle variable où les clients à revenus plus élevés subventionnent ceux aux moyens limités.

“Nous travaillons constamment pour équilibrer l’accessibilité avec la viabilité financière,” explique Lapointe. “L’objectif est de créer un modèle qui puisse éventuellement devenir autonome tout en ne compromettant jamais notre mission fondamentale de justice alimentaire.”

Alors que Montréal continue de connaître un développement rapide et des changements économiques, des approches innovantes comme le marché mobile offrent un modèle pour lutter contre les inégalités urbaines. La question demeure: ces solutions communautaires peuvent-elles s’étendre suffisamment pour répondre à l’insécurité alimentaire systémique, ou des changements politiques plus fondamentaux seront-ils nécessaires pour garantir que tous les Montréalais aient un accès fiable à une alimentation nutritive, quel que soit leur code postal?

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