OTTAWA — Mark Carney est officiellement devenu le 24e premier ministre du Canada aujourd’hui lors d’une cérémonie qui marque à la fois un nouveau chapitre pour le gouvernement libéral et le début d’un pari politique risqué à l’approche des prochaines élections fédérales.
Sous un soleil radieux à Rideau Hall, Carney a prêté serment devant la gouverneure générale Mary Simon, complétant ainsi sa remarquable transition de banquier central mondial au plus haut poste politique du pays — et ce, sans avoir encore remporté de siège au Parlement.
“Aujourd’hui commence une nouvelle ère de leadership canadien axée sur le renouveau économique et les opportunités pour tous,” a déclaré Carney dans son premier discours en tant que premier ministre. “Les défis auxquels nous faisons face sont importants, mais notre capacité à les surmonter ensemble l’est tout autant.”
La cérémonie a marqué l’aboutissement d’une ascension politique fulgurante pour Carney, recruté par le Parti libéral il y a seulement trois mois alors que la cote de popularité de l’ancien premier ministre Justin Trudeau continuait sa chute vertigineuse. Trudeau, qui a annoncé sa démission le mois dernier après près de neuf ans au pouvoir, assistait à la cérémonie et semblait visiblement ému pendant la transition du pouvoir.
Les analystes politiques notent qu’il s’agit d’un des changements de leadership les plus inhabituels de l’histoire canadienne moderne. “Nous assistons à quelque chose d’inédit — un premier ministre qui n’a pas directement affronté les électeurs et qui doit rapidement établir sa légitimité tout en mettant en œuvre sa vision économique,” a déclaré Dr Eleanor Westbrook du Département de sciences politiques de l’Université de Toronto.
Le cabinet de Carney, dévoilé quelques minutes après son assermentation, reflète des calculs stratégiques visant à rafraîchir l’image libérale tout en maintenant des mains expérimentées dans les portefeuilles clés. Notamment, Chrystia Freeland est passée des Finances aux Affaires étrangères, tandis que Carney lui-même occupera temporairement le portefeuille des Finances — tirant parti de son expérience d’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre.
Les sondages suggèrent que les Canadiens restent profondément divisés sur ce changement de leadership. Une récente enquête CO24 a révélé que 42% des répondants voient Carney favorablement, tandis que 38% expriment leur scepticisme quant à ses qualifications de leader politique malgré son expertise économique.
Le nouveau premier ministre fait face à des défis immédiats sur plusieurs fronts. L’accessibilité au logement continue de se détériorer pour de nombreux Canadiens, l’inflation reste obstinée malgré une modération récente, et l’opposition conservatrice sous Pierre Poilievre maintient une avance constante de 8 à 10 points dans les sondages depuis plusieurs mois.
Durant son allocution, Carney a reconnu ces obstacles directement : “Je comprends l’anxiété que ressentent de nombreux Canadiens concernant le coût du logement, leur avenir économique, et le type de pays que nous construisons. Ce ne sont pas simplement des problèmes politiques — ce sont des réalités quotidiennes qui exigent une action immédiate.”
Carney s’est déjà engagé à déclencher une élection partielle “dans les prochaines semaines” pour obtenir son propre siège au Parlement, probablement dans une circonscription de la région d’Ottawa considérée comme un bastion libéral. Son parti doit également se préparer à des élections générales qui,