Dans un développement significatif qui témoigne d’une attention croissante aux préoccupations autochtones au niveau fédéral, le ministre des Finances Mark Carney coprésidera une réunion cruciale à huis clos avec les dirigeants inuits à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, la semaine prochaine. Cette rencontre de haut niveau survient alors que le gouvernement libéral fait face à des pressions croissantes pour résoudre les défis persistants des communautés nordiques, de la pénurie de logements aux impacts des changements climatiques.
Le sommet, prévu pour les 3 et 4 août, réunira des représentants des quatre régions de l’Inuit Nunangat—la région désignée des Inuvialuit, le Nunavut, le Nunavik et le Nunatsiavut—marquant l’une des discussions politiques nordiques les plus complètes de ces dernières années.
“Cette réunion représente une occasion cruciale de faire avancer les priorités économiques qui comptent le plus pour les communautés inuites,” a déclaré Carney à CO24 Politique dans une déclaration exclusive. “Nous sommes déterminés à faire en sorte que les politiques économiques fédérales reflètent les défis et les opportunités uniques du Nord.”
Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, a confirmé l’importance de cette rencontre, soulignant que la souveraineté économique demeure une préoccupation fondamentale pour les dirigeants inuits. “L’autodétermination de notre avenir économique n’est pas seulement une aspiration politique—c’est essentiel pour le bien-être de nos communautés,” a affirmé Obed.
L’ordre du jour de la réunion, obtenu par CO24 Nouvelles, révèle que les discussions porteront sur la mise en œuvre de la Politique sur l’Inuit Nunangat, abordant spécifiquement les lacunes en infrastructures estimées à 11,4 milliards de dollars dans les communautés nordiques. Les autres priorités comprennent les préoccupations liées à la souveraineté arctique, la transition vers les énergies renouvelables et l’amélioration des mécanismes de financement pour les initiatives de logement.
Selon des sources fédérales, la participation de Carney reflète une attention accrue au développement économique du Nord au sein du cabinet du premier ministre Trudeau, suite aux indicateurs économiques décevants des territoires l’année dernière. Statistique Canada a rapporté que le taux de chômage au Nunavut atteignait 16,8 % au dernier trimestre, significativement plus élevé que la moyenne nationale de 5,7 %.
Le moment de cette réunion est particulièrement notable compte tenu des développements récents dans le secteur des ressources arctiques. Le mois dernier, la Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions a approuvé un projet minier controversé de 6,5 milliards de dollars, sous réserve de protections environnementales sans précédent et de garanties d’emploi pour les Inuits.
“L’implication directe du ministre Carney signale la reconnaissance que la politique économique nordique ne peut pas être élaborée dans les salles de conseil d’Ottawa,” a expliqué Dre Heather Exner-Pirot, associée de recherche à l’Institut Macdonald-Laurier et experte en politique nordique. “Il y a une compréhension croissante que le développement durable de l’Arctique nécessite un partenariat significatif avec les Inuits de la conception à la mise en œuvre.”
Les critiques, cependant, remettent en question si la nature à huis clos de la réunion produira des résultats tangibles. Le critique de l’opposition pour les Affaires du Nord, Bob Zimmer, a qualifié le sommet de “nouvelle réunion de discussion” et a appelé à une action immédiate sur le logement et la sécurité alimentaire dans le Nord.
Inuvik, situé dans la région désignée des Inuvialuit, a été stratégiquement choisi comme lieu de réunion pour mettre en évidence à la fois les défis climatiques et les opportunités économiques dans l’Arctique occidental. La communauté a connu un dégel du pergélisol affectant les infrastructures critiques tout en développant simultanément des solutions innovantes d’énergie renouvelable.
Cette réunion s’appuie sur le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne établi en 2017, bien que des sources indiquent que cette rencontre se concentrera plus explicitement sur le développement économique plutôt que sur des objectifs de réconciliation plus larges. Les résultats devraient influencer les priorités budgétaires fédérales pour les communautés nordiques en 2026.
Alors que les intérêts géopolitiques arctiques s’intensifient mondialement, avec une activité accrue de la Russie et de la Chine dans les régions circumpolaires, la politique nordique du Canada a pris une importance stratégique renouvelée. La question demeure: ce sommet de haut profil traduira-t-il enfin les promesses nordiques du gouvernement en opportunités économiques concrètes pour les communautés inuites, ou renforcera-t-il simplement la perception de consultation sans action significative?