Dans une importante initiative diplomatique, le ministre des Finances Mark Carney représente le Canada lors des sommets européens de haut niveau cette semaine, faisant progresser simultanément l’agenda économique du gouvernement libéral au pays et sa position internationale à l’étranger. Le moment s’avère stratégique alors que le Sénat s’apprête à adopter la controversée Loi sur la réforme du Bureau de gestion des grands projets avant la pause estivale.
“La sécurité économique est la sécurité nationale,” a déclaré Carney à son arrivée à Bruxelles, où les dirigeants de l’UE se sont réunis pour discuter de questions commerciales pressantes et de préoccupations sécuritaires. “La voix du Canada doit être entendue clairement à ces tables internationales cruciales, surtout alors que nous naviguons dans des défis économiques mondiaux de plus en plus complexes.”
L’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre présent à ces forums signale l’engagement renouvelé du Canada envers le multilatéralisme sous la direction du Premier ministre Michael Chong. Sa participation survient alors que les relations avec les partenaires européens se sont renforcées suite aux récents accords sur les minéraux critiques et la coopération en matière de technologies propres.
Les experts en sécurité notent le double rôle inhabituel de Carney aux sommets économiques et de défense. Dr. Elaine Thompson, Directrice des relations internationales à l’Université de Toronto, explique: “Avoir votre ministre des Finances aux discussions de l’OTAN reflète la réalité moderne que les politiques économiques et de défense sont de plus en plus liées, particulièrement concernant la résilience des infrastructures et la sécurité des chaînes d’approvisionnement.”
Le projet de loi sur les grands projets représente, quant à lui, une pierre angulaire de la stratégie économique nationale du gouvernement. La législation promet de simplifier les approbations pour les projets d’infrastructure dépassant 90 millions de dollars tout en maintenant les protections environnementales. Après des mois d’examen minutieux par l’opposition aux Communes, le projet de loi semble prêt à franchir son dernier obstacle au Sénat cette semaine.
“Cette législation établit le juste équilibre entre l’accélération du développement des infrastructures critiques et le maintien de nos engagements climatiques,” a déclaré Carney aux journalistes lors d’une brève conférence de presse. “Une fois mise en œuvre, les Canadiens verront des avantages tangibles grâce à la création d’emplois et à une compétitivité accrue.”
Les acteurs de l’industrie ont largement accueilli favorablement la législation. Selon une récente enquête du Conseil canadien des affaires, 78% des grands employeurs croient que les réformes amélioreront le climat d’investissement du Canada. Cependant, les organisations environnementales maintiennent leurs préoccupations concernant un potentiel affaiblissement réglementaire, le Club Sierra du Canada mettant en garde contre des “évaluations précipitées qui compromettent les garanties écologiques.”
Les critiques de l’opposition remettent en question le moment choisi pour la tournée européenne de Carney. Le critique conservateur en matière de finances, Pierre Poilievre, a suggéré que le ministre était “opportunément à l’étranger pendant que la législation controversée passe par la porte arrière du Parlement.” Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a fait écho à ces préoccupations, exigeant des protections plus solides pour les travailleurs dans le projet de loi.
La portion du voyage de Carney au sommet de l’OTAN se concentrera sur la résilience économique face aux ingérences étrangères, avec une attention particulière à la protection des infrastructures critiques contre les menaces conventionnelles et cybernétiques. Cela représente une évolution significative du mandat de l’alliance, qui s’est élargi au-delà des préoccupations militaires traditionnelles ces dernières années.
Alors que Carney navigue dans ces forums internationaux, des questions émergent concernant la trajectoire économique du Canada dans un paysage mondial de plus en plus fragmenté. Avec la stabilisation des taux d’intérêt et le refroidissement progressif de l’inflation, comment l’ambitieux programme de projets du gouvernement se traduira-t-il en croissance durable et en amélioration du niveau de vie pour les Canadiens ordinaires?