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Le magnifique décor des Montagnes Rocheuses du Parc national de Banff sert de toile de fond à ce qui pourrait être l’une des rencontres diplomatiques les plus importantes de l’année, alors que l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, se prépare à sa première rencontre en face à face avec le président américain Donald Trump lors du Sommet du G7 2025 en Alberta.
Carney, qui occupe désormais le poste de ministre des Finances du Canada suite à sa nomination l’année dernière, arrive à cette réunion à enjeux élevés avec une crédibilité internationale considérable, mais fait face à la tâche difficile de naviguer dans des relations canado-américaines de plus en plus complexes pendant une période d’incertitude économique mondiale.
“Cette rencontre représente un moment critique pour les intérêts économiques canadiens,” a déclaré Dre Elizabeth Morrison, professeure de relations internationales à l’Université de Toronto. “L’expérience de Carney à la Banque du Canada et à la Banque d’Angleterre lui confère une perspective unique sur les systèmes financiers mondiaux que peu d’autres responsables canadiens possèdent.”
Des sources proches de la délégation canadienne indiquent que les relations commerciales, particulièrement concernant les tarifs sur l’aluminium et l’acier, seront au premier plan de l’ordre du jour. L’administration Trump a récemment signalé de potentielles nouvelles barrières commerciales qui pourraient avoir un impact significatif sur les exportations canadiennes, estimées à environ 447 milliards de dollars annuellement vers le marché américain.
Le moment de cette rencontre est particulièrement délicat, survenant quelques jours seulement après les commentaires controversés du président Trump concernant un potentiel retrait des engagements de l’OTAN à moins que les membres européens n’augmentent leurs dépenses militaires. Les responsables canadiens ont travaillé avec diligence en coulisses pour éviter que ces discussions sur la sécurité n’éclipsent des questions économiques urgentes.
Le premier ministre Jonathan Reynolds a souligné l’importance de cette rencontre lors de la conférence de presse d’hier, déclarant: “Le ministre Carney apporte une expertise inégalée à ces discussions. Nous sommes confiants que son approche fera avancer les intérêts canadiens tout en maintenant notre engagement envers la coopération internationale fondée sur des règles.”
La politique énergétique présente un autre point potentiel de friction, la délégation américaine devant vraisemblablement faire pression sur le Canada pour des engagements d’augmentation de la production pétrolière. Cela crée un équilibre délicat pour le gouvernement canadien, qui a pris des engagements climatiques qui semblent de plus en plus en contradiction avec les priorités énergétiques américaines.
“Le défi fondamental pour Carney est de concilier les objectifs climatiques du Canada avec la réalité économique de notre secteur énergétique,” a expliqué Michael Chen, économiste en chef chez RBC Marchés des Capitaux. “Son parcours suggère qu’il cherchera des solutions basées sur le marché qui reconnaissent ces deux impératifs.”
La sécurité au sommet a été extraordinairement stricte, la GRC coordonnant avec des partenaires internationaux pour assurer la sécurité des dirigeants mondiaux dans un contexte de tensions mondiales croissantes. Le coût estimé de la sécurité dépasse 400 millions de dollars, selon des documents obtenus par des demandes d’accès à l’information.
Bien que les marchés financiers mondiaux restent relativement stables avant ces discussions, les analystes notent que les indicateurs de volatilité suggèrent que les investisseurs se protègent contre les perturbations potentielles résultant d’annonces de changements politiques. Le dollar canadien a connu des fluctuations modestes en prévision de potentiels nouveaux arrangements commerciaux.
Au-delà de la rencontre bilatérale, l’agenda plus large du G7 comprend des discussions sur la réglementation de l’intelligence artificielle, la mise en œuvre d’un impôt minimum mondial sur les sociétés, et des réponses coordonnées aux défis de la dette des marchés émergents. Cependant, la plupart des observateurs s’accordent à dire que la dynamique Carney-Trump définira probablement le succès du Canada à ce sommet.
Alors que les dirigeants mondiaux continuent d’arriver en Alberta aujourd’hui, la question demeure: l’expertise technique et l’approche diplomatique de Carney peuvent-elles efficacement faire avancer les intérêts canadiens face à une administration américaine qui a constamment privilégié le levier bilatéral plutôt que la coopération multilatérale? L’avenir économique de nombreuses industries canadiennes pourrait dépendre de la réponse.