Dans une révélation frappante qui souligne l’évolution des dynamiques continentales, un nombre croissant de Canadiens perçoivent désormais les États-Unis comme une menace potentielle pour leur sécurité nationale et leur stabilité économique. Des données récentes de sondage révèlent que ce sentiment a atteint des niveaux sans précédent, reflétant une transformation profonde dans la relation traditionnellement étroite entre les deux voisins nord-américains.
L’enquête exhaustive, menée par l’Institut Angus Reid le mois dernier, indique que 38% des Canadiens considèrent maintenant les États-Unis comme une menace “assez sérieuse” ou “très sérieuse” – un chiffre qui a considérablement augmenté depuis des évaluations similaires réalisées avant 2020. Cette perception traverse les frontières démographiques, bien qu’elle semble particulièrement prononcée chez les jeunes Canadiens et ceux résidant dans les communautés frontalières.
“Ce que nous observons n’est pas simplement une réaction à des politiques spécifiques, mais plutôt une réévaluation fondamentale de la position du Canada par rapport à son voisin dominant,” explique Dr. Eleanor Hastings, professeure de relations internationales à l’Université de Toronto. “La vulnérabilité perçue découle de la dépendance économique, de l’instabilité politique potentielle aux États-Unis et des valeurs divergentes sur des questions clés.”
Les données révèlent un tableau complexe des préoccupations canadiennes. Les facteurs économiques occupent une place prépondérante, avec 64% des répondants exprimant leur inquiétude quant aux perturbations commerciales potentielles et aux tarifs douaniers qui pourraient gravement affecter les industries canadiennes. Cette anxiété économique semble bien fondée, étant donné qu’environ 75% des exportations canadiennes sont destinées aux marchés américains, créant une vulnérabilité inhérente aux changements de politique américaine.
Les préoccupations politiques sont devenues tout aussi importantes. La perspective d’un recul démocratique ou d’une détérioration institutionnelle aux États-Unis inquiète 57% des Canadiens quant aux effets de débordement sur la gouvernance et la souveraineté canadiennes. Les divergences en matière de politique climatique et les considérations de sécurité frontalière figurent également en bonne place dans les résultats.
“La relation a toujours comporté des asymétries, mais ce qui est différent maintenant, c’est la reconnaissance explicite de ces déséquilibres de pouvoir par les Canadiens ordinaires,” note Dr. Hastings. “Auparavant, les similitudes culturelles et les valeurs partagées masquaient ces inégalités structurelles dans la perception publique.”
Le gouvernement fédéral a répondu à ces changements d’attitudes par des approches diplomatiques mesurées. Le premier ministre Justin Trudeau a mis l’accent sur la poursuite de la coopération tout en poursuivant simultanément des stratégies de diversification économique et en renforçant les liens avec d’autres partenaires mondiaux. Cet acte d’équilibre reflète la position délicate dans laquelle se trouve le leadership canadien – reconnaître les préoccupations du public tout en maintenant des relations politiques essentielles avec le plus grand partenaire commercial du Canada.
Les experts en politique étrangère mettent en garde contre une surréaction, notant que malgré les tensions accrues, la relation Canada-États-Unis demeure fondamentalement solide, bâtie sur des siècles de coopération, des valeurs partagées et des systèmes économiques profondément intégrés. Pourtant, le changement psychologique révélé par les données de sondage ne peut être rejeté comme temporaire ou insignifiant.
“Ce que nous voyons peut représenter un recalibrage permanent de l’identité nationale canadienne – un qui reconnaît la nécessité de la relation avec les États-Unis tout en reconnaissant également l’importance de maintenir une indépendance significative,” explique Dr. Michael Chen, analyste des affaires mondiales à l’Institut canadien des relations internationales.
Les données de sondage révèlent également des variations régionales du sentiment. Les Canadiens de l’Atlantique expriment les niveaux d’inquiétude les plus élevés à 44%, tandis que les Albertains rapportent les plus bas à 29% – des différences qui reflètent divers degrés d’intégration économique et d’alignement politique à travers les provinces.
Alors que les deux nations approchent de potentielles transitions politiques dans les années à venir, une question critique se pose: cette méfiance croissante va-t-elle fondamentalement remodeler le partenariat nord-américain, ou les connexions structurelles profondes entre ces voisins assureront-elles finalement la continuité malgré les fluctuations du sentiment public?