Menace d’expulsion des centres éducatifs de Montréal en 2025

Olivia Carter
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Alors que la chaleur estivale de Montréal cède la place aux préparatifs d’automne, un froid d’un autre genre s’est abattu sur le secteur populaire de l’éducation de la ville. Plusieurs centres d’éducation communautaires essentiels à travers Montréal font désormais face à une possible expulsion dans ce que les défenseurs locaux qualifient de “crise évitable” résultant de mois de loyers impayés et de complications bureaucratiques.

En traversant le quartier animé de Côte-des-Neiges mardi dernier, j’ai pu constater de mes propres yeux l’anxiété qui se lisait sur les visages au Centre d’éducation populaire, où la directrice Marie Lapointe travaille sans relâche pour trouver des solutions alternatives. “Nous servons plus de 400 familles chaque semaine avec des programmes d’alphabétisation, d’orientation pour les nouveaux arrivants et de formation professionnelle,” explique Lapointe. “Ce ne sont pas des services de luxe—ce sont des bouées de sauvetage essentielles pour la communauté.”

Selon les documents municipaux obtenus par CO24 News, au moins six centres d’éducation à travers Montréal ont reçu des avis d’expulsion formels prenant effet en septembre 2025, ce qui pourrait déplacer des milliers d’apprenants. Ces centres, qui desservent principalement les communautés à faible revenu et immigrantes, doivent collectivement environ 375 000 $ d’arriérés de loyer à divers propriétaires.

Le conseiller municipal Dominique Gagnon a reconnu la gravité de la situation lors de la réunion d’urgence du conseil d’hier. “Ces centres fonctionnent avec des marges très étroites. Quand le financement provincial a été retardé au dernier trimestre fiscal, cela a créé un effet cascade que nous avons maintenant du mal à contenir,” a déclaré Gagnon. Les retards de financement proviendraient de changements administratifs au sein du ministère de l’Éducation du Québec qui ont temporairement gelé les versements aux organismes communautaires.

Ces expulsions potentielles surviennent à un moment particulièrement critique pour le paysage de l’éducation des adultes au Canada. Les données récentes de Statistique Canada montrent que la participation aux programmes d’éducation communautaire a augmenté de 28 % depuis 2023, avec la plus forte croissance parmi les nouveaux Canadiens et ceux qui cherchent à améliorer leurs compétences professionnelles en réponse à l’évolution du marché du travail.

“Nous n’enseignons pas seulement des compétences de base—nous construisons la résilience communautaire,” explique Ahmed Hassan, qui coordonne les programmes de préparation à l’emploi au Collectif d’éducation de Saint-Henri, un autre centre menacé de déplacement. “Quand quelqu’un apprend à lire ici, il se connecte également avec ses voisins, trouve des solutions de garde d’enfants, accède à des ressources en santé mentale. On ne peut pas simplement relocaliser ces services écosystémiques.”

Le bureau de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a publié un communiqué confirmant que les responsables municipaux explorent des options d’intervention d’urgence, y compris des subventions temporaires de loyer et l’utilisation potentielle d’espaces municipaux. Cependant, la déclaration s’est gardée de garantir une résolution avant l’échéance de septembre 2025.

Les défenseurs communautaires soulignent des crises similaires résolues à Toronto et Vancouver grâce à des partenariats public-privé coordonnés. Lors de la crise des centres d’éducation de Toronto en 2023, des commandites d’entreprises ont comblé le fossé financier pendant que des solutions de financement à long terme étaient développées.

“Ce qui est particulièrement frustrant, c’est que ce n’est pas un problème financier insurmontable,” a noté Jean-Philippe Tremblay, porte-parole de la Fédération québécoise des organismes communautaires. “Le montant total nécessaire pour prévenir ces expulsions représente moins de 0,03 % du budget provincial de l’éducation. C’est une question de priorités, pas de ressources.”

Alors que les centres d’éducation de Montréal font face à cet avenir incertain, une question plus large se pose : dans une économie du savoir où l’apprentissage continu est devenu essentiel à la survie économique, pouvons-nous nous permettre de traiter l’éducation communautaire comme facultative? Lorsque les centres d’alphabétisation et de développement des compétences de base disparaissent des quartiers déjà confrontés à des défis socioéconomiques, qu’advient-il de nos engagements envers l’égalité des chances et la mobilité sociale?

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