Dans une nette escalade des tensions économiques transfrontalières, la récente menace de l’ancien président Donald Trump d’imposer un tarif douanier général de 35 % sur les importations canadiennes a provoqué des ondes de choc dans le paysage économique intégré de l’Amérique du Nord. La Chambre de commerce du Canada a émis hier une réponse vigoureuse, avertissant que de telles mesures nuiraient gravement aux deux économies tout en ne parvenant pas à atteindre leurs objectifs déclarés.
“Les tarifs douaniers sont des taxes qui nuisent aux consommateurs et aux entreprises des deux côtés de la frontière,” a déclaré Perrin Beatty, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada. “Ils font grimper les prix, perturbent les chaînes d’approvisionnement et finissent par coûter des emplois dans les deux pays. L’intégration économique profonde entre le Canada et les États-Unis signifie que des tarifs punitifs seraient autant une taxe sur les entreprises et les consommateurs américains que sur les Canadiens.”
Le moment choisi pour la menace de Trump survient à un moment particulièrement délicat pour les relations canado-américaines, alors que les deux nations naviguent dans la reprise économique post-pandémique au milieu de la restructuration des chaînes d’approvisionnement mondiales. Selon l’analyse de World News, les échanges commerciaux bilatéraux entre les pays ont atteint 855 milliards de dollars en 2023, soutenant environ 9 millions d’emplois américains directement liés au commerce et aux investissements avec le Canada.
Les experts économiques du CO24 Business soulignent que le Canada demeure le plus grand marché d’exportation des États-Unis, avec des exportations américaines de biens et services vers le Canada totalisant 384 milliards de dollars l’an dernier. De plus, près de 400 000 personnes et 2,3 milliards de dollars de biens et services traversent quotidiennement la frontière canado-américaine.
“Ce ne sont pas simplement des statistiques abstraites,” note Sarah Reynolds, économiste principale à l’Université de Toronto. “Les tarifs proposés auraient un impact direct sur les chaînes d’approvisionnement intégrées qui ont été construites au cours des décennies, particulièrement dans les secteurs de l’automobile, de l’agriculture et de l’énergie où les composants traversent souvent la frontière plusieurs fois durant la production.”
La Chambre canadienne a souligné que le commerce bilatéral est remarquablement équilibré, avec un modeste excédent commercial américain de biens et services de 41,5 milliards de dollars en 2023. Cette réalité contraste fortement avec le narratif de pratiques commerciales déloyales qui accompagne typiquement les menaces tarifaires, selon l’analyse de CO24 Politics.
Les responsables gouvernementaux canadiens sont restés mesurés dans leurs réponses publiques, le premier ministre Justin Trudeau affirmant que le Canada “défendra toujours les travailleurs et les entreprises canadiennes” tout en exprimant sa confiance dans la résilience de la relation bilatérale. En coulisses, cependant, les sources de Canada News rapportent que la planification d’urgence est déjà en cours pour d’éventuelles mesures de représailles si les menaces se concrétisaient.
La déclaration de la Chambre a mis en évidence des secteurs spécifiques qui feraient face à une perturbation immédiate, notamment l’industrie automobile, l’agriculture, les produits forestiers et l’énergie. “Le secteur automobile à lui seul verrait les coûts de production augmenter de plusieurs milliards, forçant potentiellement des fermetures d’usines des deux côtés de la frontière,” a averti l’analyste industriel Michael Chen.
Les précédents différends tarifaires durant la première administration Trump ont entraîné des mesures de représailles du Canada sur des produits américains allant de l’acier au bourbon, créant des points de douleur économique spécifiquement ciblés sur des régions politiquement sensibles aux États-Unis.
“L’histoire nous a appris que les guerres tarifaires n’ont pas de gagnants, seulement différents degrés de pertes,” a conclu Beatty dans la déclaration de la Chambre. “Nous exhortons à un retour à l’approche collaborative qui a rendu l’économie nord-américaine plus forte et plus compétitive à l’échelle mondiale.”
Alors que les marchés digèrent ces développements, la question clé demeure : à une époque de concurrence économique mondiale croissante, particulièrement de la Chine, l’Amérique du Nord peut-elle se permettre la blessure auto-infligée des barrières commerciales entre ses économies les plus intégrées?