Dans une affaire qui a bouleversé les quartiers habituellement paisibles d’Edmonton, les procédures judiciaires ont révélé hier que les problèmes de santé mentale seront probablement au centre de la défense d’un homme accusé du meurtre apparemment aléatoire d’un résident âgé.
La victime de 68 ans, dont l’identité est retenue en attendant la notification des membres éloignés de la famille, a été retrouvée inconsciente dans sa résidence du nord-est d’Edmonton jeudi dernier après que des voisins aient signalé une activité inhabituelle. Selon les déclarations de la police, il n’y avait aucun lien apparent entre la victime et l’accusé de 27 ans, qui a été appréhendé à quelques pâtés de maisons peu après l’incident.
“Il semble s’agir d’une attaque complètement aléatoire, ce qui la rend d’autant plus troublante pour la communauté,” a déclaré la sergente-détective Maria Hernandez lors du point de presse d’hier. “La victime vaquait simplement à ses occupations lorsque cette tragédie s’est produite.”
Les documents judiciaires obtenus par CO24 indiquent que l’avocat de l’accusé a déjà signalé son intention de poursuivre une défense centrée sur les antécédents documentés de maladie mentale grave de l’homme. Selon des membres de la famille qui ont parlé sous couvert d’anonymat, l’accusé avait reçu un diagnostic de schizophrénie il y a plusieurs années et avait eu du mal à maintenir un traitement cohérent.
“L’aspect de la santé mentale dans des cas comme celui-ci présente des défis complexes pour notre système judiciaire,” explique Dre Anita Singh, psychiatre légiste à l’Université de l’Alberta. “Les tribunaux doivent équilibrer la responsabilité avec la réalité qu’une maladie mentale grave peut profondément affecter la capacité d’une personne à comprendre ses actions ou à exercer un jugement rationnel.”
Cette affaire survient dans un contexte de préoccupations croissantes concernant les lacunes dans les services de santé mentale en Alberta, les groupes de défense pointant l’insuffisance des systèmes de soutien communautaires pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques graves. La section d’Edmonton de l’Association canadienne pour la santé mentale a documenté une augmentation de 37 % des appels de crise liés à des maladies mentales non traitées au cours des trois dernières années.
Le conseiller municipal David Ramirez, qui représente le district où l’incident s’est produit, a souligné la double tragédie en jeu. “Nous sommes témoins des conséquences dévastatrices lorsque des personnes vulnérables passent entre les mailles du filet de notre système de santé mentale. Bien que nos pensées aillent à la famille de la victime, nous devons également reconnaître que cela représente un échec de nos systèmes de soutien.”
Les statistiques du Service de police d’Edmonton indiquent que les incidents impliquant des personnes en crise de santé mentale ont augmenté régulièrement depuis 2019, bien qu’ils précisent que la plupart ne se traduisent pas par des actes de violence envers autrui.
L’accusé reste en détention après une brève comparution devant le tribunal où il a été placé en détention pour évaluation psychiatrique. Le juge a ordonné une évaluation de 30 jours à l’Hôpital de l’Alberta pour déterminer son aptitude à subir un procès, les procédures devant reprendre le mois prochain.
Alors que la communauté est aux prises avec cette tragédie, des questions persistent sur l’équilibre délicat entre la sécurité publique et la réponse aux besoins des personnes souffrant de maladies mentales graves. Quelle responsabilité portent nos systèmes lorsque ceux qui souffrent de troubles psychiatriques commettent des actes violents, et comment pourrions-nous mieux prévenir de telles tragédies avant qu’elles ne se produisent?