Dans un changement important par rapport à la planification fiscale traditionnelle, la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a confirmé mercredi que le gouvernement ne présentera pas de budget complet pour l’exercice 2025-2026, optant plutôt pour une mise à jour financière simplifiée. Cette annonce survient dans un contexte de pressions économiques croissantes et de spéculations généralisées sur l’orientation fiscale du pays suite aux récentes initiatives politiques.
“Nous déposerons un projet de loi d’exécution du budget cet automne pour respecter les engagements budgétaires en suspens,” a déclaré Freeland lors des travaux parlementaires lorsqu’elle a été interrogée sur la feuille de route financière du gouvernement. La ministre a souligné que l’accent serait mis sur la mise en œuvre des promesses existantes plutôt que sur l’introduction de nouveaux changements fiscaux majeurs.
Cette décision marque une rupture notable avec le processus budgétaire standard du Canada, où des plans économiques complets sont généralement présentés annuellement. Selon les analystes économiques, cette approche signale la position prudente du gouvernement alors que le Canada fait face à des préoccupations persistantes concernant l’inflation et des marchés mondiaux incertains.
Les observateurs politiques notent que le gouvernement libéral, qui gouverne avec le soutien du Nouveau Parti démocratique depuis 2021, fait l’objet d’un examen croissant concernant sa gestion de l’économie. Les partis d’opposition ont rapidement critiqué cette décision, le porte-parole conservateur en matière de finances, Jasraj Singh Hallan, la qualifiant d'”irresponsabilité fiscale totale” et exigeant une comptabilisation complète des plans de dépenses gouvernementales.
Le moment de cette décision est particulièrement remarquable alors que le Canada s’approche d’une élection fédérale, qui doit être déclenchée au plus tard en octobre 2025. Des responsables du ministère des Finances, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont indiqué que la stratégie fiscale du gouvernement vise à maintenir la stabilité pendant cette période préélectorale tout en relevant les défis économiques immédiats.
“Il ne s’agit pas d’éviter la transparence fiscale,” a expliqué Dre Elaine Chambers, économiste au Centre canadien de politiques alternatives. “Cela reflète plutôt la réalité selon laquelle la planification à long terme est devenue de plus en plus difficile dans l’environnement économique volatil d’aujourd’hui.”
Les données économiques de Statistique Canada montrent que, bien que l’inflation se soit modérée par rapport à ses sommets de 2022, l’abordabilité du logement demeure une préoccupation critique dans tout le pays. Les récentes décisions de la Banque du Canada concernant les taux d’intérêt ont eu des effets mitigés sur les finances des ménages.
La mise à jour budgétaire, attendue plus tard cette année, se concentrera probablement sur la mise en œuvre de mesures précédemment annoncées, notamment le programme national d’assurance-médicaments, les initiatives en matière de logement et les investissements dans les technologies propres. Ces priorités s’alignent sur les engagements pris pour maintenir le soutien parlementaire du NPD.
Les observateurs internationaux de l’OCDE et du FMI ont suivi de près l’approche fiscale du Canada, notamment alors que d’autres nations du G7 ajustent leurs propres stratégies économiques en réponse à l’évolution des conditions mondiales. L’approche du Canada contraste avec la consolidation fiscale plus agressive observée dans certaines économies européennes.
Alors que les Canadiens attendent plus de détails sur cette mise à jour financière, une question demeure primordiale : cette approche simplifiée de la planification fiscale fournira-t-elle la certitude économique dont le pays a besoin, ou ne fait-elle que reporter les décisions difficiles jusqu’après le passage des électeurs aux urnes?