Dans une annonce très attendue, le ministre des Finances François-Philippe Champagne a confirmé aujourd’hui que le gouvernement fédéral présentera sa mise à jour économique d’automne avant la fin novembre, préparant le terrain pour ce que de nombreux économistes considèrent comme un moment décisif pour la trajectoire fiscale du Canada, dans un contexte d’inflation persistante et de préoccupations concernant l’abordabilité du logement.
“Les Canadiens peuvent s’attendre à des mesures concrètes pour faire face aux défis du coût de la vie auxquels les familles sont confrontées partout au pays,” a déclaré Champagne lors d’une conférence de presse à Ottawa. “Cette mise à jour reflètera l’engagement de notre gouvernement envers la responsabilité fiscale tout en continuant de soutenir les plus vulnérables aux pressions économiques.”
Cette annonce survient alors que l’économie canadienne montre des signaux mitigés. Bien que les chiffres de l’emploi soient restés relativement stables avec un taux de chômage autour de 6,4%, l’inflation continue de poser des défis pour les budgets des ménages. Les récentes décisions de la Banque du Canada concernant les taux d’intérêt ont apporté un certain soulagement, mais de nombreuses familles canadiennes signalent des difficultés persistantes avec les prix des épiceries et les coûts du logement.
Les analystes économiques prévoient que la mise à jour comprendra des mesures ciblées plutôt que des initiatives de dépenses générales. “Le gouvernement marche sur une corde raide entre la gestion des pressions immédiates sur les coûts et le maintien de la prudence fiscale,” remarque Dre Elaine Wong, économiste principale à l’Institut économique canadien. “Nous devrions nous attendre à des interventions ciblées plutôt qu’à de nouveaux programmes de grande envergure.”
Les domaines susceptibles d’être abordés comprennent des mesures d’abordabilité du logement, d’éventuelles dispositions d’allègement pour les consommateurs, et des mises à jour des initiatives précédemment annoncées visant à renforcer la compétitivité industrielle du Canada dans des secteurs critiques, notamment la fabrication et les technologies propres.
Les critiques de l’opposition ont déjà exprimé des inquiétudes quant au calendrier et à la portée potentielle de la mise à jour. Le critique en matière de finances du Parti conservateur, Jasraj Singh Hallan, s’est demandé si les mesures iront assez loin. “Les Canadiens ont besoin d’un soulagement significatif maintenant, pas de demi-mesures qui ne parviennent pas à s’attaquer aux causes profondes de nos défis économiques,” a remarqué Hallan dans une déclaration publiée suite à l’annonce de Champagne.
Les leaders d’entreprises à travers le pays portent une attention particulière aux ajustements fiscaux potentiels et aux incitatifs à l’investissement qui pourraient être inclus. La Chambre de commerce du Canada a plaidé pour des mesures visant à stimuler la productivité et à remédier aux pénuries de main-d’œuvre qui continuent d’entraver la croissance dans plusieurs secteurs.
“La prochaine mise à jour économique représente une occasion cruciale de signaler la confiance aux investisseurs tout en abordant les problèmes d’abordabilité très réels auxquels font face les Canadiens,” a déclaré Perrin Beatty, président de la Chambre de commerce du Canada. “Nous avons besoin d’approches équilibrées qui stimulent la croissance tout en gérant l’inflation.”
Le moment choisi pour la mise à jour – juste au moment où les Canadiens se préparent aux dépenses des Fêtes – ajoute une autre dimension d’importance à l’annonce. Les associations de détaillants ont exprimé l’espoir que toutes mesures axées sur les consommateurs pourraient aider à stimuler les dépenses pendant la cruciale saison d’achats du quatrième trimestre.
Les organismes de surveillance budgétaire parlementaires ont prévenu que le gouvernement dispose d’une marge de manœuvre fiscale limitée après plusieurs années de dépenses liées à la pandémie et de mesures subséquentes de lutte contre l’inflation. La mise à jour d’automne fournira des indications cruciales sur la façon dont le gouvernement Trudeau prévoit de naviguer dans ces contraintes tout en abordant les préoccupations économiques pressantes.
Comme le soulignent les observateurs politiques, cette mise à jour économique pourrait également servir d’aperçu des priorités susceptibles d’apparaître dans le prochain budget fédéral, établissant potentiellement le ton de la politique économique à l’approche d’une période où le positionnement électoral devient de plus en plus important.
La mise à jour économique du gouvernement réussira-t-elle à équilibrer le soulagement immédiat avec la viabilité fiscale à long terme, ou représentera-t-elle une autre occasion manquée de s’attaquer aux défis structurels auxquels l’économie canadienne est confrontée?