Dans un tournant surprenant pour le paysage financier de l’Alberta, la mise à jour fiscale de fin d’année de la province publiée hier après-midi a montré des chiffres nettement meilleurs que prévu, marquant un changement décisif dans la trajectoire économique de la province. Le ministre des Finances Travis Toews a annoncé un modeste excédent de 2,4 milliards de dollars pour l’exercice 2024-2025, défiant les projections antérieures qui avaient anticipé une position financière plus contrainte.
“La mise à jour fiscale d’aujourd’hui représente l’aboutissement d’une gestion financière disciplinée et d’un secteur énergétique en reprise,” a déclaré Toews lors de la conférence de presse à l’Assemblée législative de l’Alberta. “Bien que nous restions prudemment optimistes, ces chiffres reflètent notre engagement envers une gestion responsable des ressources publiques dans des conditions mondiales incertaines.”
L’amélioration de la position fiscale provient en grande partie de revenus inattendus des ressources, avec des prix du pétrole atteignant en moyenne 78 dollars le baril sur l’exercice—environ 6 dollars de plus que les projections conservatrices du gouvernement. Cela s’est traduit par près de 1,7 milliard de dollars de revenus supplémentaires des ressources, offrant une marge de manœuvre cruciale pour les finances provinciales.
L’économie provinciale a démontré une résilience remarquable malgré les vents contraires mondiaux. La croissance du PIB a atteint 2,9%, dépassant la moyenne nationale et les prévisions de 2,3% du budget initial. Les chiffres du chômage se sont également améliorés, passant de 6,3% l’année précédente à 5,7%.
Cependant, les économistes préviennent que des défis structurels demeurent sous ces manchettes positives. La mise à jour fiscale a révélé que la croissance des revenus non liés aux ressources reste lente à 1,3%, soulignant la dépendance continue de l’Alberta aux marchés énergétiques volatils pour sa stabilité fiscale.
“Bien que l’excédent soit certainement une bonne nouvelle, l’Alberta fait toujours face à un défi fondamental de diversification des revenus,” a noté Dr. Emma Richardson, économiste à l’Université de Calgary. “Les fondations fiscales de la province restent vulnérables aux chocs externes des marchés énergétiques mondiaux qui sont hors du contrôle provincial.”
Les dépenses gouvernementales ont augmenté de 3,2% d’une année sur l’autre, principalement dans la santé et l’éducation. Le budget de la santé a reçu une allocation supplémentaire de 412 millions de dollars pour répondre aux retards chirurgicaux et aux pressions des services d’urgence, tandis que l’éducation a reçu une augmentation de 278 millions de dollars pour les soutiens en classe et la mise en œuvre du programme scolaire.
La mise à jour fiscale a également confirmé que le Fonds du patrimoine de l’Alberta s’élève maintenant à 22,8 milliards de dollars, suite à une contribution de 1,1 milliard de dollars provenant de l’excédent de cette année—le plus important dépôt depuis plus d’une décennie. Le reste de l’excédent a été alloué à la réduction de la dette, ramenant le ratio dette nette/PIB de l’Alberta à 9,6%, le plus bas parmi les provinces canadiennes.
La critique des finances de l’opposition, Shannon Phillips, a critiqué certains aspects de l’approche du gouvernement, soutenant que “les revenus exceptionnels des ressources devraient être investis plus agressivement dans la diversification économique plutôt que dans une modeste réduction de la dette pendant une période de taux d’intérêt historiquement bas.”
Les investissements en infrastructure ont été inférieurs de 8% aux projections budgétaires, soulevant des préoccupations concernant les coûts d’entretien différés et les passifs potentiels futurs. La mise à jour fiscale a indiqué qu’environ 340 millions de dollars de dépenses en capital prévues avaient été reportées aux années futures.
La province a également rapporté des progrès sur son initiative “L’Alberta d’abord pour l’emploi“, avec 18 700 nouveaux emplois dans le secteur privé créés depuis janvier. Cependant, la croissance de l’emploi reste concentrée dans les secteurs traditionnels, les industries émergentes ayant encore du mal à prendre de l’ampleur significative dans l’économie provinciale.
Alors que l’Alberta navigue dans sa réalité économique post-pandémique, la question demeure: la province peut-elle transformer l’excédent actuel tiré des ressources en une croissance économique durable et diversifiée qui résiste à la volatilité future du marché de l’énergie?