Dans un revirement inattendu qui a secoué le paysage politique de Vancouver, le maire Ken Sim s’est fermement opposé au projet de loi provincial qui abolirait la Commission des parcs historique de la ville. Cette annonce marque un changement significatif dans la position du maire, qui préconisait auparavant la dissolution de cette institution vieille de 136 ans.
Lors d’une conférence de presse mercredi, le maire Sim a exprimé de profondes préoccupations concernant l’approche du gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique visant à démanteler la Commission des parcs de Vancouver, qualifiant la législation de “draconienne” et “franchement non canadienne”. Ce revirement spectaculaire survient moins de six mois après que Sim et les conseillers de son parti ABC ont voté à 6 contre 3 pour demander à la province de modifier la charte de Vancouver afin d’éliminer la commission élue.
“Ce n’est pas ce que nous avons demandé,” a déclaré Sim, visiblement frustré. “Nous avions une demande très précise au gouvernement provincial. Ce qu’ils ont présenté va bien au-delà et prive Vancouver de son autonomie.”
Le controversé projet de loi 44, présenté mardi par la ministre des Affaires municipales Anne Kang, transférerait le contrôle des vastes parcs et installations récréatives de Vancouver directement au conseil municipal d’ici janvier 2025. La législation a suscité un débat intense sur la gouvernance locale et la représentation démocratique.
Vancouver demeure la seule municipalité au Canada disposant d’un organisme élu indépendant supervisant les parcs et installations récréatives. Les critiques du système actuel soulignent les inefficacités et les efforts en double, tandis que les partisans soutiennent que cette surveillance spécialisée offre une protection essentielle aux espaces verts de la ville.
L’ancien commissaire de la Commission des parcs, Stuart Mackinnon, a exprimé sa consternation face aux changements proposés. “Cette législation représente une érosion fondamentale de la démocratie locale,” a-t-il déclaré aux journalistes. “Le système des parcs de Vancouver a été conçu pour être protégé de l’ingérence politique, et cette mesure menace cet héritage.”
Les implications financières restent au centre du débat. La Commission des parcs gère un budget annuel dépassant 145 millions de dollars et supervise plus de 240 parcs, 160 terrains de sport et de nombreux centres communautaires à travers la ville. Les partisans de la dissolution soutiennent que la rationalisation des opérations pourrait potentiellement économiser des millions aux contribuables, bien que des projections financières spécifiques n’aient pas été publiées.
Les experts en gouvernance municipale ont soulevé des préoccupations quant au précédent que cette législation établit. Dr. Elena Sandoval, professeure de sciences politiques à l’Université de la Colombie-Britannique, note: “Lorsque les gouvernements provinciaux interviennent dans les structures municipales sans consultation complète, cela soulève d’importantes questions sur l’autonomie des gouvernements locaux à travers le Canada.”
La province défend son approche, la ministre Kang affirmant que les changements “amélioreront la prestation de services, réduiront les barrières bureaucratiques et créeront un système de parcs plus réactif pour les résidents de Vancouver.” Cependant, la portée étendue de la législation a alarmé même ceux qui soutenaient initialement la réforme.
Alors que ce drame politique se déroule, les résidents de Vancouver s’interrogent sur l’avenir d’institutions bien-aimées comme le parc Stanley, le parc Queen Elizabeth, et des dizaines de centres communautaires qui ont défini la vie de quartier depuis des générations. La consolidation du pouvoir sous le conseil municipal mènera-t-elle à une gestion plus efficace de ces espaces, ou supprimera-t-elle une couche cruciale de surveillance spécialisée qui a préservé la réputation de Vancouver comme l’une des villes les plus agréables à vivre au monde?