Alors que le retour potentiel de Donald Trump à la Maison-Blanche se profile, les responsables canadiens intensifient discrètement mais rapidement leurs préparatifs pour une nouvelle ère de relations commerciales avec notre plus grand partenaire économique. L’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, est devenu une figure clé dans cette partie d’échecs diplomatique à enjeux élevés, mettant son importante expertise financière au service de ce qui pourrait devenir le plus grand défi économique du Canada depuis des décennies.
“Nous ne restons pas les bras croisés en attendant les résultats de novembre,” a révélé un haut fonctionnaire du gouvernement qui a demandé l’anonymat pour discuter de questions diplomatiques sensibles. “Il y a une reconnaissance, tous partis confondus, que peu importe qui occupe le Bureau ovale, le Canada doit être proactif plutôt que réactif en ce qui concerne notre souveraineté économique.”
Carney, dont l’expérience de navigation dans les eaux financières mondiales pendant son mandat à la Banque du Canada et à la Banque d’Angleterre, s’est engagé dans ce que les initiés décrivent comme des “dialogues stratégiques” avec ses homologues américains. Sa participation signale le sérieux avec lequel Ottawa considère les changements potentiels dans les relations commerciales canado-américaines.
Les enjeux ne pourraient être plus élevés. Le commerce avec les États-Unis représente environ 75% des exportations du Canada et soutient des millions d’emplois à travers le pays. La précédente présidence de Trump a vu la renégociation de l’ALENA en ACEUM, un processus marqué par des négociations tendues et des menaces de tarifs douaniers punitifs.
Le premier ministre Doug Ford s’est également lancé dans la mêlée diplomatique, tirant parti de ses relations préalablement établies avec les dirigeants républicains. “Les intérêts économiques de l’Ontario sont intrinsèquement liés aux marchés américains,” a déclaré Ford lors d’un récent forum d’affaires à Toronto. “Nous construisons maintenant des ponts qui nous serviront quels que soient les résultats des élections.”
Des sources familières avec les préparatifs indiquent que les responsables canadiens élaborent des plans d’urgence pour plusieurs scénarios, notamment d’éventuels tarifs sur l’aluminium et l’acier canadiens, des perturbations dans la fabrication automobile et des tensions commerciales agricoles. La stratégie semble axée sur l’identification des points de pression clés où le Canada maintient un levier tout en préparant des positions défensives pour les secteurs vulnérables.
“Ce que nous voyons est une coordination sans précédent entre les gouvernements fédéral et provinciaux,” a expliqué Dre Amrita Singh, professeure de commerce international à l’Université Queen’s. “Il existe une compréhension sophistiquée que le Canada doit aborder ces négociations potentielles avec à la fois flexibilité et des lignes rouges clairement définies.”
La préparation s’étend au-delà des cercles gouvernementaux. Les associations industrielles représentant des secteurs allant de l’énergie à la fabrication développent leurs propres réponses stratégiques, beaucoup travaillant de concert avec les responsables gouvernementaux pour présenter des positions unifiées.
Cette approche proactive marque un changement significatif par rapport à l’approche traditionnelle canadienne d’attente face aux élections américaines. “Les leçons de 2016 ont été douloureuses mais précieuses,” a noté un diplomate de haut rang. “Nous avons appris qu’espérer le meilleur n’est pas une stratégie.”
Bien que le message officiel reste celui de travailler productivement avec n’importe quelle administration américaine, l’intensité des préparatifs en coulisses suggère une préoccupation réelle concernant des changements potentiellement perturbateurs dans la relation commerciale qui forme l’épine dorsale de l’économie canadienne.
Alors que ces préparatifs s’accélèrent, une question fondamentale se pose pour les Canadiens de tout le spectre politique : dans une ère de nationalisme économique croissant et d’alliances mondiales changeantes, le Canada peut-il maintenir à la fois sa souveraineté et sa prospérité tout en restant si profondément intégré à une économie américaine de plus en plus imprévisible?