L’ancien président Donald Trump a brusquement interrompu hier les négociations commerciales avec le Canada, citant la nouvelle taxe de 3% sur les grandes entreprises technologiques comme point de rupture. Cette décision ébranle les relations économiques nord-américaines quelques semaines seulement après le début des discussions préliminaires.
“Je mets fin aux pourparlers avec le Canada jusqu’à ce qu’ils suppriment leur taxe injuste sur les services numériques qui cible les entreprises américaines,” a déclaré Trump lors d’un rassemblement au Michigan. “Ils veulent notre protection, notre soutien militaire, mais ensuite ils taxent nos plus grandes entreprises. Ça ne fonctionne pas comme ça.”
La taxe canadienne sur les services numériques, entrée en vigueur le mois dernier, s’applique aux géants technologiques générant des revenus mondiaux supérieurs à 1 milliard de dollars et des revenus canadiens dépassant 20 millions de dollars. La mesure touche principalement les sociétés américaines comme Google, Amazon et Meta, qui, selon les responsables canadiens, ont bénéficié d’un avantage fiscal par rapport aux concurrents nationaux.
La ministre des Finances Chrystia Freeland a défendu cette politique, insistant sur le fait qu’elle crée des conditions équitables. “Il ne s’agit pas de cibler les entreprises américaines, mais de s’assurer que tout le monde contribue équitablement à notre économie numérique,” a déclaré Freeland lors d’une conférence de presse d’urgence à Ottawa.
Les experts commerciaux y voient le dernier chapitre de la détérioration des relations économiques entre le Canada et les États-Unis. “Nous assistons à un changement fondamental dans la façon dont ces puissances voisines abordent le commerce bilatéral,” explique Dr. Martin Chen, économiste principal au Centre Wilson. “L’économie numérique a créé de nouveaux points de friction que le cadre de l’ACEUM n’était pas entièrement conçu pour traiter.”
Le différend menace de saper l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) soigneusement équilibré, qui a remplacé l’ALENA en 2020. L’accord, évalué à environ 1,5 billion de dollars d’échanges trilatéraux annuels, n’aborde pas spécifiquement la taxation des services numériques, créant une zone grise réglementaire que les deux pays interprètent différemment.
Wall Street a réagi rapidement à l’annonce, les actions technologiques chutant en moyenne de 2,3% à la clôture du marché. Les marchés canadiens ont montré une volatilité similaire, particulièrement parmi les entreprises fortement dépendantes du commerce transfrontalier.
Pour l’économie canadienne, qui envoie plus de 75% de ses exportations aux États-Unis, des tensions commerciales prolongées pourraient s’avérer coûteuses. La Chambre de commerce du Canada estime que même une perturbation à court terme pourrait affecter plus de 2 milliards de dollars de flux commerciaux hebdomadaires.
Reste à savoir s’il s’agit d’une posture de négociation ou d’une position plus permanente. Ce qui est certain, c’est qu’à mesure que le commerce numérique continue de remodeler le paysage économique, les cadres commerciaux traditionnels peinent à suivre le rythme, laissant les deux alliés naviguer en eaux inconnues dans leur relation économique complexe.