Dans un affrontement diplomatique sans précédent, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a directement remis en question la position du Canada sur le conflit à Gaza, marquant une escalade significative des tensions entre ces nations traditionnellement alliées. Lors d’une allocution télévisée mercredi, Netanyahu a pointé du doigt le Canada, aux côtés de la France et du Royaume-Uni, pour leurs récents avertissements contre l’offensive militaire planifiée par Israël à Rafah, où plus d’un million de civils palestiniens ont cherché refuge.
“Je regrette profondément que la Grande-Bretagne, la France et le Canada se soient joints aux appels visant à empêcher Israël d’entrer à Rafah et de compléter l’élimination des bataillons du Hamas qui s’y trouvent,” a déclaré Netanyahu, sa voix portant le poids d’un dirigeant confronté à une pression internationale croissante. “Ces nations n’accepteraient pas que des groupes terroristes massacrent leurs citoyens en toute impunité—Israël mérite ce même droit à l’autodéfense.”
La réprimande du Premier ministre fait directement suite à une déclaration conjointe publiée par le Canada, la France et le Royaume-Uni plus tôt cette semaine, exprimant une “profonde inquiétude” quant aux conséquences humanitaires d’une opération militaire israélienne à Rafah. Les trois nations ont averti qu’une telle offensive pourrait entraîner des “conséquences catastrophiques pour les civils” et ont exhorté Israël à prioriser la protection des civils.
La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a maintenu que la position du Canada représente une approche équilibrée qui reconnaît à la fois le droit d’Israël à la sécurité et l’urgence de la crise humanitaire qui se déroule à Gaza. “Nous avons constamment soutenu le droit d’Israël à se défendre contre le Hamas tout en plaidant pour la protection des vies civiles,” a déclaré Joly lors d’une conférence de presse à Ottawa.
Cependant, le gouvernement de Netanyahu semble de plus en plus frustré par ce qu’il perçoit comme une ingérence internationale dans ses opérations de sécurité. Les responsables israéliens ont répété à maintes reprises que le Hamas maintient une infrastructure militaire importante à Rafah, qui, selon eux, doit être démantelée pour prévenir de futures attaques.
Les tensions diplomatiques se déroulent dans un contexte d’aggravation des conditions à Gaza, où le bilan des morts a dépassé 34 000 personnes depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas. Les organisations d’aide internationale ont averti qu’une offensive sur Rafah pourrait déclencher une catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent, avec des voies d’évacuation limitées pour des civils déjà déplacés à plusieurs reprises.
Les leaders des communautés juive et palestinienne au Canada ont exprimé des opinions divergentes sur l’approche du gouvernement. David Cooper du Comité Canada-Israël a salué la franchise de Netanyahu, déclarant: “Israël fait face à une menace existentielle et a besoin d’alliés qui comprennent la complexité de combattre des organisations terroristes intégrées dans des populations civiles.” Pendant ce temps, Sara Mahmoud de l’Association canadienne palestinienne a soutenu que “les avertissements du Canada ne vont pas assez loin alors que des civils meurent quotidiennement et que le droit international est violé.”
Le conflit a de plus en plus divisé la politique canadienne, le chef conservateur Pierre Poilievre critiquant le gouvernement libéral pour ce qu’il décrit comme “l’abandon d’un allié démocratique,” tandis que le chef du NPD Jagmeet Singh a appelé à des mesures plus fortes, incluant de potentielles sanctions et un embargo sur les armes contre Israël.
Alors que les efforts diplomatiques se poursuivent par de multiples canaux, y compris les négociations menées par les États-Unis pour un cessez-le-feu et un accord de libération d’otages, la communauté internationale reste concentrée sur la prévention d’une escalade supplémentaire. Le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres a qualifié la situation à Gaza d'”apocalyptique,” exhortant toutes les parties à prioriser la protection des civils.
La question qui se pose maintenant aux décideurs canadiens est profondément complexe: Comment le Canada peut-il efficacement plaider pour la protection des civils tout en maintenant son alliance de longue date avec Israël et en abordant les préoccupations légitimes de sécurité qui ont alimenté le conflit depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre? À mesure que la crise s’approfondit, ces calculs diplomatiques ne feront que devenir plus difficiles.