Dans une importante restructuration du paysage bureaucratique canadien, le premier ministre Justin Trudeau a choisi Michael Sabia, l’actuel sous-ministre des Finances, pour devenir le prochain greffier du Conseil privé. Cette nomination, annoncée hier, place l’un des fonctionnaires et leaders d’affaires les plus accomplis du Canada à la tête de la fonction publique fédérale pendant une période de défis économiques et politiques profonds.
Sabia, dont la carrière s’étend tant dans le secteur public que privé, apporte une réputation d’agent de changement infatigable avec une concentration implacable sur la transformation. Sa nomination signale l’intention du gouvernement de prioriser la gestion économique et la discipline fiscale alors que les préoccupations liées à l’inflation et à l’abordabilité du logement continuent de dominer le discours politique canadien.
“Michael Sabia a démontré des capacités de leadership exceptionnelles tout au long de sa carrière,” a déclaré le premier ministre Trudeau dans un communiqué. “Son expérience considérable tant au gouvernement que dans les affaires le rend particulièrement qualifié pour diriger notre fonction publique en ces temps économiques complexes.”
Avant de rejoindre le ministère des Finances en 2020, Sabia a été PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec pendant plus d’une décennie, où il a orchestré un remarquable redressement suite à la crise financière de 2008. Ses rôles précédents incluent également des postes de direction chez Bell Canada Entreprises et le Canadien National, ce qui fait de lui l’un des dirigeants les plus polyvalents du pays.
Des sources au sein des cercles gouvernementaux décrivent Sabia comme méthodique, pragmatique et n’ayant pas peur de remettre en question les pratiques établies. “C’est quelqu’un qui tranche dans la bureaucratie avec détermination,” a déclaré un haut fonctionnaire qui a demandé l’anonymat. “Quand il voit une inefficacité, il ne se contente pas de l’identifier—il la démantèle.”
Cette nomination survient à un moment critique pour l’économie canadienne, qui fait face à une inflation persistante, des taux d’intérêt en hausse et des préoccupations croissantes concernant l’abordabilité du logement. En tant que greffier, Sabia servira de lien principal entre la fonction publique et le premier ministre, coordonnant l’élaboration des politiques entre les ministères tout en gérant un effectif d’environ 300 000 employés fédéraux.
Les experts économiques de la communauté d’affaires canadienne ont largement accueilli favorablement cette nomination. “Sabia comprend à la fois les secteurs public et privé d’une façon que peu d’autres peuvent prétendre,” a déclaré l’économiste Patricia Croft. “Il apporte une perspective unique qui fait le pont entre les intérêts parfois concurrents de la responsabilité fiscale et des objectifs politiques progressistes.”
Tout le monde ne partage cependant pas cet enthousiasme. Des critiques de l’opposition ont remis en question si la relation de travail étroite de Sabia avec la ministre des Finances Chrystia Freeland pourrait brouiller l’indépendance traditionnelle de la fonction publique. Le critique conservateur des finances Jasdeep Singh a fait remarquer que “les Canadiens méritent une fonction publique qui fournit des conseils objectifs, pas une alignée sur l’agenda politique du gouvernement.”
Sabia succédera à Janice Charette, qui occupe le poste de greffière depuis 2021. Pendant la période de transition, Sabia devrait mener un examen approfondi des priorités gouvernementales, avec un accent particulier sur la gestion économique et les initiatives de logement.
Alors que le Canada navigue dans des eaux économiques incertaines et un paysage mondial fracturé, la question demeure: la nomination de Sabia représentera-t-elle un changement fondamental dans la façon dont notre gouvernement aborde ses défis les plus pressants, ou le poids de l’inertie bureaucratique se révélera-t-il trop formidable même pour l’un des agents de changement les plus accomplis du Canada?