Dans une manœuvre politique audacieuse qui a intensifié le débat sur la souveraineté provinciale, le Nouveau Parti démocratique de la Saskatchewan a annoncé hier son intention de présenter un projet de loi explicitement conçu pour empêcher tout gouvernement de poursuivre une démarche de séparation sans d’abord obtenir une approbation claire du public. La “Loi sur la Saskatchewan” proposée exigerait un référendum provincial avec un seuil de supermajorité avant que toute procédure formelle de séparation puisse commencer.
“Il ne s’agit pas de politique partisane, mais de protéger la place de la Saskatchewan au sein de la Confédération,” a déclaré Carla Beck, chef du NPD provincial, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée législative de Regina. “Nous assistons à une rhétorique de plus en plus divisive sur la séparation, et les citoyens méritent la certitude qu’une décision aussi monumentale ne pourrait pas se produire sans leur consentement direct.”
Ce projet de loi survient dans un contexte de tensions croissantes entre le Parti saskatchewanais au pouvoir et le gouvernement fédéral concernant le développement des ressources, les politiques environnementales et la tarification du carbone. Le premier ministre Scott Moe a critiqué à plusieurs reprises les initiatives fédérales, qualifiant récemment les règlements d’Ottawa sur l’électricité propre “d’attaques inconstitutionnelles” contre la compétence provinciale.
Le leader parlementaire du gouvernement, Jeremy Harrison, a immédiatement rejeté le projet de loi proposé, le qualifiant de “théâtre politique” et de “distraction des vrais problèmes auxquels font face les résidents de la Saskatchewan.” Harrison a en outre déclaré que le Parti saskatchewanais “n’a jamais préconisé la séparation” malgré sa position ferme sur l’autonomie provinciale.
Les experts constitutionnels notent le terrain juridique complexe que le projet de loi tente de naviguer. La professeure Martha Thompson du Collège de droit de l’Université de la Saskatchewan a expliqué: “Bien que les provinces puissent établir des exigences référendaires pour des décisions politiques majeures, la question constitutionnelle de la séparation implique également des pouvoirs fédéraux, ce qui en fait principalement une protection politique plutôt que purement juridique.”
La législation modifierait les règles référendaires existantes pour aborder spécifiquement la séparation, exigeant un vote majoritaire à 60% avec au moins 50% de participation électorale avant qu’un gouvernement puisse entamer des négociations formelles de séparation. Ces seuils reflètent ceux utilisés dans d’autres juridictions pour des changements constitutionnels d’ampleur significative.
Les sondages publics suggèrent que la plupart des résidents de la Saskatchewan demeurent engagés envers la fédération canadienne malgré les frustrations liées à certaines politiques fédérales. Un récent sondage d’Angus Reid a révélé que, bien que 67% des répondants aient exprimé leur insatisfaction quant aux relations fédérales-provinciales, seulement 27% soutiendraient des initiatives de séparation.
Le projet de loi proposé par le NPD comprend également des dispositions de transparence exigeant que tout gouvernement envisageant la séparation publie une analyse détaillée des implications économiques, sociales et juridiques avant qu’un référendum puisse être tenu. Cela inclurait les impacts sur les relations commerciales, la monnaie, la défense nationale et les traités internationaux.
“La prospérité de la Saskatchewan a toujours été liée à notre rôle au sein du Canada,” a noté Beck. “Nos industries, de l’