L’Ontario conteste la politique climatique fédérale face au déficit d’émissions

Olivia Carter
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La bataille concernant la stratégie climatique du Canada s’est intensifiée alors que le gouvernement du premier ministre ontarien Doug Ford a lancé une contestation formelle des politiques environnementales d’Ottawa, affirmant que l’approche fédérale crée des difficultés économiques sans produire les réductions d’émissions promises. Dans une lettre au ton ferme obtenue par CO24 Nouvelles, la ministre ontarienne de l’Environnement, Andrea Khanjin, a accusé le gouvernement fédéral de ne pas atteindre ses propres objectifs climatiques tout en imposant des mesures coûteuses de tarification du carbone aux provinces.

“Les données du gouvernement fédéral lui-même montrent que le Canada manquera ses objectifs d’émissions de 2030 par une marge substantielle,” a écrit Khanjin au ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault. “Pendant ce temps, les Ontariens continuent de supporter le fardeau financier des politiques climatiques fédérales qui ne produisent pas de résultats.”

La lettre, envoyée mardi, représente une escalade significative dans le différend persistant entre le fédéral et les provinces concernant la politique climatique qui caractérise les relations intergouvernementales depuis des années. Les responsables ontariens soulignent les récentes projections d’Environnement et Changement climatique Canada suggérant que le pays sera en déficit d’environ 30 mégatonnes par rapport à ses objectifs de réduction des émissions pour 2030, malgré la mise en œuvre d’une tarification du carbone à l’échelle nationale.

Le premier ministre Ford, s’exprimant lors d’un événement sans rapport à Mississauga, a renforcé la position de son gouvernement. “Nous avons toujours soutenu la protection de l’environnement, mais nous ne soutiendrons pas des politiques qui rendent la vie inabordable pour les familles et les entreprises,” a déclaré Ford aux journalistes. “Notre approche offre de véritables avantages environnementaux sans pénaliser les Ontariens ordinaires.”

La critique du gouvernement ontarien porte particulièrement sur le système fédéral de tarification du carbone, qui s’élève actuellement à 80 $ par tonne d’émissions et devrait atteindre 170 $ par tonne d’ici 2030. Les responsables provinciaux soutiennent que cette approche affecte de manière disproportionnée les communautés nordiques et rurales tout en ne tenant pas ses promesses environnementales.

Les experts en politique environnementale offrent des évaluations mitigées des affirmations de l’Ontario. Dr. Kathryn Harrison, professeure de sciences politiques à l’Université de la Colombie-Britannique, reconnaît les défis de mise en œuvre mais défend l’efficacité théorique de la tarification du carbone.

“Les preuves soutenant la tarification du carbone comme outil de réduction des émissions demeurent solides,” a déclaré Harrison à CO24 lors d’une entrevue. “Le problème n’est pas le mécanisme lui-même, mais plutôt d’assurer une application complète et d’éviter les exemptions qui minent son efficacité.”

La lettre de l’Ontario met en évidence ses propres initiatives climatiques, notamment les investissements dans les transports en commun, la fabrication de véhicules électriques et la production d’acier propre. La province maintient qu’elle a réduit ses émissions de 15 % depuis 2005 tout en développant son économie.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Guilbeault, a répondu vivement au défi de l’Ontario, défendant l’approche d’Ottawa. “La science est claire : la tarification du carbone fonctionne, et les remises garantissent que la plupart des familles reçoivent plus d’argent qu’elles n’en paient,” a déclaré Guilbeault dans une déclaration fournie à CO24 Politique. “Nous accueillons favorablement l’engagement constructif des provinces, mais restons engagés envers notre stratégie nationale de réduction des émissions.”

Le moment choisi par l’Ontario pour lancer sa contestation coïncide avec une préoccupation publique croissante concernant les problèmes d’abordabilité à l’échelle nationale. Des sondages récents suggèrent un scepticisme croissant à l’égard de la tarification du carbone, avec 58 % des Canadiens exprimant désormais des inquiétudes quant à son impact économique, contre 42 % il y a seulement deux ans, selon les recherches de l’Institut Angus Reid.

Les leaders d’entreprises en Ontario ont largement soutenu la position du gouvernement provincial. Catherine Swift, ancienne présidente de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, a salué l’approche du gouvernement Ford. “Les petites entreprises ont été écrasées par la hausse des coûts, et les politiques climatiques fédérales y contribuent de manière significative,” a noté Swift. “Nous avons besoin de politiques environnementales qui fonctionnent sans détruire les moyens de subsistance.”

Les défenseurs de l’environnement mettent toutefois en garde contre l’abandon de la tarification du carbone. “Sans un prix sur la pollution, nous perdons l’outil le plus efficace pour réduire les émissions,” a déclaré Keith Brooks, directeur des programmes chez Défense environnementale. “La solution n’est pas d’abandonner la tarification du carbone, mais de renforcer les politiques complémentaires et de combler les lacunes.”

Alors que ce désaccord fédéral-provincial s’intensifie, la question fondamentale demeure : le Canada peut-il développer une stratégie climatique qui réduise efficacement les émissions tout en maintenant la compétitivité économique et en répondant aux préoccupations régionales? La réponse pourrait déterminer non seulement l’avenir environnemental du pays, mais aussi la durabilité de sa fédération.

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