Les Nations Unies ont vivement critiqué le corridor d’aide maritime proposé par Washington pour Gaza mardi, les hauts responsables avertissant que l’initiative américaine pourrait gravement compromettre les efforts humanitaires coordonnés dans cette région ravagée par la guerre. Cette critique survient alors que les préoccupations s’intensifient concernant la crise humanitaire qui s’aggrave et qui a laissé les 2,3 millions d’habitants de Gaza face à des pénuries alimentaires catastrophiques.
“Ce corridor maritime proposé risque de devenir une recette pour le désastre,” a déclaré le chef humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. “Il menace de fragmenter notre réponse collective précisément au moment où la coordination est la plus cruciale.”
Le plan américain controversé, dévoilé le mois dernier par le président Biden, implique la construction d’une jetée temporaire sur la côte de Gaza pour livrer des fournitures humanitaires par voie maritime. Cependant, les responsables de l’ONU ont souligné d’importantes failles logistiques et risques sécuritaires qui pourraient compromettre l’efficacité de l’initiative.
Selon Carl Skau, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial de l’ONU, le corridor maritime présente “d’immenses défis techniques, sécuritaires et de distribution” qui limiteraient sévèrement son impact sur l’atténuation des pénuries alimentaires désespérées à Gaza. Skau a souligné que les livraisons maritimes ne fourniraient qu’une fraction de l’aide requise, les voies terrestres demeurant la seule option viable pour livrer des quantités suffisantes de nourriture et de fournitures médicales.
La réunion du Conseil de sécurité a révélé de forts contrastes dans les perspectives internationales sur la crise. Alors que l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield défendait les efforts américains pour augmenter le flux d’aide, le représentant russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a accusé Washington de faciliter ce qu’il a qualifié de “génocide d’Israël contre les Palestiniens” par la fourniture continue d’armes.
Pendant ce temps, les preuves de la catastrophe humanitaire continuent de s’accumuler. L’analyse de la sécurité alimentaire de l’ONU confirme que 1,1 million de Gazaouis—la moitié de la population—connaissent une faim catastrophique, le nord de Gaza étant particulièrement dévasté. Des témoins décrivent des résidents désespérés qui en sont réduits à moudre des aliments pour animaux en farine alors que la famine étreint les communautés.
Philippe Lazzarini, chef de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a dressé un tableau sombre des conditions sur le terrain. “La réalité est que Gaza est inhabitable. Les gens meurent de faim, les maladies se propagent et le système de santé s’est effondré,” a-t-il déclaré aux membres du Conseil.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, a rejeté les accusations d’obstruction à l’aide, affirmant que son pays n’a “aucune restriction sur la quantité d’aide humanitaire qui peut entrer à Gaza.” Cependant, cette affirmation contredit les rapports de multiples organisations d’aide documentant des obstacles systématiques à la livraison d’aide.
Le débat houleux souligne la discorde internationale croissante concernant la crise humanitaire à Gaza. Alors que les tensions diplomatiques s’intensifient, la question centrale demeure: la communauté internationale peut-elle surmonter les divisions politiques pour faire face à ce que les experts décrivent comme l’une des pires catastrophes humanitaires du 21e siècle avant qu’il ne soit trop tard?