Dans un virage surprenant qui défie les prédictions d’une pertinence décroissante, de récents sondages suggèrent que les Canadiens développent une nouvelle appréciation pour la monarchie sous le règne du roi Charles III. Cette transformation survient à un moment critique où de nombreux pays du Commonwealth réévaluent leurs liens constitutionnels avec la Couronne, alors que le Canada semble aller à contre-courant de la tendance républicaine.
“Nous assistons à ce qu’on pourrait appeler un modeste renouveau royal,” explique Dr. Élaine Thompson, historienne constitutionnelle à l’Université de Toronto. “Après le décès de la reine Élizabeth, beaucoup s’attendaient à un effondrement du soutien canadien à la monarchie, mais les données révèlent une image plus nuancée.”
Des enquêtes récentes menées par l’Institut canadien d’études royales révèlent que 58% des Canadiens expriment désormais des sentiments positifs ou neutres envers le maintien de la monarchie constitutionnelle, en hausse par rapport aux 49% observés immédiatement après le décès de la reine Élizabeth II. Cette hausse coïncide avec l’attention de plus en plus visible du roi Charles sur la défense de l’environnement et la réconciliation avec les peuples autochtones—des enjeux qui résonnent profondément avec les valeurs canadiennes.
L’attrait renouvelé de la monarchie traverse les lignes démographiques traditionnelles. Les jeunes Canadiens âgés de 18 à 34 ans, auparavant parmi les segments les plus favorables au républicanisme, montrent désormais un plus grand intérêt pour les efforts de modernisation de la famille royale. Sarah Dawson, 26 ans, de Vancouver explique: “J’apprécie que le roi Charles semble se préoccuper des changements climatiques et de la durabilité. On dirait que la monarchie essaie de rester pertinente face aux enjeux qui importent à ma génération.”
Ce changement dans l’opinion publique survient au milieu de discussions constitutionnelles plus larges à travers le Canada. Les premiers ministres provinciaux restent prudents quant à la réouverture des débats constitutionnels, reconnaissant les négociations complexes qui accompagneraient tout changement formel au système monarchique canadien.
“Retirer la Couronne de notre cadre constitutionnel nécessiterait le consentement unanime des provinces,” note l’avocat constitutionnel Michael Abramson. “Les obstacles juridiques et politiques sont considérables, surtout lorsque l’appétit du public pour un changement aussi fondamental demeure incertain.”
Les visites royales ont joué un rôle important dans le maintien des liens monarchiques. La tournée canadienne du Prince et de la Princesse de Galles en 2022 a généré une considérable bonne volonté, particulièrement grâce à leurs engagements auprès des communautés autochtones et aux initiatives climatiques. Des sources du Palais indiquent que le roi Charles prévoit d’entreprendre sa première tournée officielle canadienne en tant que monarque au début de 2025, axée sur la durabilité environnementale et les efforts de réconciliation.
L’historien David Johnson de l’Université Cape Breton observe: “La monarchie perdure en partie parce qu’elle relie les Canadiens à leur histoire constitutionnelle tout en s’adaptant aux préoccupations contemporaines. Le roi Charles s’est montré particulièrement habile à souligner le rôle de la Couronne comme symbole de continuité au milieu du changement.”
Les critiques maintiennent que le soutien à la monarchie reste fragile et potentiellement transitoire. Les groupes de défense républicains soulignent les mouvements républicains croissants en Australie et en Jamaïque comme preuve que le système monarchique du Commonwealth fait face à un déclin inévitable. Cependant, la politique canadienne révèle peu d’appétit parmi les grands partis pour défendre une refonte constitutionnelle.
Le Premier ministre Justin Trudeau a maintenu que, tout en respectant les points de vue républicains, son gouvernement ne voit “aucune raison impérieuse d’entreprendre la restructuration constitutionnelle massive requise pour changer notre système de gouvernement.”
Les implications économiques restent au cœur du débat. La monarchie coûte aux Canadiens environ 58 millions de dollars annuellement—un chiffre qui inclut les visites royales, le bureau du Gouverneur général et les fonctions cérémonielles. Les partisans soutiennent que cela représente une excellente valeur pour maintenir la stabilité constitutionnelle, tandis que les critiques remettent en question cette dépense en période d’incertitude économique.
Les perspectives autochtones sur la monarchie demeurent complexes et diverses. Alors que certains leaders soulignent l’importance des traités avec la Couronne et des relations historiques, d’autres voient la monarchie comme une institution coloniale nécessitant une transformation fondamentale.
“La Couronne a à la fois une responsabilité historique et une obligation contemporaine d’honorer les traités,” explique Grace Lightfoot, juriste anishinaabe. “De nombreuses nations autochtones considèrent leur relation avec la monarchie comme une relation de nation à nation, antérieure et distincte de leur relation avec le gouvernement canadien.”
Alors que l’actualité mondiale continue de mettre en lumière les mouvements républicains à travers les anciennes colonies britanniques, la relation évolutive du Canada avec la monarchie soulève de profondes questions sur l’identité nationale. Dans un paysage mondial en rapide évolution, la monarchie constitutionnelle du Canada s’adaptera-t-elle et prospérera-t-elle, ou ce renouveau apparent n’est-il qu’un répit temporaire avant un inévitable changement constitutionnel?