La voix inimitable de Kevin Martin—cet accent albertain passionné si familier aux amateurs de curling partout au pays—résonnera bientôt dans le panthéon sportif canadien. Le Temple de la renommée des sports du Canada a annoncé que Martin, affectueusement surnommé “Le Vieil Ours”, sera intronisé dans la classe 2025 de l’Ordre du sport, consacrant ainsi son héritage comme l’un des plus grands stratèges et ambassadeurs du curling de notre nation.
Debout sur la glace à Edmonton où son parcours remarquable a commencé, Martin semblait sincèrement ému lorsque je lui ai parlé de cette dernière distinction. “On ne joue jamais en pensant à des honneurs comme celui-ci,” a-t-il confié, cette lueur compétitive caractéristique toujours présente dans son regard. “Mais quand ils appellent avec une nouvelle comme celle-là—eh bien, c’est vraiment spécial.”
Spécial, certes, mais guère surprenant pour ceux qui ont suivi l’illustre carrière de Martin. Son palmarès se lit comme un rêve de curling: l’or olympique à Vancouver en 2010, l’argent à Salt Lake City en 2002, quatre championnats du Brier et un titre de champion du monde en 2008. Au-delà des médailles et des trophées, Martin a révolutionné l’approche stratégique du sport, apportant une mentalité analytique sans précédent qui a transformé la façon dont le jeu est pratiqué aux plus hauts niveaux.
Ce qui distingue vraiment Martin dans l’histoire du curling canadien n’est pas seulement sa vitrine à trophées—aussi impressionnante soit-elle—mais son rôle dans l’élévation du profil du sport pendant une période critique de croissance. Alors que le curling luttait pour maintenir sa pertinence au début des années 2000, la présence charismatique de Martin et son excellence compétitive ont contribué à propulser ce sport dans la conscience collective.
“Kevin a rendu le curling cool à nouveau,” explique Russ Howard, analyste de longue date du curling à TSN. “Ses équipes jouaient avec ce style agressif et sans compromis qui plaisait aux fans occasionnels, tandis que son brillant sens tactique satisfaisait les puristes. C’est une combinaison incroyablement rare.”
Le moment de cette annonce semble particulièrement émouvant alors que le curling canadien traverse une autre période de transformation. L’émergence du double mixte, la professionnalisation du sport et l’évolution des dynamiques d’équipe ont façonné un paysage de curling bien différent de l’âge d’or de Martin. Pourtant, son influence reste indéniable, avec des champions actuels comme Brad Gushue et Brendan Bottcher qui reconnaissent ouvertement leur dette envers l’approche novatrice de Martin.
Chez CO24 Culture, nous observons depuis longtemps comment les figures sportives transcendent leurs exploits athlétiques pour devenir des références culturelles. Martin incarne ce phénomène—sa voix distinctive fait maintenant des commentaires qui éduquent une nouvelle génération d’amateurs de curling, tandis que ses initiatives entrepreneuriales ont contribué à développer l’infrastructure du curling amateur à travers l’Ouest canadien.
“Ce sport m’a tout donné,” a réfléchi Martin avec sa modestie caractéristique. “Si j’ai pu redonner quelque chose, cela signifie plus que n’importe quelle médaille.”
La cérémonie d’intronisation à l’Ordre du sport aura lieu à Toronto en octobre prochain, où Martin rejoindra un groupe illustre d’icônes sportives canadiennes. Il convient de noter que les représentants du curling dans ce cercle prestigieux restent relativement peu nombreux—un rappel de la relation compliquée de ce sport avec la reconnaissance athlétique grand public malgré sa profonde signification culturelle au Canada.
En examinant les tendances actuelles du sport canadien, l’intronisation de Martin signale quelque chose d’important sur la façon dont nous valorisons notre patrimoine sportif. À une époque de montages vidéo tape-à-l’œil et de célébrités instantanées, il y a quelque chose d’authentiquement rafraîchissant à célébrer une carrière construite sur la brillance stratégique, la longévité compétitive et une passion sincère pour le jeu.
Le Vieil Ours a peut-être raccroché son balai de compétition il y a des années, mais son rugissement résonne toujours dans les clubs de curling canadiens. Cette dernière distinction garantit que les générations futures reconnaîtront ce que ceux d’entre nous qui l’ont vu jouer savent déjà: Kevin Martin n’a pas seulement joué au curling—il l’a transformé.
Pour ceux qui ont des opinions sur la place de Martin dans l’histoire sportive canadienne, le débat se poursuivra certainement. Est-il le plus grand skip de tous les temps? Peut-être. Ce qui est indéniable, c’est que lorsque cette voix distinctive crie “dépêchez-vous!” dans les clubs de curling et les cabines de diffusion à travers le pays, elle porte l’autorité de quelqu’un qui a défini l’excellence dans le sport canadien pendant près de trois décennies.
Et finalement, n’est-ce pas la vraie mesure de la grandeur sportive? Non seulement ce que vous accomplissez, mais à quel point vous changez profondément le jeu pour ceux qui suivent.