Lorsque Marc Tremblay a vérifié son reçu de cotisation REER en février dernier, son cœur a fait un bond. Ce développeur de logiciels de 38 ans de Montréal avait accidentellement cotisé 8 000 $ au-delà de sa limite de déduction. “J’ai complètement oublié que j’avais un facteur d’équivalence de mon nouvel emploi qui réduisait mon plafond disponible,” m’a-t-il confié. “Au moment où je m’en suis rendu compte, je recevais déjà des lettres de pénalité de l’ARC.”
La situation de Marc n’est pas rare. Chaque année fiscale, des milliers de Canadiens découvrent qu’ils ont cotisé en trop à leur Régime enregistré d’épargne-retraite, déclenchant l’une des pénalités fiscales les plus sévères au Canada – des frais de 1 % par mois sur les montants excédentaires qui continuent jusqu’à ce que la situation soit rectifiée.
L’Agence du revenu du Canada permet une marge de cotisation excédentaire à vie de 2 000 $, mais tout ce qui dépasse ce seuil entre en territoire dangereux. Les données de l’ARC montrent que les pénalités pour cotisations excédentaires aux REER ont généré plus de 40 millions de dollars en revenus gouvernementaux l’année dernière, touchant environ 20 000 contribuables à l’échelle nationale.
“Le problème est que la plupart des gens ne réalisent pas qu’ils ont cotisé en trop jusqu’à ce qu’ils reçoivent leur avis de cotisation ou, pire encore, une lettre de pénalité,” explique Sophie Bélanger, spécialiste en fiscalité chez MNP à Québec. “À ce moment-là, les pénalités s’accumulent souvent depuis des mois.”
Ce qui rend les cotisations excédentaires aux REER particulièrement dangereuses, c’est qu’elles sont faciles à déclencher dans certaines situations. Les facteurs d’équivalence, les erreurs de calcul des droits de cotisation inutilisés des années précédentes, ou simplement ne pas vérifier votre dernier avis de cotisation avant de cotiser peuvent tous mener à des cotisations excédentaires.
L’impact financier peut être sévère. Prenons l’exemple d’une personne qui cotise 10 000 $ au-delà de sa marge. À 1 % par mois, elle fera face à 100 $ de pénalités tous les 30 jours. Si l’erreur n’est pas corrigée pendant un an, cela représente 1 200 $ – effaçant efficacement une grande partie de l’avantage fiscal que le REER était censé procurer.
Rectifier une cotisation excédentaire nécessite une action rapide. L’ARC offre un soulagement par le biais du formulaire T3012A qui permet des retraits sans impôt des montants excédentaires, mais le timing est crucial. “Beaucoup de clients ne réalisent pas qu’ils doivent soumettre le formulaire avant d’effectuer le retrait,” note Bélanger. “S’ils retirent d’abord et posent des questions plus tard, ils feront face à des retenues d’impôt en plus des pénalités qu’ils paient déjà.”
Pour ceux qui découvrent des cotisations excédentaires des années plus tard, la situation devient encore plus compliquée. L’ARC peut techniquement imposer des pénalités remontant au moment où la cotisation excédentaire s’est produite, bien qu’ils limitent généralement les évaluations rétroactives à trois ans, sauf dans les cas de non-conformité délibérée.
La technologie apporte certaines solutions. La plupart des grandes institutions financières offrent maintenant des outils de suivi automatisés qui avertissent les clients lorsqu’ils approchent de leurs limites. Les plateformes fiscales numériques signalent également les problèmes potentiels de cotisation excédentaire lors du processus de déclaration.
“La prévention est infiniment plus facile que la correction,” affirme Jean-François Dupuis, planificateur financier certifié chez Assante Gestion de patrimoine. “Je conseille aux clients de vérifier leur compte Mon dossier de l’ARC pour connaître leur limite exacte de déduction REER avant de faire des cotisations, surtout en début d’année avant qu’ils n’aient reçu leur avis de cotisation.”
Pour ceux qui sont pris dans le piège de la cotisation excédentaire, il existe une échappatoire potentielle. L’ARC envisagera d’annuler les pénalités par le biais d’une demande d’allègement pour les contribuables si la cotisation excédentaire résulte d’une erreur raisonnable et si des mesures ont été prises pour la corriger rapidement une fois découverte.
Marc a finalement résolu sa situation en retirant immédiatement le montant excédentaire et en déposant une demande détaillée d’allègement pour les contribuables expliquant sa mauvaise compréhension de la façon dont les facteurs d’équivalence affectaient son droit de cotisation. L’ARC a réduit ses pénalités de 70 %, mais il a quand même payé plus de 700 $ pour son erreur.
“J’ai maintenant programmé des rappels dans mon calendrier pour vérifier mon droit de cotisation chaque janvier,” dit Marc. “C’était une leçon coûteuse en planification fiscale que je ne répéterai pas.”
À l’approche de la saison des REER, prenez le temps de vérifier votre limite exacte de cotisation via votre compte Mon dossier de l’ARC ou votre dernier avis de cotisation. Cette petite étape pourrait vous éviter de rejoindre les milliers de Canadiens qui, par inadvertance, financent les coffres du gouvernement au lieu de leur propre retraite à cause d’erreurs évitables liées aux REER.