Dans les régions éloignées du nord du Québec, les habitants de Kangiqsualujjuaq font face à une combinaison alarmante de défis qui ont poussé les autorités locales à déclarer l’état d’urgence. Un feu de forêt persistant qui brûle dangereusement près de cette communauté du Nunavik s’accompagne maintenant d’une pénurie d’eau critique, plaçant près de 1 000 résidents dans une situation précaire tandis que les autorités s’efforcent d’intervenir.
La déclaration d’urgence est survenue après que les réserves d’eau de la communauté aient atteint des niveaux alarmants, tombant sous les 25 % de capacité mardi. Cette crise hydrique ne pouvait pas arriver à un pire moment, alors que les pompiers luttent simultanément contre un feu de forêt tenace qui s’approche du village depuis plusieurs jours.
“Nous affrontons une tempête parfaite d’urgences”, a expliqué Tommy Palliser, directeur général de l’Administration régionale Kativik. “Les efforts de lutte contre les incendies ont nécessairement exercé une pression supplémentaire sur nos ressources en eau déjà limitées, créant une boucle de rétroaction dangereuse qui menace à la fois notre capacité à combattre le feu et à répondre aux besoins essentiels de la communauté.”
Selon les données du Service canadien des feux de forêt, l’incendie près de Kangiqsualujjuaq a consumé environ 4 800 hectares de terres depuis sa première détection la semaine dernière. Des équipes provinciales de lutte contre les incendies ont été déployées, mais le terrain difficile et l’emplacement éloigné ont compliqué les efforts de suppression.
La pénurie d’eau a forcé les autorités locales à mettre en œuvre des mesures de conservation strictes. On a demandé aux résidents de limiter leur consommation d’eau aux besoins essentiels uniquement, tandis que les installations communautaires comme les écoles et les bâtiments gouvernementaux ont temporairement suspendu leurs activités. Plus préoccupant encore est l’impact sur les services de santé, qui nécessitent un accès fiable à l’eau pour maintenir des conditions sanitaires adéquates.
“Chaque goutte est précieuse en ce moment”, a déclaré Sarah Aloupa, coordonnatrice de la santé communautaire. “Nous sommes particulièrement préoccupés par les populations vulnérables – les personnes âgées, les jeunes enfants et ceux ayant des problèmes de santé préexistants qui pourraient être plus gravement affectés par la fumée et l’accès limité à l’eau.”
Les prévisions météorologiques d’Environnement Canada n’offrent que peu de répit, avec aucune précipitation significative prévue dans les jours à venir et des températures qui demeurent au-dessus des moyennes saisonnières. Ces conditions pourraient exacerber davantage le comportement du feu et la rareté de l’eau.
Les autorités provinciales ont réagi en acheminant par voie aérienne des approvisionnements d’eau d’urgence à la communauté, les premières livraisons étant arrivées mercredi matin. Des ressources supplémentaires de lutte contre les incendies, notamment des avions-citernes et des équipements spécialisés conçus pour les opérations en régions éloignées, sont déployées depuis le sud du Québec.
La situation met en évidence les vulnérabilités uniques auxquelles font face les communautés nordiques du Canada. Avec des infrastructures de secours limitées et une logistique d’intervention d’urgence difficile, des incidents qui pourraient être gérables dans des régions plus accessibles peuvent rapidement atteindre des niveaux de crise.
Pour les résidents de Kangiqsualujjuaq, la préoccupation immédiate reste de surmonter la crise actuelle. Les dirigeants communautaires ont établi un centre des opérations d’urgence pour coordonner les efforts d’intervention et fournir des mises à jour aux résidents. Pendant ce temps, les communautés voisines du Nunavik ont offert leur soutien, y compris un hébergement temporaire pour les personnes les plus touchées.