Dans une révélation préoccupante qui touche au cœur de la préparation aux feux de forêt de la Saskatchewan, le NPD provincial a soulevé des questions alarmantes sur la capacité du gouvernement à faire fonctionner ses bombardiers d’eau nouvellement acquis. Malgré un investissement de 40 millions de dollars dans des équipements aériens de lutte contre les incendies l’automne dernier, il semble qu’aucun pilote n’ait été complètement formé pour utiliser ces aéronefs spécialisés alors que la saison des feux de forêt approche dangereusement.
“Le fait que nous ayons dépensé 40 millions de dollars pour des bombardiers d’eau mais que nous n’ayons pas un seul pilote formé pour les piloter est profondément troublant,” a déclaré le député néo-démocrate Trent Wotherspoon lors d’une séance législative animée lundi. “Les communautés de la Saskatchewan méritent mieux que ce niveau d’impréparation.”
Les aéronefs en question—deux bombardiers d’eau Canadair CL-215—ont été achetés au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador en octobre 2023, une décision qui avait été célébrée comme une amélioration significative des capacités de lutte contre les incendies de la province. Cependant, cet investissement semble maintenant compromis par ce que les critiques décrivent comme une planification médiocre et une prévoyance inadéquate.
Lorsqu’elle a été interrogée sur cette question, la ministre de l’Environnement du Parti saskatchewanais, Christine Tell, a reconnu le manque de formation mais a insisté sur le fait que des alternatives étaient en place. “Nous avons conclu un accord avec une entreprise qui peut fournir des pilotes formés pendant que notre propre personnel suit la formation nécessaire,” a expliqué Tell pendant la période des questions.
Cette explication n’a guère apaisé les préoccupations de l’opposition. Le NPD soutient que la dépendance à l’égard de pilotes tiers crée une vulnérabilité dans les capacités d’intervention d’urgence et représente une mauvaise gestion des ressources des contribuables. La Saskatchewan a fait face à plus de 400 feux de forêt l’année dernière, menaçant les communautés et les ressources naturelles à travers la province.
Les experts de l’industrie notent que les pilotes de bombardiers d’eau nécessitent une formation spécialisée qui va au-delà de l’exploitation standard des aéronefs. Ces avions doivent voler à des altitudes extrêmement basses au-dessus de terrains difficiles, souvent dans des conditions de faible visibilité, tout en livrant avec précision des charges d’eau—des compétences qui prennent un temps considérable à développer.
“La nature spécialisée des opérations de bombardiers d’eau signifie que les pilotes ont généralement besoin de plusieurs mois de formation avant d’être pleinement opérationnels,” a déclaré le consultant en sécurité aérienne Michael Burnett, qui n’était pas directement impliqué dans le programme de la Saskatchewan. “Commencer ce processus au printemps pour une saison des incendies estivale crée des risques évidents.”
La controverse survient alors que les préoccupations grandissent concernant le changement climatique qui intensifie les saisons des feux de forêt dans l’Ouest canadien. Les données provinciales montrent que la fréquence et l’intensité des feux de forêt ont considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, rendant les capacités d’intervention d’urgence robustes plus cruciales que jamais.
Pour les communautés nordiques particulièrement vulnérables aux menaces d’incendies, le déficit de formation soulève de sérieuses questions sur leur protection. Le chef Ronald Misponas de Pelican Narrows a exprimé sa frustration: “On nous dit que ces nouveaux avions vont nous protéger, mais à quoi servent-ils s’ils restent au sol sans pilotes? Notre peuple mérite une meilleure planification.”
Le gouvernement provincial maintient que les ressources aériennes existantes, y compris les hélicoptères et autres aéronefs à voilure fixe, restent opérationnelles pendant que la formation des pilotes de bombardiers d’eau se poursuit. Les responsables ont également souligné l’amélioration des équipes au sol et des systèmes de détection précoce comme mesures complémentaires de lutte contre les incendies.
Cependant, l’opposition reste sceptique. “C’est un modèle de mauvaise planification et de mauvaise gestion que nous avons vu à plusieurs reprises avec ce gouvernement,” a ajouté Wotherspoon. “Les habitants de la Saskatchewan s’attendent à ce que leur gouvernement soit préparé aux urgences, pas à ce qu’il se démène à la dernière minute.”
Alors que la Saskatchewan s’approche de ce que les météorologues prédisent comme une autre saison active de feux de forêt, une question reste particulièrement pressante: la province peut-elle se permettre de voir ses atouts les plus puissants de lutte contre les incendies cloués au sol par des pénuries de personnel évitables lorsque les communautés ont le plus besoin de protection?