Les couloirs des hôpitaux du Nord de l’Ontario deviennent plus silencieux alors que les pénuries de personnel atteignent des niveaux sans précédent, forçant les établissements de santé à prendre des décisions difficiles concernant la prestation des services. En coulisses, les administrateurs hospitaliers s’efforcent de maintenir les services essentiels, tandis que les infirmières signalent travailler en double quart, souffrir d’épuisement professionnel croissant et voir leurs collègues partir vers les centres urbains ou quitter complètement la profession.
“Je suis infirmière depuis 22 ans, et je n’ai jamais vu une situation aussi désespérée,” témoigne Jennifer Markham, infirmière au service des urgences à Sudbury. “Nous travaillons régulièrement en sous-effectif, parfois à des niveaux dangereux. Il y a des jours où je suis responsable du double de patients recommandé.”
La crise infirmière dans le Nord de l’Ontario couvait depuis des années, mais 2024 a poussé la situation à un point de rupture. Selon l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario, les taux de postes vacants dans certains hôpitaux du Nord ont dépassé 20 pour cent, les soins intensifs et les services d’urgence étant les plus touchés. Cette pénurie transcende les soins infirmiers seuls, affectant tous les secteurs de la santé, des préposés aux bénéficiaires aux techniciens spécialisés.
Les experts en santé pointent vers plusieurs facteurs qui convergent pour créer cette tempête parfaite. Le vieillissement de la population dans les communautés du Nord de l’Ontario a augmenté la demande de services médicaux, tandis que la main-d’œuvre de la santé elle-même vieillit, avec de nombreuses infirmières expérimentées approchant de la retraite. La pandémie de COVID-19 a accéléré l’épuisement professionnel et les départs anticipés à la retraite, tandis que les jeunes infirmières cherchent souvent des opportunités dans les centres urbains du sud offrant des salaires plus élevés et des charges de travail moins exigeantes.
Le Dr Michael Kirlew, médecin pratiquant dans le Nord de l’Ontario, décrit les effets en cascade : “Quand nous n’avons pas suffisamment de personnel infirmier, cela affecte tous les aspects de la prestation des soins de santé. Les temps d’attente augmentent, les chirurgies sont reportées, et la qualité des soins souffre inévitablement malgré les efforts héroïques de ceux qui restent.”
Les défis géographiques propres au Nord de l’Ontario aggravent le problème. Les communautés sont largement dispersées sur de vastes territoires, rendant l’accès aux soins de santé déjà difficile pour de nombreux résidents. Lorsque les hôpitaux réduisent leurs services en raison de pénuries de personnel, les patients doivent voyager encore plus loin pour se faire soigner, créant des obstacles supplémentaires pour les populations vulnérables.
Les implications économiques s’étendent au-delà des soins de santé. Les communautés du Nord dépendent d’infrastructures de santé solides pour attirer les entreprises et les nouveaux résidents. À mesure que les services de santé deviennent moins fiables, les responsables du développement économique signalent des difficultés croissantes à recruter des professionnels dans la région, créant une spirale descendante inquiétante pour les économies nordiques.
Les initiatives provinciales visant à résoudre la crise ont montré un succès limité. L’