Dans une initiative décisive pour faire face à la crise critique de personnel de santé en Saskatchewan, le ministre de la Santé Everett Hindley a révélé mardi une stratégie complète sur quatre ans visant à recruter et à retenir des milliers de professionnels de la santé dans toute la province. Ce plan ambitieux survient alors que le système de santé de la Saskatchewan continue de souffrir sous le poids des pénuries de personnel qui ont entraîné des perturbations de services, des fermetures de salles d’urgence et une frustration croissante des patients.
“La Saskatchewan n’est pas la seule à faire face à des défis de personnel de santé, mais nous prenons des mesures uniques pour les résoudre”, a déclaré Hindley aux journalistes à l’édifice législatif. Le Plan d’action sur les ressources humaines en santé nouvellement annoncé vise le recrutement de 1 000 nouveaux travailleurs de la santé par an au cours des quatre prochaines années, en mettant l’accent sur l’attraction de diplômés en médecine internationaux et de talents locaux.
La province prévoit d’investir 110 millions de dollars dans des initiatives de recrutement et de rétention qui comprennent l’augmentation des places de formation, l’offre d’incitatifs financiers pour les postes difficiles à pourvoir et la simplification des processus de certification pour les professionnels de la santé formés à l’étranger. Plus remarquable encore, le gouvernement établira une nouvelle agence de recrutement en santé pour coordonner ces efforts et créer un processus plus efficace pour intégrer les travailleurs de la santé dans le système.
Les statistiques de l’Autorité sanitaire de la Saskatchewan révèlent des écarts préoccupants, avec des taux de postes vacants dépassant 20% dans certaines communautés rurales. Ces pénuries ont entraîné environ 275 perturbations de service dans la province depuis janvier, affectant directement les soins aux patients dans les services d’urgence, les établissements de soins de longue durée et les services médicaux spécialisés.
La critique de l’opposition en matière de santé, Vicki Mowat, a exprimé un soutien prudent au plan tout en questionnant son timing. “Nous sonnons l’alarme sur la pénurie de personnel de santé depuis des années. Ce plan contient de bons éléments, mais de nombreux travailleurs de la santé se demandent pourquoi il a fallu une crise totale pour susciter une action”, a déclaré Mowat pendant la période de questions.
Les syndicats de travailleurs de la santé ont réagi de façon mitigée. Sandra Seitz, présidente du conseil des soins de santé de SCFP Saskatchewan, a reconnu le potentiel du plan mais a souligné la nécessité d’une action immédiate. “Nos membres s’épuisent maintenant. Bien que nous appréciions la vision à long terme, les patients et les travailleurs de la santé ont besoin d’un soulagement aujourd’hui”, a noté Seitz dans une déclaration publiée après l’annonce.
La stratégie met particulièrement l’accent sur les communautés rurales et nordiques, où les pénuries de personnel ont été particulièrement aiguës. Les initiatives comprennent des programmes de bourses élargis pour les étudiants qui s’engagent à travailler dans des zones mal desservies et des forfaits de relocalisation améliorés pour les professionnels prêts à exercer dans des régions éloignées.
La formation médicale connaîtra une expansion significative dans le cadre du plan, avec le Collège de médecine de l’Université de la Saskatchewan qui augmentera ses postes de résidence de 60 au cours des trois prochaines années. De plus, le Saskatchewan Polytechnic ajoutera 250 nouvelles places dans divers programmes de formation en soins de santé, des soins infirmiers à la formation des ambulanciers.
Dr Amir Sarvghad, président de l’Association médicale de la Saskatchewan, a qualifié le plan de “pas dans la bonne direction” mais a souligné que le recrutement doit être associé à des stratégies de rétention significatives. “Nous devons créer des environnements de travail où les professionnels de la santé veulent bâtir leur carrière et leur vie”, a-t-il déclaré. “Cela signifie s’attaquer à l’épuisement professionnel, fournir des soutiens adéquats et assurer une rémunération compétitive.”
Les leaders autochtones ont également donné leur avis sur l’annonce, appelant à des initiatives spécifiques pour augmenter la représentation autochtone dans les professions de la santé. Le vice-chef de la Fédération des nations autochtones souveraines, David Pratt, a souligné que “s’attaquer aux pénuries de personnel de santé dans les communautés des Premières Nations nécessite des approches ciblées et la reconnaissance des pratiques de guérison traditionnelles aux côtés de la médecine occidentale.”
Le défi de la main-d’œuvre en santé survient alors que la population de la Saskatchewan continue de croître, exerçant des demandes supplémentaires sur un système déjà sous tension. Les données récentes montrent que la province a ajouté près de 30 000 résidents au cours de la dernière année, beaucoup s’installant dans les grands centres où les services de santé fonctionnent déjà à pleine capacité.
Alors que ce plan ambitieux commence à être mis en œuvre, des questions demeurent quant à sa capacité à produire des résultats significatifs assez rapidement pour répondre aux besoins immédiats. La stratégie de la Saskatchewan établira-t-elle une nouvelle norme pour le développement de la main-d’œuvre en santé, ou luttera-t-elle pour surmonter les défis profondément enracinés auxquels font face les systèmes de santé à l’échelle nationale?