Des salles d’attente bondées, des propriétaires d’animaux anxieux qui appellent désespérément plusieurs cliniques, et du personnel vétérinaire travaillant jusqu’à l’épuisement — voilà la nouvelle normalité à travers la Saskatchewan alors qu’une pénurie critique de vétérinaires pousse le système de santé animale de la province à sa limite.
“Nous sommes submergés,” admet la Dre Emma Richardson, qui gère une clinique pour petits animaux à Saskatoon. “La plupart du temps, nous sommes complets trois semaines à l’avance, et ce, juste pour les rendez-vous de routine. Les urgences sont intercalées tant bien que mal, mais cela signifie des heures plus longues et moins de temps par patient que je ne le souhaiterais.”
La crise se développe silencieusement depuis des années, mais la pandémie a accéléré les problèmes existants. Les statistiques de l’Association médicale vétérinaire de la Saskatchewan révèlent que la province manque d’environ 80 vétérinaires — un chiffre stupéfiant pour une profession déjà en sous-effectif. Cette pénurie affecte non seulement les animaux de compagnie mais aussi les exploitations agricoles essentielles à l’économie de la province.
Les régions rurales subissent les impacts les plus sévères. Dans des communautés comme Swift Current et Melfort, certains producteurs doivent conduire plus de deux heures pour accéder à des soins vétérinaires pour leur bétail. Pendant ce temps, les cliniques urbaines de Regina et Saskatoon refusent complètement les nouveaux patients, réservant leur capacité limitée aux clients existants.
“J’ai appelé sept cliniques différentes en essayant de trouver quelqu’un qui pourrait examiner mon chien pour une infection à l’oreille,” raconte Catherine Lowry, résidente de Moose Jaw. “Trois n’acceptaient pas de nouveaux patients, deux ne pouvaient pas le voir avant plus d’un mois, et les autres n’ont même pas retourné mes appels. J’ai fini par conduire jusqu’à Regina pour des soins, ce qui n’est pas viable.”
La pénurie découle de multiples facteurs, selon les experts du secteur. Le Dr Mark Jacobson, président de l’Association médicale vétérinaire de la Saskatchewan, souligne un changement démographique important au sein de la profession. “Nous avons plus de vétérinaires qui prennent leur retraite que de nouveaux entrants dans la profession. De plus, les nouveaux diplômés préfèrent souvent l’équilibre travail-vie personnelle aux horaires exigeants qui étaient autrefois courants.”
Ce changement générationnel coïncide avec une augmentation fulgurante du taux de possession d’animaux de compagnie. L’Institut canadien de santé animale estime que la possession d’animaux a augmenté de près de 20 pour cent pendant la pandémie, ajoutant une demande sans précédent à un système déjà sous tension.
Le Collège de médecine vétérinaire de l’Ouest à l’Université de la Saskatchewan, qui forme la plupart des vétérinaires de la province, a répondu en augmentant les inscriptions, mais les diplômés mettent des années à entrer sur le marché du travail. La Dre Samantha Cooper, doyenne associée du collège, reconnaît le défi : “Nous travaillons à élargir notre capacité, mais former des vétérinaires qualifiés prend du temps. Ce n’est pas un problème avec une solution rapide.”
Les pressions financières aggravent la situation. Contrairement aux soins de santé humaine, la médecine vétérinaire reçoit un s