Les couloirs des institutions financières à travers le Canada sont tombés dans un silence de plomb lundi matin lorsque la Banque du Canada a publié son enquête très attendue sur les perspectives des entreprises du deuxième trimestre, révélant un paysage économique complexe qui continue de défier entreprises et consommateurs.
Pour la première fois depuis fin 2023, le sentiment des entreprises a montré une modeste amélioration, bien que la prudence reste le mot d’ordre pour la plupart des dirigeants. L’enquête, qui a sondé plus de 100 entreprises entre mai et juin, indique que 63% des firmes s’attendent à une accélération de la croissance des ventes dans l’année à venir—en hausse par rapport aux 51% du trimestre précédent.
“Nous voyons les premières pousses vertes après une période prolongée d’incertitude,” a déclaré Marcus Chen, économiste en chef chez Groupe Financier Westshore. “Mais ces améliorations sont fragiles et inégalement réparties entre les secteurs.”
Les secteurs manufacturier et technologique affichent les perspectives les plus solides, 72% des répondants prévoyant une augmentation des commandes. Pendant ce temps, le commerce de détail et l’hôtellerie continuent de lutter, avec seulement 41% anticipant de meilleures conditions—soulignant la nature inégale de la reprise économique canadienne.
Les attentes en matière d’inflation se sont considérablement modérées, les entreprises projetant un taux moyen de 2,8% pour les deux prochaines années, en baisse par rapport aux 3,5% de l’enquête précédente. Ce changement s’aligne sur la fourchette cible de la Banque et suggère que sa politique agressive de taux d’intérêt pourrait enfin produire les résultats escomptés.
Les intentions d’investissement racontent une histoire plus nuancée. Alors que 58% des entreprises prévoient d’augmenter leurs dépenses en capital au cours des 12 prochains mois—en hausse de 7 points de pourcentage par rapport au premier trimestre—beaucoup dirigent ces fonds vers des améliorations d’efficacité plutôt que vers l’expansion, révélant des préoccupations persistantes quant à la stabilité économique à long terme.
L’enquête parallèle sur les attentes des consommateurs canadiens a révélé que l’anxiété financière des ménages s’est légèrement atténuée mais reste élevée. Les consommateurs s’attendent à une inflation de 2,9% au cours de la prochaine année, tandis que les attentes de croissance des salaires se sont modérées à 3,2%—un signal potentiel que les pressions sur le marché du travail pourraient s’apaiser.
“Les données suggèrent que nous sommes dans une phase de transition,” a noté Samantha Wright, sous-gouverneure à la Banque du Canada. “Les entreprises et les consommateurs sont prudemment optimistes, mais ils ne sont pas encore convaincus que nous avons complètement tourné la page.”
La dynamique du marché du travail continue d’évoluer, 47% des entreprises signalant des pénuries de main-d’œuvre comme une contrainte importante—en baisse par rapport aux 56% d’il y a un an. Cependant, la concurrence pour les talents spécialisés reste féroce, particulièrement dans les secteurs de la santé, de la fabrication avancée et de l’intelligence artificielle.
L’enquête a également mis en évidence des disparités régionales, le Canada atlantique et la Colombie-Britannique rapportant une confiance des entreprises plus robuste que les provinces centrales. Les perspectives de l’Alberta se sont considérablement améliorées, soutenues par des prix de l’énergie relativement stables et des efforts de diversification dans les secteurs des énergies renouvelables.
Le plus révélateur est peut-être le changement dans les préoccupations principales des entreprises. Alors que l’inflation et les taux d’intérêt dominaient les enquêtes précédentes, la résilience de la chaîne d’approvisionnement et les tensions géopolitiques sont devenues les principales inquiétudes des dirigeants qui se projettent vers 2026.
Ces résultats influenceront sans doute la prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt prévue le mois prochain. Les marchés ont déjà commencé à spéculer sur d’éventuels ajustements de politique, les rendements obligataires réagissant dans les heures suivant la publication de l’enquête.
Ce qui reste clair, c’est que la reprise économique du Canada continue de nécessiter une navigation prudente. Comme l’a déclaré anonymement un dirigeant du secteur manufacturier cité dans l’enquête, “Nous ne sommes plus en mode crise, mais nous ne sommes certainement pas revenus à la normale—et nous ne le serons peut-être jamais.”
Les résultats complets de l’enquête peuvent être consultés sur le site officiel de la Banque du Canada, offrant des aperçus plus approfondis des forces qui façonnent l’avenir économique du Canada alors que nous traversons la seconde moitié de 2025.