Dans une évolution préoccupante pour les résidents du Québec, les professionnels de la santé sonnent l’alarme concernant d’éventuelles perturbations de services dans l’ensemble du réseau médical de la province cet été. Avec les pénuries saisonnières de personnel qui se profilent et l’épuisement lié à la pandémie qui continue d’affecter le personnel soignant, les responsables préviennent que les urgences et les services spécialisés pourraient subir des pressions importantes pendant ce qui est traditionnellement une période difficile pour le système.
“Nous abordons les mois d’été avec une appréhension considérable,” a déclaré Dre Marie Lavoie, présidente de l’Association des médecins urgentistes du Québec. “La combinaison des vacances du personnel, des défis permanents de recrutement et de la fatigue persistante liée à la pandémie crée un contexte parfait pour d’éventuelles interruptions de service.”
Le système de santé québécois a longtemps été confronté à des problèmes de couverture estivale, mais la situation de cette année semble particulièrement précaire. Selon les données obtenues par CO24, près de 30% des postes d’infirmières dans certains établissements régionaux restent non pourvus, les hôpitaux des Cantons-de-l’Est et de la région de Gaspé faisant face aux défis de personnel les plus aigus.
Le ministre de la Santé Christian Dubé a reconnu ces préoccupations lors d’une conférence de presse la semaine dernière, présentant des plans d’urgence qui incluent des consolidations temporaires de services et d’éventuels transferts de patients entre établissements. “Nous travaillons de façon proactive pour identifier les points de pression dans le système et mettre en œuvre des solutions avant que des situations critiques ne se développent,” a déclaré Dubé.
Les syndicats représentant les travailleurs de la santé dressent un tableau plus inquiétant. “Les plans d’urgence du gouvernement ne s’attaquent pas aux problèmes fondamentaux d’épuisement des travailleurs et de rémunération inadéquate,” a expliqué Jean Rousseau, porte-parole de la Fédération des travailleurs de la santé et des services sociaux. “Nos membres sont épuisés, et plusieurs choisissent de quitter complètement le système public ou de prendre des congés prolongés cet été.”
Les perturbations de service anticipées devraient affecter plusieurs domaines de soins. Les services d’urgence dans les petites communautés pourraient faire face à des fermetures nocturnes ou des heures réduites, tandis que certaines procédures spécialisées pourraient être temporairement suspendues. Les patients nécessitant des chirurgies non urgentes pourraient connaître des temps d’attente plus longs, les hôpitaux priorisant les cas critiques.
Les grands hôpitaux universitaires de Montréal, bien que mieux dotés en personnel que les établissements régionaux, ne sont pas à l’abri de ces pressions. Dr Philippe Couillard, chef de chirurgie dans un hôpital universitaire montréalais, a noté: “Même nos institutions fonctionnent avec des marges plus minces que nous le souhaiterions. Nous travaillons activement pour maintenir tous les services essentiels, mais les patients doivent s’attendre à des temps d’attente plus longs pour les questions non urgentes.”
La situation soulève d’importantes questions sur la résilience de notre infrastructure de soins de santé. Comment les systèmes provinciaux peuvent-ils mieux se préparer aux pressions saisonnières prévisibles, et quels changements fondamentaux pourraient être nécessaires pour assurer des soins cohérents et fiables pour tous les Québécois, quelle que soit la saison?