Alors que l’inflation continue de peser sur les ménages canadiens, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, s’est lancé dans l’arène politique avec une vision économique audacieuse qui pourrait remodeler le paysage d’abordabilité du pays. Hier à Ottawa, Carney a dévoilé sa stratégie économique complète pour le Parti libéral, se positionnant comme un architecte clé des efforts du premier ministre Justin Trudeau pour faire face à la crise du coût de la vie qui a laissé de nombreux Canadiens dans la difficulté.
“La classe moyenne se fait gruger”, a déclaré Carney devant une salle comble d’experts en politiques et de journalistes. “Notre plan cible les facteurs fondamentaux de l’inabordabilité tout en renforçant notre résilience face aux menaces économiques externes.”
Le moment choisi pour cette annonce est particulièrement significatif, car il survient dans un contexte d’inquiétudes croissantes concernant les répercussions économiques potentielles des politiques tarifaires proposées par Donald Trump. La promesse électorale de Trump d’imposer des tarifs généralisés de 10 à 20 % sur toutes les importations aux États-Unis pourrait porter un coup dévastateur à l’économie canadienne, fortement dépendante des exportations, si elle était mise en œuvre après l’élection présidentielle de novembre.
Les analystes économiques du bureau d’affaires CO24 estiment que les tarifs proposés par Trump pourraient coûter à l’économie canadienne plus de 20 milliards de dollars par an et potentiellement éliminer des dizaines de milliers d’emplois dans les secteurs manufacturier, agricole et des ressources naturelles. Cette menace imminente a créé un sentiment d’urgence autour des propositions d’abordabilité de Carney, qui visent à renforcer la résilience économique nationale.
La pierre angulaire du plan de Carney aborde la crise du logement au Canada avec une approche à multiples facettes. “Nous nous attaquons directement aux contraintes d’offre”, a expliqué Carney, en présentant des mesures visant à accélérer la construction de 3,9 millions de nouveaux logements grâce à des incitatifs fédéraux, des processus d’approbation simplifiés et des partenariats avec les gouvernements provinciaux. Le plan propose également d’élargir l’Incitatif à l’achat d’une première propriété et d’introduire de nouvelles mesures fiscales ciblant les investisseurs possédant plusieurs propriétés.
En matière de santé, Carney a souligné le lien entre la productivité économique et l’accès aux soins. “Quand les Canadiens n’ont pas accès à des soins de santé en temps opportun, toute notre économie en souffre”, a-t-il affirmé, proposant 23 milliards de dollars de nouveaux financements pour la santé, liés à des indicateurs de performance spécifiques et à des initiatives d’expansion de la main-d’œuvre.
Le plan de l’ancien banquier central a reçu des critiques mitigées de la part des experts économiques. La Dre Helena Morrison de l’École de politiques publiques de l’Université de Toronto a salué les mesures sur le logement comme “ambitieuses et nécessaires”, tout en critiquant d’autres aspects comme “manquant de détails spécifiques de mise en œuvre qui les rendraient crédibles”.
Les critiques de l’opposition conservatrice ont été prompts à rejeter le plan comme “trop peu, trop tard” de la part d’un gouvernement qui a présidé à des augmentations significatives des coûts du logement et de l’inflation. Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur, a qualifié ces propositions de “promesses recyclées d’un gouvernement qui a eu neuf ans pour régler ces problèmes et qui a échoué”.
Pour de nombreux observateurs de l’actualité canadienne, l’aspect le plus intrigant de l’annonce d’hier était Carney lui-même. Depuis longtemps pressenti pour avoir des ambitions politiques, son rôle de premier plan dans l’élaboration de la politique économique libérale a intensifié les spéculations sur sa candidature potentielle aux prochaines élections fédérales, prévues d’ici octobre 2025.
Lorsqu’interrogé sur son avenir politique, Carney a offert une réponse soigneusement mesurée : “Ma priorité aujourd’hui est d’apporter des solutions aux familles canadiennes qui luttent contre les problèmes d’abordabilité. L’avenir s’occupera de lui-même.”
Le plan d’abordabilité arrive à un moment critique pour le gouvernement libéral, dont les taux d’approbation ont considérablement diminué en raison des préoccupations persistantes liées à l’inflation. Un récent sondage d’Abacus Data montre que 72 % des Canadiens classent le coût de la vie comme leur principale préoccupation, et seulement 28 % se disent confiants dans la capacité du gouvernement actuel à résoudre les défis d’abordabilité.
Les observateurs économiques internationaux notent que l’approche du Canada en matière d’abordabilité pourrait servir de modèle à d’autres économies développées confrontées à des pressions similaires. “La nature complète des propositions de Carney reconnaît l’interconnexion entre le logement, les soins de santé et la sécurité économique”, a noté la Dre Marianne Levesque de l’École d’économie de Paris dans ses commentaires aux agences d’information mondiale.
Alors que les Canadiens digèrent ces propositions dans un contexte de perturbation potentielle des échanges commerciaux avec notre plus grand partenaire commercial, une question demeure primordiale : ces mesures fourniront-elles une isolation économique suffisante si les tarifs de l’ère Trump reviennent, ou la crise d’abordabilité du Canada est-elle sur le point de faire face à un défi externe encore plus grand?